L'origine du désir ne se situe pas dans le sujet ni dans l'objet désiré, mais avant tout dans le désir d'un second sujet perçu comme modèle.
C'est la thèse du grand penseur des rapports entre violence et sacré, l'anthropologue René Girard, qui nous expose ici la logique du désir mimétique telle qu'elle se révèle dans les grands textes littéraires et religieux.
Une théorie aux conséquences importantes, puisqu'elle se trouve au fondement de toutes les sociétés humaines. Pour le meilleur et pour le pire…
Un entretien mené par Patrick Perquy.
En tant que psychiatre dans un centre de rééducation fonctionnelle, Maurice Berger reçois des victimes d'agressions qui gardent des séquelles importantes. En tant que pédopsychiatre, il travaille avec des mineurs extrêmement violents qui déclarent tous "n'en rien avoir à foutre" des blessures qu'ils ont occasionnées, avec une absence totale d'empathie.
Pour ralentir l'augmentation de cette violence dans notre société, il faut donc remonter l'histoire psychique de ces mineurs dont un certain nombre deviendront des majeurs dangereux. De manière schématique, ils présentent une violence "individuelle" liées à des maltraitances vues ou subies dans l'enfance, ou une violence liée à un milieu familial clanique, ou une violence commise en bande où le rôle du leader négatif est essentiel.
Le point commun est que les sujets concernés ne savent pas ce que c'est qu'obéir, à la loi entre autre, et que toute contrainte est ressentie par eux comme une insupportable soumission.
Le 15 mai 2024, le documentaire Les survivantes a fait le buzz sur les réseaux. Composé de différents témoignages de personnes se disant avoir été victimes durant leur enfance de viols à caractère sataniste et témoins de sacrifices de bébés, il est venu alimenter un certain discours complotiste qui tend à nous présenter l'élite dominante comme étant sataniste, inatteignable et omnipotente. De quoi discréditer selon certains la vraie dissidence qui mène un combat méthodique et sérieux contre l'oligarchie. Mais surtout, il s'agit là d'un discours paralysant, dépressif et anxiogène, de nature à décourager les gens à s'inscrire dans une lutte d'éveil et d'émancipation.
Mais qu'en est-il réellement ? N'est ce pas là peut-être un simple écran de fumée pour cacher les vrais rapports de force et les vrais réseaux pédophiles derrière ce folklore sataniste ? De même, une certaine dérive psychanalytique n'a t-elle pas contribué à construire de faux souvenirs dans l'esprits de ces jeunes femmes ?
Un entretien mené par Rachid Achachi.
Que puis-je dire de notre monde, de son évolution, de ses avatars, de ses espoirs, à partir de la psychanalyse ? À quelles contraintes la structure du parlêtre nous soumet-elle ?
Il s'agit de distinguer ce qu'exige l'humanisation et la socialisation et prendre la mesure de ce que le modèle néolibéral n'est pas sans effets sur l'humanisation. Mieux – Pire? – encore, il la met en crise et risque de nous entraîner dans une véritable panne de la transmission.
"La psychanalyse doit se tenir à l’écart de la politique." Cette ligne de conduite, hâtivement attribuée à Freud, a autorisé tous les revirements jusqu'aux plus récents qui voient la psychanalyse régulièrement convoquée au chevet des pires positions réactionnaires (contre le féminisme, l'antiracisme, les mouvements sociaux…). C’est aussi une façon commode d'enterrer tout un pan de l'histoire de la discipline, et avec lui son legs révolutionnaire.
Avec Florent Gabarron-Garcia, on voit Freud accueillir avec enthousiasme la révolution de 1917 et encourager Vera Schmidt dans ses efforts pour acclimater la psychanalyse dans la Russie bolchévique ; Wilhelm Reich combattre en Autriche puis en Allemagne la prétendue neutralité politique de la discipline ; on suit la trajectoire de François Tosquelles de la guerre d'Espagne à l'hôpital de Saint-Alban, celle de Jean Oury de Saint-Alban à la clinique de La Borde ; on découvre le renouveau d'une psychanalyse révolutionnaire dans l'Allemagne des années 1960 avec le SPK (Collectif de patients socialistes) dont le programme était de Faire de la maladie une arme.
Un héritage précieux qui doit être ranimé pour remettre enfin la psychanalyse au cœur des luttes d'émancipation.
