Régis Debray ne nous laisse jamais longtemps sans nouvelles. Dans son dernier livre dont il emprunte le titre aux Fleurs du Mal de Baudelaire, il se tourne vers ceux de ses aînés qui l'ont aidé à grandir.
Avec une légèreté mélancolique, il s'acquitte de sa dette aujourd'hui, sous la forme d'une abécédaire. C'est en sa compagnie que nous rendons hommage aux maîtres, proches ou plus lointains, qui l'ont inspiré, guidé, incité.
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
Les "maudits", ce sont les écrivains épurés à la Libération : Brasillach, Drieu la Rochelle, Rebatet, Céline, et plus d'une centaine d'autres, entraînés, plus ou moins consciemment, dans la grande fièvre politique des années 1930 et 1940.
Loin d'amener à remettre les choses en perspective, le temps qui s'est écoulé a au contraire favorisé la banalisation d'une imagerie manichéenne, où il n'y a plus que des (très) bons et des (très) méchants. Les opinions ont été transformées en délits, et une pensée unique veut imposer les limites d'un culturellement correct. Il existe une littérature immorale et des auteurs indécents, et leur traque est de salubrité publique.
C'est contre cette grande entreprise de la bêtise universelle, contre cet "esprit des listes noires" que nous devons nous dresser.
Sans sombrer dans la bêtise inverse, nous pouvons lire les livres des "maudits" pour ce qu'ils sont : des livres, bons ou mauvais.
Émission du "Libre des Littératures", animée par Jérôme Besnar.
Un jour de mai 2020, François Bégaudeau échange avec des camarades, sur son site à la fois personnel et public. Il commet, ce jour-là, une phrase qui lui vaudra de comparaître en justice pour diffamation à caractère sexiste et sexuel. Ça, ce sont les faits.
Ces faits sont l’occasion pour l'auteur d'Entre les murs et d'Histoire de ta bêtise de mener un travail d'auto-analyse et un examen profond de nos contradictions contemporaines. L'occasion de réfléchir sur nos affects, l'art et la politique.
Dans l'ordre, ou le désordre : la loi Falloux, Le Cri du Peuple, L'Argent, la guerre avec la Prusse, la Commune de Paris, L'Enfant, Le Bachelier, L'Insurgé, l'exil en Angleterre.
Retour sur la vie et l'oeuvre de Jules Vallès, celui qui disait, par la bouche de son personnage Jacques Vingtras : "Je serai toujours celui qui crie Vive la République !"
Comment Jean Cau (1925-1993), jeune secrétaire de Jean-Paul Sartre et chéri de l'intelligentsia germanopratine, est-il devenu "l'homme de lettres le plus haï de Paris" selon le journaliste Pierre Bénichou ?
Écrivain, polémiste, moraliste de grand style, hanté par la décadence de l'Occident, Jean Cau a ferraillé comme un beau diable contre l'imposture progressiste, avec brio, ironie et pugnacité.
Émission "Les idées à l'endroit", animée par Rémi Soulié.
Romancier, chroniqueur, dramaturge, scénariste, parolier, essayiste, pamphlétaire, Jean Cau avait vingt cordes à son arc. Parmi elles, le journalisme. L'écrivain était un journaliste d'exception, de passion et de rigueur qui savait mettre une culture rare au service d'une langue drue, directe, maniée comme une flamberge.
Fils d’ouvrier agricole, né à Bram dans l'Aude, en 1925, monté à Paris, secrétaire de Jean-Paul Sartre, il rompit dans le fracas avec l'intelligentsia parisienne. Compagnon de route d'Éléments, le journaliste occitan a successivement mis le feu à France Observateur, scandalisé L'Express, réveillé Le Figaro littéraire.
Plus tard, à Paris Match, le poids des mots, c’était lui ! Chacun de ses articles touchait pile en pleine cible : les tièdes, les marionnettes du temps et les rien-pensants.
À la question de savoir comment redonner ses lettres de noblesse au journalisme, métier à l’agonie, castré par la censure et le politiquement correct, la réponse est simple : se plonger dans Jean Cau.
Cormac McCarthy est né en 1933 dans l'état de Rhode Island. Il est l'auteur de 12 romans et scénariste pour le cinéma et la télévision. Son premier roman, Le Gardien du Verger, paraît en 1965. Le Méridien de sang, en 1985 est considérée comme son œuvre majeure, bien que son roman suivant ait rencontré davantage de succès : De si jolis chevaux, en 1992, ouvre la "trilogie des confins". En 2005 paraît Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme qui a fait l'objet d'une célèbre adaptation au cinéma par les frères Coen. Enfin, La Route (2006), grande épopée dans une Amérique post-apocalyptique, lui vaut d'être lauréat du Prix Pulitzer.
Seize ans après, Cormac McCarthy est de retour avec deux parutions quasi-simultanées : Le Passager et Stella Maris. Son éditeur français Olivier Cohen et l'écrivain Fabrice Colin en profitent pour évoquer l'ensemble de son œuvre.
Émission "Le Book Club", animée par Nicolas Herbeaux.
Journaliste, essayiste, romancier et historien, Emmanuel Berl connut une forte notoriété dans le cours du dernier siècle, à la croisée de la vie intellectuelle, de la création littéraire et de tous les remous de la politique. Cette émission s'emploie à restituer sa portée contemporaine à un auteur qui compta en son époque et que l'oubli risque d'éloigner de notre attention et de notre intérêt.
Journaliste, il fut écouté, commenté, discuté. Romancier, il restitua les sensibilités de son époque dans des livres qui rencontrèrent leur public. Historien, méfiant envers tous les académismes, il fit émerger, contre la doxa, des interrogations originales et stimulantes. Sa langue était sûre et précise, libre de toute enflure. Sa curiosité le portait sans relâche vers toutes les étrangetés de l'humanité.
Et en même temps notre regard est voué à s'enquérir des raisons qui lui firent, à la fin des années trente, et au début du régime de Vichy, prendre des positions qui peuvent, avec le recul, heurter. Son obsession de lucidité le conduisit alors dans un chemin qui nous paraît, avec le recul, en contradiction avec les aspirations et les convictions de sa jeunesse. Il se peut bien qu'Emmanuel Berl ait incarné de la sorte les effets d'un pacifisme intégral qui en aveugla bien d'autres, dans sa génération, celle des tranchées de 14-18, sur la portée et les enjeux de la Seconde Guerre mondiale.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.