Dans ce cycle d'interventions, Robin Chaudron présente les théories de l'anarchisme de marché américain de gauche, déroutantes au premier abord.
En effet, alors que le marché libre est associé au développement du capitalisme, les anarchistes de marché abordent ce dernier comme étant potentiellement anticapitaliste. Le marché n'a jamais été libre sous le capitalisme. L'enjeu pour ces théoriciens anarchistes étant alors de libérer le marché... du capitalisme !
Pour soutenir cette thèse originale, Robin Chaudron revient d'abord sur les fondements de l'anarchisme de marché, en passant par une relecture des économistes classiques. En découle une étude critique de la théorie objectiviste de la valeur, à laquelle répond une réévaluation de la théorie subjective de la valeur.
Plus d'un siècle avant les États-Unis et la France, l'Angleterre accomplit ses révolutions politique et sociale pendant le XVIIe siècle. D'abord la première Révolution anglaise - les deux décennies 1640 et 1650, marquées par une "Grande Rébellion" et par un "Interrègne" qui virent l'exécution de Charles Ier, l'instauration de la République, le 'bonapartisme' de Cromwell et la restauration de la monarchie - et la "Glorieuse Révolution" ensuite, celle qui, en 1688 et au terme d'une confrontation sans effusion de sang, remplace sur le trône Jacques II Stuart par Guillaume d'Orange et fonde pacifiquement une monarchie tempérée.
Ces événement ont eu une portée considérable, en facilitant l'accouchement d'un monde moderne caractérisé notamment par son régime parlementaire, son hostilité à l'arbitraire et son attachement irrévocable à la propriété privée. L'occasion de mieux comprendre notre voisin le plus proche et pourtant le plus dissemblable.
C'est au nom d'une promesse d'un futur post-covidien plus sécurisé, sous les traits du nouveau progrès numérique, "du bien-être", de "la santé et la sécurité pour tous", que se maillent les trames complexes de nouveaux totalitarismes bienveillants, de nouvelles stratégies de manipulation et de soumission, de contrôle absolu, à la fois moralisatrices et liberticides.
La crise globale agit en tant que facteur disruptif et dessine les contours de notre nouvel ordre mondial et social, avec la convergence de plusieurs matrices totalitaires. Cette convergence est à la fois épistémique, bio-numérique (technologies de traçage et de contrôle social), bio-politique (dressage des corps et des populations) et sécuritaire (politiques de peur, politiques de surveillance globale).
Avec cette convergence de matrices totalitaires bienveillantes qui asphyxie l'espace de nos libertés privées et publiques fondamentales, nous assistons au fusionnement des technologies numériques et des systèmes biologiques, une innovation qui constitue une véritable révolution anthropologique qui bouleversera en profondeur notre rapport au monde.
Émission du "Libre Journal de la jeunesse", animée par Pascal Lassalle.
Coup d'éclat dans le conflit ukrainien, alors que le groupe de mercenariat Wagner a -apparemment- tenté un coup d'état en Russie ! Mais comment la situation est-elle perçue de l'intérieur?
C'est en tant que professeur en études russes contemporaines, spécialiste de politique intérieure et extérieure russe, que Jean-Robert Raviot nous invite à comprendre cet événement.
- 0'00'00 : Qui sont le groupe Wagner et son chef Evgueni Prigojine ?
- 0'18'48 : Chronologie des événements
- 0'39'21 : Spéculations
- 1'27'57 : Questions du public
Après avoir présenté les principaux penseurs de la péninsule italienne entre le XIIIe et le XVe siècle, Denis Collin revient dans cette deuxième saison consacrée aux Lumières d'Italie sur les intellectuels et mouvements d'idées de l'époque moderne et contemporaine.
L'occasion de revenir sur la trajectoire et l'oeuvre de Giambattista Vico, Cesare Beccaria, Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca et Benedetto Croce, on encore sur la réception si particulière du marxisme en Italie.
Michel Freitag est un sociologue discret et marginal, voire méconnu ou ignoré : il s'agit de l'un des rares intellectuels francophones à n'avoir pas succombé à la pulvérisation méthodologique des savoirs et, par conséquent, à n'avoir pas renoncé à l'entreprise d'une théorisation générale de la société. C'est ainsi qu'il en vient à distinguer trois modes formels de reproduction : le "culturel-symbolique", le "politico-institutionnel" et le "décisionnel-opérationnel".
Plus particulièrement, les sciences humaines jouent un rôle essentiel dans les deux derniers modes de reproduction : dans le cadre de la modernité, elles endossent le costume d'une instance critique et réflexive qui instaure une capacité d'institutionnalisation, c'est-à-dire qu'elles participent de l'élaboration rationnelle mais conflictuelle du pouvoir qui assure l'unité de la société. Le passage à la postmodernité, quant à lui, représente une autonomisation des sciences humaines qui, plutôt que d'inscrire l'homme dans une totalité signifiante, travaillent à son adaptation au mouvement technoéconomique général : elles sont devenues, ni plus ni moins, des techniques de contrôle et de gestion du social.
