Ancien haut fonctionnaire et professeur de philosophie poliitque, Bruno Guigue échange avec l'historien et spécialiste des relations internationales Youssef Hindi sur la question des croyances et de la relation sujet/objet dans le domaine de l'analyse géopolitique.
Un débat profond et constructif qui se décline en plusieurs axes :
- Dans quelle mesure la dimension spirituelle et religieuse peut-elle être utilisée en géopolitique ?
- Peut-on parler de logique et de justice Divine en géopolitique ?
- Un géopolitologue peut-il être neutre ?
- La métaphysique a-t-elle sa place en géopolitique ?
- Peut-on opposer une eschatologie à une autre ? et un messianisme à un autre ?
Dénonciation du narcissisme de l'individu épris de ses seuls droits, crainte d'une spirale de revendications infinie, rappel des exigences de la communauté familiale, sociale ou politique : la "religion des droits de l'homme" suscite de plus en plus ouvertement la contestation. En témoigne le succès de l'accusation de "droit-de-l'hommisme" destinée à fustiger l'oubli des contraintes de l'action politique.
Ces attaques ne reflètent-elles que la constance, sous des formes voilées, de la pensée antidémocratique ? Si certaines émanent de catholiques conservateurs ou des tenants d'une nouvelle hypothèse communiste, elles sont toutefois aussi menées par des auteurs qui, de Marcel Gauchet à Régis Debray ou Jean-Claude Michéa, se réclament du républicanisme ou de la démocratie.
En comprenant leur généalogie, il s'agit ici de questionner la place des droits de l'homme dans l'Europe du XXIe siècle.
La guerre de l'information par le contenu est peu étudiée dans le monde académique ainsi que -malheureusement- dans l'appareil d'Etat.
C'est la raison pour laquelle Christian Harbulot, expert international en intelligence économique et directeur de l'Ecole de Guerre Economique, nous propose cette série d'émissions, démarche pédagogique visant à faire naître une réelle culture civile du combat par l'information.
Une série d'émission animée par Nicolas Moinet.
La Révolution française avait émancipé les juifs de France. La guerre des Six Jours, en 1967, marque, selon Charles Enderlin, la formation du franco-sionisme, c'est-à-dire la fidélité au pays d'appartenance mais aussi – et surtout ? – à Israël, "État nation du peuple juif" à tendance messianique, dont le projet émancipateur peut sembler avoir été refoulé…
Dans ses derniers travaux, Charles Enderlin livre une analyse de l'histoire des juifs de France et interroge leur relation à la France et à Israël dans le contexte national et international actuel.
La démocratie est un régime politique qui ne paraît plus contestable en Occident. Cependant, le système représentatif démocratique apparaît aujourd'hui en crise dans nos sociétés et notamment en France et dans le contexte de l'Europe.
Trois intervenant nous proposent leurs réflexions sur l'évolution de la démocratie telle qu'elle s'exerce aujourd'hui, entre société civile et institutions politiques :
1. L'effacement du politique : pouvoir informe et société victimaire, par Jean-Pierre Le Goff
2. La réinvention démocratique, par Patrick Savidan
3. Le multiculturalisme contre la diversité, par Alain-Gérard Slama
Un échange modéré par Jean-Michel Helvig.
Que puis-je dire de notre monde, de son évolution, de ses avatars, de ses espoirs, à partir de la psychanalyse ? À quelles contraintes la structure du parlêtre nous soumet-elle ?
Il s'agit de distinguer ce qu'exige l'humanisation et la socialisation et prendre la mesure de ce que le modèle néolibéral n'est pas sans effets sur l'humanisation. Mieux – Pire? – encore, il la met en crise et risque de nous entraîner dans une véritable panne de la transmission.
La détection algorithmique des relations subtiles, évolutives en "temps réel" entre des données numériques disparates disponibles en quantité massive produit un tout nouveau type de modélisation, exploitable dans une multitude de domaines comme le marketing, la prévention des délits et des crimes, l'optimisation du déploiement des forces de l'ordre ou la détection anticipative des foyers épidémiques.
Ces nouvelles pratiques de détection, de classification et d'évaluation anticipative constituent de nouveaux modes de production du "savoir", de nouvelles modalités d'exercice du "pouvoir", et de nouveaux modes de "subjectivation", bref, une nouvelle gouvernementalité algorithmique, succédant, en quelque sorte, sans pour autant les remplacer complètement, aux régimes de pouvoir - souveraineté (droit de laisser vivre et de faire mourir), régime disciplinaire (réforme des psychismes individuels par intériorisation des normes, que les individus disciplines "incarnent" d'eux-même) et biopouvoir (droit de faire vivre ou de laisser mourir) - mis en lumière par Michel Foucault.
L'extraordinaire défiance de couches de population toujours plus larges envers les "partis de gouvernement" et la classe politique en général, au profit de mouvements d'un type nouveau, qu'on appelle "populistes", est sans nul doute le fait le plus marquant des transformations du paysage politique intervenues depuis au moins deux décennies.
Partout se confirme l'ampleur du fossé séparant le peuple de la Nouvelle Classe dominante. Partout émergent de nouveaux clivages qui rendent obsolète le vieux clivage droite-gauche. Mais que faut-il exactement entendre par "populisme" ? S'agit-il d'un simple symptôme d'une crise générale de la représentation ? D'une idéologie ? D'un style ? Ou bien le populisme traduit-il une demande fondamentalement démocratique face à des élites accusées de ne plus faire de politique et de vouloir gouverner sans le peuple ?
