Quand la révolution bolchevique "ébranla le monde" capitaliste, les Occidentaux la boycottèrent et ruinèrent, après avoir envahi et ravagé la Russie pendant trois ans de guerre, toutes les tentatives soviétiques de reconstituer "l'alliance de revers" à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, alliance qui avait sauvé la France de l'invasion allemande en 1914.
Le sabotage fut spectaculaire entre guerre d'Espagne, Anschluss, accords de Munich, "déclarations d'amitié" anglaise et française avec le Reich et "farce de Moscou". On n’oubliera pas la "Pologne des colonels", complice ouverte du Reich depuis 1933, signataire avec lui de la "déclaration de non-agression et d'amitié" du 26 janvier 1934.
Une mise au point nécessaire alors que le Parlement européen décrète que nazisme=communisme et qu'on nous certifie que le pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939 fut une cause majeure, voire la cause, de la seconde conflagration mondiale.
L'individu moderne est né comme une promesse de liberté. Mais passé le temps de ses victoires, il est aujourd'hui lui-même asservi, au sein d'une planète menacée. L'éthique de la défense des libertés et des droits individuels, jadis émancipatrice, mène à une impasse, et l'individu à de nouvelles servitudes, notamment numériques. La source de ces périls : la révolution qui intronisa, au Moyen Âge, la volonté comme faculté suprême de l'homme, au-dessus de la raison. À cette volonté, il est difficile d'imposer des limites. C'est pourtant indispensable. Il faut désormais protéger les individus et les esprits comme on protège les fonds marins. La survie est à ce prix.
Dans son livre Le Second âge de l'individu. Pour une nouvelle émancipation, Mark Hunyadi explore de nouvelles voies pour sortir des impasses dans lesquelles nous ont enfermé l'individualisme moderne et son éthique des droits. Il est résolument tourné vers un avenir constructif, et formule une proposition audacieuse pour l'avenir de nos sociétés : déclarer l'esprit patrimoine commun de l'humanité, comme les fonds marins.
Une conférence organisée par l'Association d'usagers des Bains des Pâquis.
Du désir mimétique qui enflamme les sociétés humaines au mécanisme victimaire qui les apaise, il n'y a qu’un pas que le René Girard littéraire de Mensonge romantique et Vérité romanesque franchit avec assurance, sans considération excessive pour les clôtures universitaires, intellectuelles et idéologiques.
Comment le spécialiste de Proust et Stendhal en est-il venu à renouer le fil de la grande anthropologie classique et comment cette démarche, qui se voulait un retour aux sources, a-t-elle fini par bouleverser le champ des sciences humaines ?
Dans la nuit du 21 avril 1967, Athènes bascule : trois officiers de l'armée de terre accompagnés de quelques centaines de soldats s'emparent de la ville. Les responsables politiques sont arrêtés, et les institutions verrouillées : en quelques heures, un régime autoritaire s'installe. Des milliers de grecs sont emprisonnés et le pays sombre dans la terreur.
Les responsables du coup d'État s'appellent Pattakos, Makarezos et Papadopoulos, un brigadier et deux colonels. De leur grade dans l'armée naîtra le nom du régime : la dictature des colonels. Leur règne va durer 7 ans, 7 longues "années de pierre". Il faudra attendre 1974 et une crise avec Chypre pour que le pouvoir bascule et que la démocratie se réinstalle.
Alors, comment ces colonels ont-ils réussi à prendre le pouvoir ? Qui les a soutenu ? Et surtout... comment la résistance s'est-elle manifestée ?
Émission "Affaires sensibles", animée par Fabrice Drouelle.
Maurice Barrès est un grand nom de la littérature française ainsi que du nationalisme moderne. Pourtant, si son importance fut considérable dans l'histoire des idées, son aura a fortement faibli et il n'est plus beaucoup lu de nos jours. On le réduit trop souvent à quelques étiquettes convenues voire infâmantes afin de mieux le disqualifier et de se dispenser d'aller voir de plus près. Pourtant, loin d’être un doctrinaire dépassé, le symbole vieilli d'un passé lointain, Maurice Barrès fut avant tout un homme libre, dont l'énergie, le chagrin ou la quête d'absolu consonnent encore largement à notre époque avec nos propres interrogations.
