Le monde n’est pas le même selon l'endroit d'où on le regarde ni selon la manière de chausser ses lunettes. Emmanuel Todd, au cours de bientôt cinquante années de recherche et d'écriture, nous a livré des analyses qui se sont distinguées des modèles économiques et sociologiques dominants tendant à tout placer sous le prisme d'un développement mesuré par un PIB à prétention universelle.
Ainsi, en publiant en 1976 La chute finale, des signaux comme le taux de mortalité infantile, les taux de suicide ou d'alcoolisme l'ont conduit à prévoir l'effondrement de l'URSS à contre-courant de l'opinion générale. Son travail intègre aussi les types familiaux, les religions et ses substituts ainsi que la problèmatique de l'accès massif à l'éducation supérieure dans la structuration des classes sociales. Grâce à une cartographie des divers phénomènes sociétaux, économiques et anthropologiques, par "empilement", Emmanuel Todd parvient à établir des relations scientifiques, des corrélations entre des événements.
Aujourd'hui, en ayant détecté en d'autres lieux l'état "zéro" du protestantisme, l'élévation de la mortalité infantile et des taux de suicide, conforté par la désindustrialisation persistante, l'utilisation du reste du monde pour les productions essentielles et quelques dérives sociétales, il pense qu'un basculement se produit sous nos pieds. Vers un nihilisme, sans relève.
La question du déclin de l'Occident appartient au débat de type scientifique et, à ce titre, mérite d'être interrogée avec rigueur et méthode.
L'œuvre d'Hervé Coutau-Bégarie (1956-2012) est immense. Auteur de plusieurs dizaines d'ouvrages, fondateur de l'Institut de Stratégie Comparé et de la revue Stratégique, professeur à l'École de guerre, il a formé des générations d'officiers et de professeurs.
Dix ans après sa mort, cet échange avec Martin Motte est l'occasion de rendre un hommage au maître qu'il a été et qu'il est encore pour un grand nombre d'universitaires français et étrangers.
Une émission présentée par Jean-Baptiste Noé.
Qu'est-ce que la Wicca ? Qu'est-ce que le Wiccanisme ? De quoi est fait et qu'a donc à nous dire ce néo-paganisme très œcuménique, teinté de féminisme et d'écologie, venu tout droit de la West Coast des années 70 ?
Professeure retraitée de philosophie des sciences, Isabelle Stengers a donné une postface à l'édition française de Dreaming the Dark, ouvrage paru aux États-Unis en 1982, dont l'auteur, militante éco-féministe et sorcière, Starhawk, alias Miriam Simios, peut être considérée comme la figure la plus notable de la Wicca féministe. Elle est donc tout indiquée pour nous aider à comprendre ce que signifie ce mouvement, à la fois post-moderne et archaïque.
Émission "Les vivants et les dieux", animée par Michel Cazenave.
L'indifférenciation est la grande tentation contemporaine, qui puise ses racines dans la philosophie antique. Jacques Dewitte met à jour l'enjeu majeur de notre temps et propose, comme remède, l'accueil de l'unicité enclose dans la diversité.
Tout au long de cet entretien, il s'interroge aussi sur la méthode propice à l'exercice de la pensée (la différenciation de l'être exigeant une différenciation de méthode) et plaide pour la distinction à même d'éviter tant la confusion que le réductionnisme mono-méthodologique.
Enfin, il aborde la difficile question de la contingence, cette caractéristique de ce qui pourrait ne pas être. Réfutée par les déterministes, pourtant constatée par les anthropologues (Marcel Mauss en tête), la contingence résiste résolument à une conception utilitaire et fonctionnelle de la création.
A rebours de la pente contemporaine vers l'utilitarisme et l'uniformisation, cette discussion remet à jour cette question fondamentale : comment se fait-il que ceci ou cela soit, alors que cela aurait pu ne pas être ?
Un entretien mené par Fabrice Hadjadj.
Dès la première année de son pontificat, le pape François initiait un dialogue inédit, très peu connu en France, dit DIALOP entre des catholiques – notamment issus du Mouvement des Focolari – et des militants politiques de différents pays européens qui ancrent leur engagement dans la pensée marxiste. Ce processus, qui fête aujourd'hui ses dix ans d'existence, a mené à des prises de position communes, chose inenvisageable il y en a encore quelques décennies.
Tout au long du XXe siècle, en effet, chrétiens – catholiques en particulier – et marxistes se sont affrontés, les premiers réduisant le marxisme à sa dimension matérialiste et athée, les seconds réduisant la pensée de Marx et Engels sur la religion à la formule souvent mal comprise d' "opium du peuple".
