Philosophe et sociologue, Jean-Pierre Le Goff est l'auteur de nombreux ouvrages, et récemment d'une évocation de La France d'hier, Récit d'un monde adolescent, des années 1950 à Mai 68 (Stock, 2018).
Son nouveau livre est à la fois une autobiographie - celle d'un jeune révolté - et la poursuite d'une enquête sur l'esprit d'une époque. Mes années folles, Révolte et nihilisme du peuple adolescent après Mai 1968 (Laffont, 2023) permet de saisir ce que furent les idées, les passions et les engagements militants d'une jeunesse qui a cru reprendre le fil rouge des révolutions passées et qui a engendré une révolution tout à fait différente, dans l'éducation et dans les moeurs. Cette révolution marque encore profondément notre pays.
Les "maudits", ce sont les écrivains épurés à la Libération : Brasillach, Drieu la Rochelle, Rebatet, Céline, et plus d'une centaine d'autres, entraînés, plus ou moins consciemment, dans la grande fièvre politique des années 1930 et 1940.
Loin d'amener à remettre les choses en perspective, le temps qui s'est écoulé a au contraire favorisé la banalisation d'une imagerie manichéenne, où il n'y a plus que des (très) bons et des (très) méchants. Les opinions ont été transformées en délits, et une pensée unique veut imposer les limites d'un culturellement correct. Il existe une littérature immorale et des auteurs indécents, et leur traque est de salubrité publique.
C'est contre cette grande entreprise de la bêtise universelle, contre cet "esprit des listes noires" que nous devons nous dresser.
Sans sombrer dans la bêtise inverse, nous pouvons lire les livres des "maudits" pour ce qu'ils sont : des livres, bons ou mauvais.
Émission du "Libre des Littératures", animée par Jérôme Besnar.
Un jour de mai 2020, François Bégaudeau échange avec des camarades, sur son site à la fois personnel et public. Il commet, ce jour-là, une phrase qui lui vaudra de comparaître en justice pour diffamation à caractère sexiste et sexuel. Ça, ce sont les faits.
Ces faits sont l’occasion pour l'auteur d'Entre les murs et d'Histoire de ta bêtise de mener un travail d'auto-analyse et un examen profond de nos contradictions contemporaines. L'occasion de réfléchir sur nos affects, l'art et la politique.
Nous vivons dans un monde en pleine mutation. Depuis les années 90, de nombreuses innovations technologiques ont ébranlé les fondements de notre société : téléphones portables, Internet, smartphones… Aujourd'hui, c'est l'essor de l'intelligence artificielle qui fait irruption dans nos vies.
A l'image des grandes avancées qui se sont déjà imposées à nous, l'intelligence artificielle est érigée en progrès à même de simplifier notre quotidien. Mais qu'en est il vraiment ?
- 0'00'00 : L'injonction à la puissance
- 0'07'52 : Qu'est-ce-que l'IA ?
- 0'10'24 : Perspectives économico-sociales de l'IA
- 0'25'39 : L'I.A, aboutissement de l'idéologie des lumières
- 0'50'37 : La Technique, outil de contrôle social
- 1'00'18 : IA, productivité et puissance
- 1'11'26 : L'IA est elle une forme de vie ?
- 1'25'39 : Que faire pour répondre à l'enjeu de l'IA ?
Anthropologue, démographe et historien, Emmanuel Todd nous présente la grande théorie qui a fait son succès et qui lui a valu sa réputation de "prophète", dès ses 25 ans, lorsqu'il avait anticipé la chute de l'URSS. C'est par son analyse des systèmes familiaux que tout a commencé, une théorie d'apparence simple, qui est la face immergée d'un travail de fond colossal.
À l'occasion de sa bande dessinée Il était une fois la famille (en collaboration avec Terreur Graphique), Emmanuel Todd synthétise ici des décennies de recherche : 2h pour comprendre les systèmes familiaux et leur influence incroyable sur les évolutions de notre monde en crise.
Un entretien mené par Olivier Berruyer.
Commençant l'exposé en brossant un tableau de l'évolution du contexte géopolitique et des dynamiques stratégiques américaines, avec en toile de fond le basculement des pôles de puissance vers la Chine et son allié la Russie, Alain Soral et Youssef Hindi soulignent les tensions existant entre différentes factions au sein de l'État profond américain et leurs conséquences sur la politique étrangère des États-Unis.
C'est seulement dans un deuxième temps qu'il s'agit de comprendre, au sein de cet affrontement de grandes puissances, le rôle joué par l'État d'Israel qui, depuis les événements du 7 octobre, s'enlise dans une guerre punitive envers les populations proches qui lui sont hostiles, que d'aucuns qualifient de génocidaire.
Au sein de la société israélienne, la modération n'est plus de rigueur et malgré la douleur et la colère de certaines franges minoritaires, le process de radicalisation semble inéluctable.