C’est dans ce cadre général que Baptiste Rappin entend cerner et discerner la nature et la place de la philosophie au sein du management et des sciences de l'organisation ; réflexion d'autant plus urgente qu'elle met aux prises d'une part la philosophie, canon de la libre rationalité, et la théorie des organisations, fer de lance de la mise en systèmes du globe terrestre.
"La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple. L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel", écrivait Karl Marx en 1843. Depuis, communisme et christianisme semblent incompatibles.
C'est oublier que la doctrine communisme s'est en partie inspirée du christianisme social et que l'un des premiers théoriciens communistes importants, Etienne Cabet voyait dans le communisme la réalisation des principes chrétiens. Christianisme et communisme pourraient-ils faire bon ménage ?
A partir du Nouveau Testament, mais aussi des écrits des pionniers du communisme, le journaliste et écrivain Kévin Boucaud-Victoire revient sur les liens entre deux doctrines qui ne s'opposent moins qu'on ne pourrait le croire.
John Rawls (1921-2002) est un philosophe libéral américain. Longtemps professeur à Harvard, il publie en 1971 sa célèbre Théorie de la justice dans laquelle il défend une société basée sur une justice redistributive qui réduirait les inégalités.
Cette approche de la justice est-elle compatible avec des institutions françaises qui auraient retrouvé le chemin d'un souveraineté bien comprise, en phase avec sa propre histoire ?
À quoi pensons-nous quand nous entendons les vocables de flexibilité, performance, mission, organisation par projet, burn out, incentive, mérite, agences d'État, management, ressources humaines, autonomie, ou encore "faire plus avec moins" ? En tout cas pas au nazisme ! Et pourtant, bien que le nazisme n'ait aucunement inventé le management, il l'a en revanche mise en œuvre, témoignant de sa terrible modernité.
C'est le propos que développe l'historien Johann Chapoutot dans Libres d'obéir, ici accompagné de l'écrivain Christian Salmon, spécialiste du storytelling.
Émission "La Suite dans les idées", animée par Sylvain Bourmeau.
Qu'adviendra-t-il de la tentative de rébellion du Groupe Wagner contre le Kremlin ? Quelles en seront les répercussions politiques, en Russie comme en Ukraine ?
Romain Bessonnet et Laurent Henninger nous tentent une analyse à chaud du clash entre Prigojine et Poutine.
- 0'00'00 : qui sont le groupe Wagner et son chef charistmatique ?
- 0'18'48 : chronologie des événements
- 0'39'21 : spéculations
- 1'27'57 : questions du public
Autrefois sources de nuisances locales circonscrites, les effets des activités humaines sur l'environnement se sont transformés en pollutions globales. Rendre compte de l'histoire des pollutions à l'échelle planétaire permet de ne pas sombrer dans la sidération ni dans le découragement face à un processus qui semble devenu inéluctable.
Car le grand mouvement de contamination du monde qui s'ouvre avec l'industrialisation est avant tout un fait social et politique, marqué par des cycles successifs, des rapports de force, des inerties, des transformations culturelles.
L'historien François Jarrige analyse les conflits et l'organisation des pouvoirs à l'âge industriel, mais aussi les dynamiques qui ont modelé la modernité capitaliste et ses imaginaires du progrès.
Tragique, héroïque, romantique, la lutte des nationalistes irlandais a suscité en France et dans le monde entier bien des soutiens et des adhésions. Mais à y regarder de plus près, une fois enlevée la cagoule des paramilitaires, la réalité de ce nationalisme irlandais apparaît bien plus clivante que ne le laisse supposer la légende romanesque. Ses références idéologiques sont bien davantage Marx et Guevara que Barrès, Maurras ou Perón. Ses modèles politiques se nomment Mandela ou Castro, ses alliés sont à rechercher du côté de l’ETA ou du PKK… Cette cause irlandaise n'a décidément plus rien à voir, aujourd'hui, avec un nationalisme enraciné, identitaire, social, attaché à une réalité historique.
Mais il fut une période où les combattants nationalistes irlandais ont clairement cherché des appuis du côté de l'Allemagne nationale-socialiste, de l'Italie de Mussolini ou encore auprès de Salazar et Franco… C'est ce pan de 20 années d'une histoire oubliée que nous découvrons en compagnie de Sylvain Roussillon, auteur de l'étude La tentation fasciste des républicains irlandais parue aux éditions Ars Magna.
Émission "Passé-Présent", animée par Guillaume Fiquet.