Aujourd'hui, le contexte a changé. Voilà par exemple ce qu'a déclaré l'Autrichien Walter Baier, le président du Parti de la gauche européenne et l'un des acteurs les plus impliqués dans DIALOP : "Je pense qu'avec l'élection du Pape François, la situation a complètement changé, de manière substantielle. Non seulement pour l'Église catholique, mais aussi pour toutes les forces philosophiques et culturelles qui s'opposent au néolibéralisme. Car ce que le pape enseigne est – je dirais – une manière de s'unir, qui s'oppose au consumérisme individuel. Cela place le pape et les milieux de l'Église qui le suivent dans une position proche de celle de la gauche, qui cherche à mettre l'accent sur des valeurs collectives communes."
Sans être marxiste lui-même, le pape argentin, formé dans la théologie du peuple, a vu les fruits que pouvait porter ce type ce dialogue. Quels sont-ils ? Pourquoi christianisme et marxisme se sont-ils opposés historiquement ? Comment peuvent-ils aujourd'hui contribuer à bâtir ensemble un ordre social moins injuste ?
Amour et sexualité fascinent l'homme. Cette question le travaille. Il se forme une opinion tranchée sur la question. Il se persuade que cela réveille ce qu'il y a de plus naturel en lui. Quand il fait l'amour, il devient comme un animal dominé par l'instinct. Quand il est amoureux, victime d'une ruse de la nature qui permet la reproduction de l'espèce, il est poussé à se mettre en ménage et à élever des enfants.
Ces spéculations sont avant toute autre chose le fruit de la grande imagination de l'homme. Elles pèsent pourtant davantage que tout instinct sur les formes que prennent ses amours. Les moeurs amoureuses varient trop d'une société à l'autre pour ne dépendre que de la nature humaine. L'amour-passion n'est pas plus universel que ne l'est le couple pèremère. L'homme ne se mue pas en bête dans les ébats.
L'amour sexuel est au contraire l'un des traits par lesquels il se singularise le plus de l'ensemble des autres êtres vivants. L'homme expérimente une diversité des comportements amoureux inconnue dans les autres espèces. Il ressent un plaisir sexuel qui est sans commune mesure avec celui ressenti par tout autre animal.
La Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 présente la nation comme une association juridique d'hommes libres et égaux. Mais une nation peut-elle vraiment n'être réduite qu'à une simple entité juridique ? Au lieu de fonder le nouvel ordre social sur l'histoire millénaire de la France et de prendre en compte les particularités culturelles, ethniques, religieuses et linguistiques du pays, les révolutionnaires ont préféré échafauder une constitution pour l'Homme, abstrait et universel.
"Or, écrit Joseph de Maistre, il n'y a point d'homme dans le monde. J'ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc. ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu'on peut être Persan : mais quant à l'homme, je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie, s'il existe, c'est bien à mon insu". Les nations, nous montre-t-il, sont des entités réelles, concrètes: elles sont comme une grande famille élargie, et ont leur assise géographique précise, leur histoire, leur langue, leurs traditions et leur religion.
À travers cette question de la nation, ce sont les fondements mêmes de la philosophie des Lumières que Joseph de Maistre met en cause.
Émission "Le monde de la philosophie", animée par Rémi Soulié.
Philosophe spécialiste de la théorie architecturale à l'âge humaniste et classique, Pierre Caye nous permet de mesurer l'importance de la discipline architecturale non seulement dans la constitution de la théorie de l'art, mais, plus généralement encore, dans l'élaboration d'un paradigme inédit de la technique, distant à la fois du monde des artisans et de celui des ingénieurs, paradigme qui certes annonce par maints traits la technique des Modernes mais en entretenant avec la nature un rapport radicalement distinct de l'approche démiurgique que propose cette dernière.
Présentation d'un recherche qui, à travers la perspective technique ainsi revisitée, permet de questionner différemment les rapports de l'homme au pouvoir et à son horizon métaphysique.
Si la plupart des groupes d'écrivains revendiquent leur appartenance à un mouvement – que l'on songe au naturalisme de Zola et Maupassant, à la Négritude de Césaire et Senghor, ou encore au Nouveau Roman de Sarraute et Robbe-Grillet –, les hussards dénotent profondément car leur unité repose plus sur ce qu'ils ne sont pas que sur ce qu'ils sont.
