Pour l'essentiel, Alexandre Kojève (1902-1968) reste une figure fascinante et méconnue de l'histoire de ce siècle.
Que savait-on, en effet, de son destin aventureux ? Que savait-on de ce Russe d'origine qui devint à l'Ecole pratique des hautes études un illustre professeur dont Bataille, Queneau, Aron, Lacan ou Léo Strauss suivaient admirativement les cours ? Quel fut, enfin, le vrai visage de ce sage hégélien qui, croyant venu "l'Etat final", choisit de se métamorphoser en haut fonctionnaire avant de mourir, à Bruxelles, pendant une réunion du Marché commun ?
L'occasion de ressusciter le destin et la légende de cet homme d'exception et de réaliser à quel point son oeuvre, éparse et inachevée, nous permet d'entendre la rumeur violente d'une époque que Kojève voulut penser et vivre à travers quelques questions : qu'en est-il vraiment de cette "fin de l'Histoire" dont certains analystes invoquent toujours l'actualité ? A partir de quand un philosophe peut-il se prendre pour le confident de la Providence ? A-t-il le droit, sans faillir à sa mission, de devenir le conseiller des princes ?
Émission "Une vie, une œuvre", produite par Jean Daive.Émission "Une vie, une œuvre", produite par Jean Daive.
Depuis plus d'un siècle, le marketing a pris le pouvoir sur l'économie. C'est ce système et sa rationalité spécifique qui désormais gouverne des consommateurs qu'il se targue d'ériger en rois pour mieux les assujettir sans user de contraintes trop puissantes.
Thibault Le Texier a mené une passionnante enquête historique sur cette révolution encore largement inachevée, et qui bénéficie à plein de la mutation numérique.
Émission "La Suite dans les idées", animée par Sylvain Bourmeau.
Dans son livre Blanc, Sylvain Tesson écrit : "en 2019, les hommes avait continué à s'entretuer passionnément, on avait découvert l'iPhone 11, le progrès avait fait des progrès. Par exemple, la flèche de Notre-Dame avait brûlé. Que signifiait-elle, dressée au-dessus du siècle vingt-et-un ? Il était logique qu'elle se retira. L'homme moderne a autre chose à faire que de tourner son regard vers le ciel".
Pourtant, ni Sylvain Tesson, ni Sonia Mabrouk, qui publie Reconquérir le sacré, ne veulent laisser le dernier mot à cet aplatissement, à ce désenchantement du monde. Chacun a sa manière résiste.
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
L'écrivain suisse Charles-Ferdinand Ramuz (1878-1947) n'aura cessé d'exprimer la nécessité de trouver une langue qui ne soit pas artificielle, une langue juste, toujours plus singulière tant par son rythme que par sa construction.
"Un français de plein air" que Ramuz disait avoir trouvé en prenant exemple sur la liberté de parole des Parisiens...
Spécialiste de la Rome antique, longtemps professeur au Collège de France, auteur d'ouvrages majeurs, Paul Veyne est considéré comme l'un des historiens les plus érudits, les plus indépendants et les plus importants du XXe siècle.
En 1985, c'était à Bédoin, dans le Vaucluse, là où il vivait alors, que Paul Veyne et ses invités revenait sur son parcours et ses objets d'études, en évoquant ses enthousiasmes intellectuels et artistiques, ses amitiés, en particulier celle qu'il avait entretenue avec Michel Foucault, "l'une des deux ou trois personnes que j'aurais le plus aimé en ce monde".
L'occasion de revenir sur quelques éléments biographiques de cet immense historien de l'Antiquité qui, pourtant, minimise l'importance des idées en Histoire !
Quatre émissions en compagnie du philosophe français Jacques Rancière, pour mieux comprendre son leg intellectuel :
1. Souvent qualifiés de post-marxistes, Jacques Rancière et Étienne Balibar ont œuvré à un renouvellement de la théorie politique, gardant comme optique l'émancipation collective. Près de soixante ans après le séminaire de Louis Althusser à l'ENS Ulm en 1965, ont-ils dit adieu à Marx et au marxisme ?
2. Jacques Rancière définit l'émancipation comme la sortie d'une situation de minorité qui, loin de se réduire à un résultat, implique une autre manière d'être au monde. Comment expliquer le déclin de l'intérêt porté à l'émancipation aujourd'hui ? N'est-elle pas masquée par la notion de domination ?
3. Jacques Rancière tente de contrer l'idée selon laquelle l'image est quelque chose de passif. En tant qu'elles sont des relations, et non de simples copies, les images de l'art agissent. Pour autant, il soutient aussi que l'image peut résister à la façon dont on veut la regarder et la penser.
4. Pour Jacques Rancière, la littérature est une révolution qui s'installe en Occident en opposition aux belles-lettres. Sa politique tient au désordre qu'elle institue dans le partage du sensible : la littérature opère une destruction des hiérarchies, notamment entre les sujets nobles et les sujets vils.
Émission "Avec philosophie", animée par Géraldine Muhlmann.
Comment penser la justice après 1789, dans une société civile bourgeoise qui fait de l'égalité des conditions son principe ? Quel sens prend la notion de doctrine de la philosophie du droit pour Hegel ? Quelle normativité nous fait passer de ce qu'il appelle "le droit abstrait", à l'Etat comme achèvement de la vie éthique ?
En 1820, Hegel rédige ses célèbres Principes de la philosophie du droit, dans lequel il tient l'application du droit comme corollaire indispensable à la liberté des citoyens. Serait-il le premier penseur social-démocrate ?
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Adèle Van Reeth.
En France, le républicanisme est un courant qui défend une forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir n'est pas détenu par un roi, mais par le peuple. Le républicanisme américain, quant à lui, a une histoire différente où les débats s'orientent très tôt sur la manière dont le peuple doit être représenté.
C'est en compagnie de Jean-Fabien Spitz et Denis Lacorne que nous revenons sur ces deux histoires qui permettent de comprendre les similitudes et les différences dans le traitement de l'égalité civile, d'une part, et le problème de l'égalité sociale, d'autre part.
Émission "Avec philosophie", animée par Géraldine Muhlmann.