Dans son livre Blanc, Sylvain Tesson écrit : "en 2019, les hommes avait continué à s'entretuer passionnément, on avait découvert l'iPhone 11, le progrès avait fait des progrès. Par exemple, la flèche de Notre-Dame avait brûlé. Que signifiait-elle, dressée au-dessus du siècle vingt-et-un ? Il était logique qu'elle se retira. L'homme moderne a autre chose à faire que de tourner son regard vers le ciel".
Pourtant, ni Sylvain Tesson, ni Sonia Mabrouk, qui publie Reconquérir le sacré, ne veulent laisser le dernier mot à cet aplatissement, à ce désenchantement du monde. Chacun a sa manière résiste.
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
Figure singulière, unique de la biologie du XXe siècle, directeur de l'Institut de Zoologie de Bâle, Adolf Portmann (1897-1982) se penche sur le déploiement des formes animales. Taches, marbrures, zébrures du pelage des mammifères, variété des plumages, ocelles des papillons, détail d'un duvet qui forme dessin quand l'oiseau prend son vol, port de tête, partout beauté, minutie... Ce qui est écarté comme secondaire, décoratif par le discours dominant de la science est au contraire riche de sens !
Les animaux n'existent pas seulement objectivement, ils se montrent les uns aux autres, ils apparaissent et c'est une fonction fondamentale du vivant.
Merleau-Ponty saluant La Forme animale, ce grand livre, écrit : "La vie, ce n'est pas suivant la définition de Bichat, l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort, mais c'est une puissance d'inventer du visible."
Un entretien mené par Fabrice Hadjadj.
Le mathématicien et philosophe Olivier Rey réalise une synthèse très éclairante sur le développement de la pensée moderne et de son appréhension de la nature marquée par la mathématisation. Il montre comment le vivant, dans ses formes souvent étonnantes et merveilleuses (comme celle du Paon qui fait la roue), échappe à cette approche réductionniste ainsi qu'à la logique de la pure conservation.
La domestication est un processus ancestral par lequel les humains ont transformé les êtres vivants pour répondre à leurs besoins. Cette interaction crée une symbiose où les espèces domestiquées perdent souvent leur capacité de survie en milieu sauvage, devenant dépendantes des humains pour leur subsistance et leur protection.
Au-delà des plantes et des animaux, les humains eux-mêmes sont sujets à un processus de domestication. Ce n'est pas une simple adaptation passive, mais un modelage actif des aptitudes et des comportements à travers l'éducation, les normes sociales et les institutions. Cette domestication humaine vise à internaliser des caractéristiques génétiques et comportementales favorables à la société, tout en éliminant celles qui sont moins profitables.
La domestication humaine peut être tracée à travers l'histoire, des premières civilisations jusqu'à l'ère industrielle, les sociétés ayant constamment développé des méthodes pour façonner les comportements et les aptitudes des individus. Les Lumières ont introduit des idéaux humanistes et égalitaires, mais la domestication s'est poursuivie sous des formes plus subtiles et sophistiquées.
La domestication établit une relation de dépendance entre le domesticateur et le domestiqué, souvent au détriment de la liberté et de l'autonomie de ce dernier. Cette relation, autrefois perçue comme celle entre maître et domestique, a été dépersonnalisée par la civilisation industrielle pour réduire la dissonance cognitive et masquer les rapports de domination.
Intellectuel de sensibilité écologiste, chef d'entreprise et ancien homme politique, Laurent Ozon explore les implications profondes de la domestication sur l'Homme tant ce processus soulève des questions cruciales sur la liberté, l'autonomie et les rapports de pouvoir dans nos sociétés modernes. Comprendre la domestication humaine, c'est aussi reconnaître la nécessité de réévaluer notre conception de l'individu et de la société, et de repenser les structures qui façonnent nos vies.
L'écrivain suisse Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947) n'aura cessé d'exprimer la nécessité de trouver une langue qui ne soit pas artificielle, une langue juste, toujours plus singulière tant par son rythme que par sa construction.
"Un français de plein air" que Ramuz disait avoir trouvé en prenant exemple sur la liberté de parole des Parisiens...
La République Populaire de Chine est fondée par Mao Zedong en 1949. Elle s'efforce de réaliser, à l'horizon 2049, le rêve d'un grand renouveau de la nation chinoise dont Jérôme Ravenet tente l'interprétation.
La doctrine constitutionnelle de Xi Jinping fait rayonner, dans son nouveau récit historique, un marxisme sinisé combinant les influences du libre-échangisme avec un retour des penseurs de la Chine impériale et pré-impériale.