En effet, ils ne constituent pas une école littéraire (tiré du Hussard bleu, leur nom leur a été attribué malgré eux), ils n'épousent pas les idéaux de leur époque (l'humanisme de Camus et l'existentialisme de Sartre), ils ne se reconnaissent pas dans le monde dans lequel ils évoluent (leur difficulté d'être les rapproche du romantisme) et, enfin, ils n'acceptent pas la bien-pensance marquant l'après-guerre (ils réhabilitent des auteurs controversés comme Céline).
L'écriture contestataire et le style frondeur des hussards ne fait donc aucun doute, et c'est ce qui les rassemble. De la Libération à la fin de la guerre d'Algérie, Roger Nimier, Antoine Blondin et Jacques Laurent, leurs chefs de file – rejoints plus tard par Michel Déon –, publient nombre d'essais, de pamphlets, d'histoires d'amour et de romans d'aventure. Ces jeunes auteurs désinvoltes et insouciants produisent une œuvre considérable d'une richesse absolue, marquant ainsi profondément et durablement la France des années 1950.
Émission du "Libre Journal de la Jeunesse", animée par Hugues Sérapion.
La crise sanitaire du COVID-19 a mis en lumière une problématique majeure au sein de la science médicale occidentale : une perte massive de confiance et d'efficacité dans les systèmes de soins. Cette crise de confiance, exacerbée par des scandales tels que le PfizerGate, a révélé des failles profondes, où la collusion entre l'industrie pharmaceutique et les instances de régulation a remis en question l'intégrité des pratiques médicales. La gestion de la pandémie a également mis en exergue une méthodologie scientifique qui, loin de garantir une approche rigoureuse et objective, a parfois imposé une vision autoritaire, manquant de véracité scientifique.
Pour comprendre cette crise, il est essentiel de revenir aux fondements de la science médicale occidentale. Depuis la Renaissance, la médecine occidentale s'est distinguée par des avancées majeures, telles que la dissection des corps et la découverte des germes, qui ont révolutionné notre compréhension de la santé et de la maladie. La médecine, initialement basée sur l'observation et l'expérience, a progressivement évolué vers une science reposant sur des preuves tangibles. Cependant, cette évolution a également conduit à une forme de dogmatisme, où la méthodologie scientifique est devenue une norme parfois rigide, peu adaptable aux réalités complexes et variées de la santé humaine.
Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un tournant décisif. La défaillance du système de santé occidental, la marginalisation des pratiques alternatives, et les dysfonctionnements des comités de surveillance sont autant de signes d'une crise profonde. Deux scénarios se dessinent : l'un, pessimiste, où cette radicalisation mène à une dégradation encore plus prononcée de la confiance et de l'efficacité des soins ; l'autre, optimiste, où cette crise offre l'opportunité d'une refonte en profondeur de notre rapport à la science médicale et à la santé, vers une approche plus holistique et respectueuse de la diversité des savoirs.
Ainsi, la crise actuelle n'est pas seulement une remise en question des méthodes, mais aussi une invitation à repenser la place de la science médicale dans nos sociétés, pour qu'elle puisse véritablement servir l'humanité dans toute sa complexité.
En 1940, l'historien Marc Bloch analysait à chaud la bataille de France comme une "étrange défaite". Comment en effet, après des mois de "drôle de guerre", brutalement interrompue par l'offensive allemande du 10 mai 1940, la France avait-elle subi une si rapide, si totale débâcle en un mois seulement face aux armées de Hitler ?
Laurent Schang, Max Schiavon, Jacques Bernot et Gilles Ragache retracent la débacle politique et militaire de l'année 1940 et décryptent les causes d'un désastre annoncé, de l'impréparation et des erreurs du commandement à la supériorité militaire allemande, en passant par le rôle ambigu joué par les alliés de la France.
Émission du "Libre Journal des Chevau-légers", animée par Luc Le Garsmeur.
Pour Henry de Lesquen, un nationaliste français ne saurait être ni judéophile ni sioniste. En voici les raisons.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'02'22 : Le judaïsme n'est pas le judaïsme
- 0'11'04 : Le judéo-christianisme est un mythe
- 0'27'17 : Le judaïsme est une religion raciste
- 0'42'56 : Les Juifs ne sont pas d'une essence supérieure
- 0'57'10 : Les Juifs ne sont pas juifs
- 0'59'55 : L'hébreu n'est pas de l'hébreu
- 1'02'33 : L'antisémitisme n'est pas de l'antisémitisme
- 1'05'33 : Les Juifs sont des immigrés comme les autres
- 1'07'30 : Dreyfus était coupable et l'affaire Dreyfus était un complot juif
- 1'11'20 : Il y a une religion de la Choah
- 1'21'06 : Questions du public