Or, tel est justement ce que tente de mettre en évidence Jeremy Baneton dans un petit essai consacré à l’écrivain lorrain : Maurice Barrès, le prince de la jeunesse, (2023, Nouvelle Librairie). L'occasion de revenir, en sa compagnie, sur les grands événements de la vie de Barrès ainsi que sur ses grandes interrogations philosophiques et politiques.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'18'41 : Première partie - Le culte du Moi
- 0'22'07 : Une jeunesse lorraine
- 0'27'14 : Arrivée à Paris et influences littéraires
- 0'32'20 : Sous l'oeil des barbares
- 0'49'42 : L'égotisme barrésien
- 0'52'40 : Le passage de l'absolu au relatif
- 0'59'30 : Le passage du Moi au Nous
- 1'06'15 : Jules Soury
- 1'12'47 : L'aventure boulangiste
- 1'24'46 : L'ennemi des lois
- 1'32'58 : Seconde partie - Barrès et le nationalisme
- 1'39'39 : L'affaire Dreyfus
- 1'47'28 : Les Déracinés
- 2'05'01 : Une doctrine sociale pour le nationalisme ?
- 2'16'27 : Maurras et Barrès
- 2'33'21 : Les bastions de l'est et l'Allemagne
- 2'39'26 : Les diverses familles spirituelles de la France
- 2'40'33 : La colline inspirée
- 2'46'14 : Un jardin sur l'Oronte
- 2'48'56 : Conclusion et conseils de lecture
Un entretien mené par Antoine Dresse.
Ni lavage de cerveau ni contrainte par la force, pas même culture ou simple organisation économique, le capitalisme est tout cela à la fois. Il s'immisce dans nos vies à travers une série de mécanismes par lesquels l'activité économique est apprise, légitimée et finalement (re)produite.
Tous ces petits attachements, ces petits enrôlements, forment un maillage si serré qu'il est difficile de s’en extraire. Ainsi chaque jour nous agissons en accord avec ses principes. Bien souvent, nous y adhérons pleinement, même lorsque cela va à l'encontre de nos convictions. Nous n'y participons pas parce que nous sommes ainsi faits, nous sommes ainsi faits parce que nous y participons.
On ne naît donc pas capitaliste, on le devient – qu’on le veuille ou non.
Émission "Les Oreilles loin du Front".
Proudhon, les socialistes utopiques, les insurgés de la Commune, les syndicalistes révolutionnaires, Georges Sorel, Édouard Berth, Georges Valois et bien d’autres ont constitué les jalons d’un socialisme français, un socialisme enraciné en lutte contre la transformation du monde opérée par la bourgeoisie.
Une histoire riche qu'exhume avec bonheur l'intellectuel indépendant David L'Épée, collaborateur régulier des revues Éléments et Rébellion et rédacteur en chef de la revue Krisis.
Qu'ont en commun une chaudière, une voiture, un panneau de signalétique, un smartphone, une cathédrale, une œuvre d'art, un satellite, un lave-linge, un pont, une horloge, un serveur informatique, le corps d'un illustre homme d'État, un tracteur ? Presque rien, si ce n'est qu'aucune de ces choses, petite ou grande, précieuse ou banale, ne perdure sans une forme d'entretien. Tout objet s'use, se dégrade, finit par se casser, voire par disparaître.
Pour autant, mesure-t-on bien l'importance de la maintenance ? Contrepoint de l'obsession contemporaine pour l'innovation, moins spectaculaire que l'acte singulier de la réparation, cet art délicat de faire durer les choses n'est que très rarement porté à notre attention.