L'actualité la plus immédiate sert ici à situer les enjeux politiques, sociologiques et philosophiques du débat.
"Je ne veux plus qu'une chose : la fin", confesse Wotan dans La Walkyrie. On ne saurait comprendre ni le désir qu'a le dieu de sa propre fin, ni l'aspiration d'Isolde à l'anéantissement, ni même l'étrange savoir que la compassion révèle à Parsifal, sans l'influence décisive de la philosophie de Schopenhauer (1788-1860) sur l'art de Richard Wagner. Depuis sa découverte du Monde comme volonté et représentation en 1854 aux dernières mesures de Parsifal, Wagner ne cessera de reconfigurer son œuvre et sa pensée dans le sens de l’esthétique, de l'ontologie et de la morale schopenhaueriennes.
Mais l'artiste devint-il pessimiste et ascétique comme l'exigeait cette philosophie ? Fut-il saisi par cette volonté de néant que nécessite la rédemption ? Rien n'est moins sûr, chez Wagner, que l'ascèse et le renoncement. L'ambiguïté est grande dans ce rapport passionnel du plus philosophe des musiciens à une philosophie qui avait conféré à la musique un rôle proprement métaphysique.
Le 14 mai 1610, le carrosse découvert où Henri IV a pris place quitte le Louvre et roule dans Paris qui s'apprête à fêter le couronnement de la reine Marie de Médicis. Il est arrêté rue de la Ferronnerie par un embarras de charrettes. Aussitôt un étrange rôdeur saute sur la roue du véhicule et poignarde mortellement le roi.
L'homme, Ravaillac, originaire d'Angoulême, déclare qu'il a agi sans complice, uniquement pour punir le monarque de vouloir faire la guerre aux puissances catholiques et au pape. Qui est-il ? Un déséquilibré ou un "fou de Dieu" ? A-t-il été manipulé par les puissants ennemis du roi, français ou étrangers ?
Reprenant l'ensemble du dossier, Jean-Christian Petitfils offre une contribution majeure à la compréhension de l'une des grandes énigmes de l'histoire de France.
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.
La vieille Europe, la chrétienté, est-elle en train de mourir après avoir rempli sa mission d'ensemencer le monde du christianisme ? On peut s'interroger sur la nécessité d'un tel pessimisme.Dans un espace géographique occidental limité, le catholicisme «romain » a su participer au développement d'une civilisation originale : unité de l'Europe, primauté de la paix et limitation de la guerre, laïcité, droits de l'Homme, égalité femmes-hommes, condamnation de l'esclavage, souci de l'enseignement, possibilité de la science, notamment, en sont les fruits.Par l'action conjointe et souvent conflictuelle de deux acteurs - l'Église et l'État -, les énergies ainsi libérées ont permis à l'Europe chrétienne d'acquérir, à l'époque moderne, une supériorité technique qui l'a conduite à dominer le monde et à prétendre y imposer sa civilisation.Mais l'Occident se trouve désormais au banc des accusés. À l'extérieur, on conteste son hégémonie, invoquant des griefs présents et passés. À l'intérieur, les uns, surenchérissant sur le monde, exigent qu'il fasse repentance de ce qu'il a été - conquérant, dominateur, homogénéisateur... tandis que d'autres, nostalgiques de la «chrétienté», lui font grief de ce qu'il ne serait plus assez « chrétien ».À l'heure du doute, Jean-François Chemain livre ici une réflexion puissante et originale sur les apports civilisationnels du christianisme et la légitimité de leur devenir.
Émission du "Libre Journal de la Jeunesse", animé par Hugues Sérapion.
Historien spécialiste de la Révolution française, Jean-Clément Martin vient de publier un livre sur des événements qui nous semblent familiers en raison de leur caractère symbolique : la formation de l'Assemblée nationale, la prise de la Bastille, la Grande Peur. Pourtant, La Grande Peur de juillet 1789 (Tallandier) renouvelle notre vision des événements et de leurs interprétations.
Il travaille sur l'historiographie et notamment sur les très nombreuses notes rassemblées et parfois négligées par Georges Lefebvre, le grand historien qui a longtemps fixé notre conception des révoltes rurales de l'été 1789. Celles-ci sont aussi complexes que les violences qui précèdent la prise de la Bastille. En juillet 1789, on passe des révoltes à la Révolution et les élites qui sont confrontées à la crise générale de l’autorité y réagissent de différentes manières, qui démentent les schémas simplistes.
- 0'00'00 : Intro
- 0'00'39 : Conférence
- 0'55'56 : Quid du rachat des droits abolis ?
- 1'00'55 : Les cartes projetées des révoltes de 1789 ne coïncident-elles pas avec les foyers de révoltes du XVIIIè siècle ?
- 1'15'00 : Ne peut-on pas lire cela sous le prisme d'un changement profond de médiation ?
- 1'23'55 : Vous associez les facteurs économiques aux facteurs sociaux ?
- 1'28'20 : La noblesse ne semble pas être la seule élite défaillante lors de cette période.
- 1'33'25 : Outro