L'occasion d'essayer de cerner le sens des défis, malentendus ou accusations récurrentes de despotisme, dictature ou totalitarisme, auxquelles la doctrine Xi se propose de répondre en vue d'atteindre les objectifs de centenaire qu'elle s'est fixée, gagner la confiance de ses partenaires et réaliser dans un monde multipolaire, le projet universaliste à la chinoise d'une communauté de destin pour l'humanité.
Ayant grandi en Roumanie communiste et philosophe de formation, Radu Stoenescu est traducteur et co-créateur des éditions Carmin. Il nous propose de découvrir ou de redécouvrir des textes philosophiques et politiques passés dont la portée reste tout à fait actuelle.
Hilaire Belloc, Max Scheler ou G. K. Chesterton : autant de penseurs qui nous permettent de remettre Nietzsche et Marx à l'endroit et de penser notre monde d'une manière différente, notamment dans l'optique distributiste.
Dans les méandres du discours public, une figure se détache avec force et controverse : Alain Soral. Alors, homme de lettres ou provocateur invétéré ? Ce qui est certain, c'est qu'il laisse peu de place à l'indifférence !
C'est en sa compagnie que nous décortiquons le phénomène Soral, un nom qui résonne avec force dans le paysage intellectuel et médiatique français.
Les déconstructeurs sont à la mode. Dans le cadre du mouvement wokiste, ils sont sortis des sphères purement universitaires. Ils veulent imposer partout leur opinion (doxa), à savoir que rien n'est stable et que rien ne doit l'être : tout doit être tourmenté et éphémère. "Ni ordre, ni beauté" pourrait être le mot d'ordre de la déconstruction.
Le wokisme se veut vigilance contre toutes les discriminations. Il est en fait refus de toutes les singularités, et négation de toutes les identités. C'est pourquoi le wokisme s'accompagne d'une "culture de l'annulation" (cancel culture), consistant à refuser toutes les transmissions culturelles au motif qu'elles sont ou peuvent être hiérarchisantes ou excluantes.
Analyser la déconstruction, c'est porter notre attention sur la matrice d'un mouvement qui veut nous empêcher de poursuivre notre histoire d'Européen.
Depuis les Homérides de l'Archipel, un tel jet de poésie primitive n'avait pas coulé. "C’est Homère !", s'était écrié Lamartine à la découverte de Mireille.
D'inspiration gréco-latine, la poésie de Frédéric Mistral n'est aucunement un simple divertissement bucolique, elle est une œuvre sacrée autant qu'un fait politique et civique. En ce sens, comme Homère fut, selon Platon, "l'éducateur de la Grèce", Mistral, à la fois classique et romantique, fut l'éducateur de la Provence.
Rémi Soulié nous révèle le fond de cette idée mistralienne qui, à travers le chant épique, réunit à la fois l'appel du divin et de l'enracinement dans une terre et dans une langue.
Émission du "Libre Journal des lycéens", animée par Pascal Lassalle.
L'universalisme est aujourd'hui l'aspect le plus contesté de l'héritage des Lumières. Pour les uns, il désigne un idéal d'émancipation par la raison, d'égalité entre tous les êtres humains. Pour les autres, à l'inverse, il incarne une forme d'impérialisme culturel et de refus des différences.
Pour sortir des caricatures, il faut revenir au XVIIIe siècle. On voit que les Lumières n'ont pas développé un universalisme univoque. Elles ont plutôt développé trois langages concurrents de l'universel. Le premier est juridique et cosmopolite, il pose l'égalité abstraite des individus. Le second est historique : il réfléchit aux conditions de développement de la "civilisation". Le troisième, enfin, est critique. Il s'enracine dans des situations de domination et prône l'affranchissement. Ses trois langages ne cessent de dialoguer et d'interférer, jusqu'à ce que la Révolution française les redéploye sur un plan plus ouvertement politique : celui de la citoyenneté.
L'héritage des Lumières, bien compris, se situe là : dans la possibilité d'effectuer un retour réflexif sur les origines conflictuelles de l'universalisme moderne.
Les Choristes, Bienvenue chez les Ch'tis, Intouchables, Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?, La Famille Bélier… À défaut d'intéresser la critique et l'histoire des formes cinématographiques, les derniers grands succès du cinéma populaire français constituent-ils, au moins, de bons thermomètres de la France d'aujourd’hui ? Ou bien des écrans de substitutions à une certaine réalité politique et sociale ?
Une conférence qui s'inscrit dans le cycle "Liberté, Egalité, Fraternité."