Neurologue et disciple de Sigmund Freud, Sándor Ferenczi, né en 1873 en Hongrie dans une famille juive d'origine polonaise, fut longtemps considéré comme l' "enfant terrible" de la psychanalyse.
Thérapeute visionnaire, auteur de Thalassa et d'un extraordinaire Journal clinique, il fut un précurseur des réflexions les plus contemporaines sur les maltraitances enfantines et les nouvelles voies de la thérapie.
Benoît Peeters jette une lumière nouvelle sur la vie et les combats de ce favori de Freud, qui n'hésita pas à s'opposer au maître.
Directeur de projet dans une grande entreprise industrielle française, Marc Rameaux est également auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, le souverainisme et la société.
Par-delà ses critiques de la mondialisation et de l'Union européenne, il veut réhabiliter une vision plus équilibrée et plus humaine de l'économie de marché, fondée sur la responsabilité individuelle, l'autonomie de l'individu et la souveraineté nationale. L'une des dimensions de cet art de vivre est la sexualité, notamment la façon dont celle-ci est comprise à droite.
Comme comprendre le parcours entamé aujourd'hui par la jeunesse face à la misère sexuelle indutie par la logique du marché du désir ? Comment la crise des rapports entre les sexes, la montée des inégalités, la perte des repères identitaires et la radicalisation des idéologies révèlent-elles les profondes mutations de la société contemporaine ? Et quelles sont les solutions envisageables pour sortir de l'impasse et construire un monde plus juste et plus harmonieux ?
- 0'00'00 : Introduction
- 0'01'41 : La sexualité, un sujet politique
- 0'04'36 : Le souverainisme, une alternative humaniste
- 0'05'38 : La misère sexuelle à droite
- 0'08'43 : La demande féminine de masculinité
- 0'13'26 : L'accomplissement masculin, un critère universel
- 0'16'56 : Les apparences et la réalité, le jeu de la séduction
- 0'19'51 : La sexualité et le couple, deux sphères distinctes
- 0'21'53 : La sexualité et la politique, deux domaines liés
- 0'24'41 : La critique de Thaïs, une influenceuse qui donne des conseils aux hommes
- 0'28'00 : La recherche de l'authenticité et de l’essence des choses
- 0'32'02 : La sexualité comme une question de psychisme et de relation cérébrale
- 0'41'05 : La thèse principale sur les relations de soumission et de domination
- 0'49'23 : Les relations domination et soumission sexuelle (DESS) entre les hommes et les femmes
- 0'52'01 : La place du plaisir de la femme et de l'homme dans la culture de la domination
- 1'10'08 : Analyse des aspects psychologiques, littéraires et sociologiques de ces relations
- 1'12'52 : Le désir sexuel des hommes jeunes et la qualité des relations
- 1'15'45 : L'hypergamie des femmes et la pression sociale
- 1'18'00 : L'attitude de gentleman dominateur et l’art martial
- 1'20'36 : L'homosexualité et la politique, le mariage pour tous
- 1'27'40 : Le souverainisme comme un humanisme et un retour à l'authenticité
- 1'36'41 : L'égalité professionnelle entre hommes et femmes
- 1'39'07 : La notion de virtus ou de vertu romaine
- 1'42'58 : Le souverainisme comme un humanisme
Conduite en 1971 par le professeur Philip Zimbardo, l' "expérience de Stanford sur la prison" a vu vingt-deux étudiants volontaires jouer les rôles de gardiens et de prisonniers au sein d'une fausse prison installée dans l'université Stanford. L'expérience devait durer deux semaines mais elle fut arrêtée au bout de six jours, résume Zimbardo, car "les gardiens se montrèrent brutaux et souvent sadiques et les prisonniers, après une tentative de rébellion, dociles et accommodants, même si la moitié d'entre eux furent si perturbés psychologiquement qu'ils durent être libérés plus tôt que prévu".
Devenue presque aussi célèbre que l'expérience de Stanley Milgram sur l'obéissance et souvent citée en exemple de l'influence des situations sur nos comportements, l'expérience de Stanford est pourtant plus proche du cinéma que de la science : ses conclusions ont été écrites à l'avance, son protocole n'avait rien de scientifique, son déroulement a été constamment manipulé et ses résultats ont été interprétés de manière biaisée.
Thibault Le Texier nous fait part de l'enquête qu'il a mené sur l'une des plus grandes supercheries scientifiques du XXe siècle, entre rivalités académiques, contre-culture et déploiement du complexe militaro-industrialo-universitaire.
Émission "Les Oreilles loin du Front".