Le travail de David Pontille et Jérôme Denis est une invitation à décentrer le regard en mettant au premier plan la maintenance et celles et ceux qui l'accomplissent. Ils décrivent les subtilités du "soin des choses" pour en souligner les enjeux éthiques et la portée politique. Parce que s'y cultive une attention sensible à la fragilité et que s'y invente au jour le jour une diplomatie matérielle qui résiste au rythme effréné de l'obsolescence programmée et de la surconsommation, la maintenance dessine les contours d'un monde à l'écart des prétentions de la toute-puissance des humains et de l'autonomie technologique. Un monde où se déploient des formes d'attachement aux choses bien moins triviales que l'on pourrait l'imaginer.
C'est à l'occasion de la nouvelle édition de son livre Misère du nietzschéisme de gauche, de Georges Bataille à Michel Onfray que l'essayiste et fondateur des éditions Delga Aymeric Monville vient nous parler de l'étonnant Nietzsche !
Andler, Palante, Blanchot, Camus Bataille, Deleuze, Foucault, Derrida, furent autant de grands prêtres d'un culte devenu religion officielle : le "nietzschéisme de gauche". Passé dans les mœurs modernes, ânonné par les managers, les magazines télévisés, les hommes politiques autant que par Michel Onfray, ce retour de Nietzsche par la gauche autorise le consensus irrationaliste, individualiste et anticommuniste, de la "gauche morale" à la réaction. Ce recyclage philosophique a un but : détruire au sein de la gauche le matérialisme des Lumières et in fine l'ensemble de la philosophie issue du marxisme et du mouvement ouvrier.
Comment comprendre cette postérité extravagante du solitaire de Sils-Maria ? Aymeric Monville revisite avec acuité cette réception si particulière de Nietzsche en France.
Lorsque Michel Foucault décède en 1984, c'est également le monde de l'après-guerre, ses institutions et ses espoirs de transformation sociale, qui s'éteint avec lui. Les décennies qui suivront seront indéniablement celles du triomphe du néolibéralisme et des attaques contre les droits sociaux. Si Michel Foucault n'en a pas été le témoin direct, son oeuvre dans ce domaine apparaît néanmoins visionnaire. La question du libéralisme occupe en effet une place importante dans ses derniers écrits.
Depuis sa disparition, l'appareil de pensée foucaldien a, en outre, acquis une place centrale, pour ne pas dire dominante, au sein d'un large pan du monde intellectuel de gauche.
Pourtant, l'attitude du philosophe face au néolibéralisme fut pour le moins équivoque. Loin de mener une lutte intellectuelle résolue contre la doxa du libre marché, Michel Foucault semble, sur bien des points, y adhérer. Comment en effet interpréter sa critique radicale de la sécurité sociale, qualifiée d'instrument d'accomplissement du "biopouvoir" ? Foucault aurait-il été séduit par le néolibéralisme ?
Cette question, loin d'incarner simplement les évolutions d'un intellectuel, interroge plus généralement les mutations d'une certaine gauche de l'après-mai 68, les désillusions à venir et les transformations profondes du champ intellectuel français au cours des trente dernières années.
Pour le sens commun, le progrès technique est indiscutable : ses bienfaits s'étendent à tous les domaines et ne font pas question. Pourtant, depuis au moins deux siècles, l'accélération, la sophistication et la généralisation des techniques se sont accompagnées de fortes critiques décrivant une dépossession croissante de l'existence par une innovation technologique que plus personne ne contrôle. Elle prétend régler les problèmes qu'elle a elle-même provoqués, nous entraînant dans un emballement qui semble sans limite et dont la face obscure et grandissante est déniée, accusant toute interrogation d'arriération et d'obscurantisme.
C'est en philosophe de la technique que Daniel Cérézuelle, dans la lignée des penseurs technocritiques comme Jaques Ellul ou Bernard Charbonneau, produit des travaux cherchant à cerner cette idéologie omniprésente qui voudrait faire croire que l'histoire des sociétés obéit à un "développement" sur lequel les humains n'auraient aucune prise.