Quel futur pouvons-nous alors envisager pour ce pays et, plus généralement, pour la région et le peuple Palestinien en lutte pour sa survie ?
Philosophe, journaliste et essayiste, Giorgio Locchi (1923-1992) fut l'une des figures tutélaires de la Nouvelle Droite, tutélaires mais lointaines, effet du temps. Raison pour laquelle il fallait la désensabler.
C’est l'objet de cette émission où son fils Pierluigi Locchi nous présente les grandes lignes de force de sa pensée, en revenant notamment sur le mythe surhumaniste et sa philosophie de l'histoire.
L'occasion de renouer avec un auteur fascinant qui fut un réel maître à penser.
Émission du "Libre Journal des lycéens", animée par Pascal Lassalle.
Réécriture de livres qui ne correspondent plus aux standards moraux de l'époque, discrimination "positive" des Blancs au profit des Noirs… Il n'est pas rare d'entendre que le mouvement woke, se présentant comme un éveil à certaines injustices, concernerait essentiellement les États-Unis, et dans une moindre mesure la France. La Suisse serait relativement épargnée, grâce à son sens du compromis, son intégration des minorités, sa distance par rapport à l'histoire coloniale ou encore sa tradition libérale.
Jonas Follonier, après une longue enquête dans le pays et une analyse rigoureuse de ce courant, montre qu'il n'en est rien. Le wokisme s'est déjà diffusé en Suisse, à tous les niveaux, et continue de le faire, avec des conséquences majeures sur la vie en société. Sous ses airs bienveillants et libérateurs, le wokisme s'attaque en réalité à la liberté d'expression, au pluralisme, à la recherche de la vérité ou encore à la présomption d'innocence – un ensemble de conditions essentielles à nos démocraties libérales.
La Suisse, pays de la démocratie directe et de la protection des libertés, a toutes les raisons de s'opposer à ce grand mouvement de fond. Par son système, elle peut même servir de modèle de résistance.
Ancien ambassadeur, ex-numéro trois de la diplomatie helvétique, Georges Martin évoque dans ses mémoires (Une vie au service de mon pays, Sltakine, 2024) les meilleurs moments de sa carrière. Il y défend aussi une certaine vision de la neutralité de la Suisse récemment remise en cause. En effet, la guerre en Ukraine, qu'il tente de comprendre dans sa complexité historique et politique, est pour lui une amère déception et un énorme défi.
On comprend que reconstruire un avenir de paix durable pour les générations futures est ce qui lui tient le plus à coeur. Infatigable pacifiste, il ne se résoudra jamais à accepter la guerre et continuera à promouvoir la paix et à défendre une neutralité suisse active au service du monde.
Au début du XIXe siècle, avant les révolutions de 1848 et l'élan d'un "socialisme scientifique" apporté par Marx et Engels, des figures françaises et britanniques tentèrent de former une société nouvelle.
Charles Fourier, Robert Owen, Saint-Simon : qui sont les "socialistes utopiques" ? Et quels étaient leurs projets ?
Émission "Avec philosophie", animée par Géraldine Muhlmann.
Alors directeur du "Centre de sociologie européenne" et directeur de la revue Actes de la recherche en sciences sociales, Pierre Bourdieu aborde ici des questions générales liées à la discipline sociologique et, plus précisément, les enseignements que l'on peut en tirer pour les problèmes liés à l'éducation.
Il revient notamment sur la définition, les fonctions et la place de la sociologie dans la société, analyse la responsabilité de l'école dans l'accès à l'éducation ainsi que l'accélération de la prise de conscience de l'inégalité des chances en matière d'éducation et la reconsidération de l'intelligence en tant que facteur de réussite sociale. Enfin, il revient sur la conception de l'individu et de l'action individuelle dans la sociologie moderne.
Émission "Ne quittez pas l’écoute", animée par Françoise Malletra.
Jusqu'à Darwin, le monde vivant ne pouvait s'expliquer que par la Création. Ses héritiers se trouvent partout mais son héritage est maudit car peu l'ont compris : capitalisme et libéralisme (darwinisme social), marxisme et stalinisme (lyssenkisme), racisme et nazisme, plus récemment sociobiologie, psychologie évolutionniste ou éthique animale…
Aujourd’hui la parenté physiologique et morphologique entre l'homme et les autres espèces est acceptée par les gens cultivés mais pas la continuité génétique et psychologique qui fait de nous un animal original.
Deux théoriciens libertaires se trouvent à l'origine et au terme de l'explication darwinienne de la biodiversité, toujours la seule qui soit reconnue par la science : William Godwin et Pierre Kropotkine. L'auteur de L'entraide a été ignoré dans son apport théorique le plus novateur car la gauche a abandonné à la droite la vision darwinienne de la nature humaine et s'est malencontreusement enfermée dans une impasse idéologique...