Être andimoderne s'assimile-t-il à être conservateur ou réactionnaire ? Si tel n'est pas le cas, qu'est-ce qui caractérise cette tradition ?
Il est d'abord essentiel de comprendre que les antimodernes sont des modernes, mais des modernes "déniaisés du moderne", des modernes "contrariés". Car, en réalité, il n'y a d'antimodernes que dans le monde moderne, époque dont la datation précise varie selon les écrivains. Certains disent que le monde moderne commence avec la révolution scientifique de Galilée (Michel Henry), d'autres avec la Réforme protestante (Joseph de Maistre), d'autres encore avec la Révolution industrielle (Günther Anders).
Retour sur le sens de l'antimodernité en compagnie des grandes figures de cette tradition hétérodoxe : Joseph de Maistre, Charles Péguy, Georges Bernanos, Simone Weil, et bien d'autres encore.
Émission "Contretemps", animée par Paul Ducay.
La gouaille de Michel Audiard a renouvelé l'art du dialogue et durablement marqué le cinéma de son empreinte. Une écriture nourrie par la biographie du Titi parisien, pris dans les soubresauts de la guerre, puis les temps difficiles de la reconstruction, jusqu'à l'entrée fracassante de sa parole au cinéma, portée par les plus grands acteurs.
Une musique du Paris oublié, riche d'une langue qui témoigne de l'histoire des classes populaires et devenue emblématique du cinéma français d'après-guerre pour une trajectoire qui se confond avec celle du cinéma populaire et de ses vedettes.
Émission "Toute une vie", produite par Anaïs Kien.
De nombreux adolescents ont découvert au collège dans les années 80 ce témoignage à la première personne d'une jeune fille allemande se prostituant pour payer sa dose quotidienne d'héroïne dans le Berlin-ouest des années 1970. Le récit de cette dérive dans les bas-fonds est devenue une lecture de référence pour les adolescents et continue de se vendre aujourd'hui.
Le livre paru en 1978 a choqué, fait frémir, fasciné. Un morceau de vie qui a bouleversé bien au-delà de l'Allemagne divisée par le Mur. Traduit en dix-huit langues, il s'est vendu à cinq millions d'exemplaires dans le monde. En Allemagne, le livre a même été imposé comme lecture obligatoire dans les écoles, comme un contre-exemple. C'était une des premières fois qu'un livre, puis son adaptation en film, parlait aussi directement, si ouvertement de la drogue et ses conséquences. Il est devenu le livre d'une génération, appelée génération No future qui écoutait du punk et ne craignait pas de flirter avec la mort, dans une société où la répression montait afin de museler la subversion. Fini le Flower Power, la jeunesse allait rentrer dans l'ordre ou dans le trou.
Que se passait-il dans ce livre pour que Christiane F. devienne une icône dans les cours de bahuts et les chambres d'ados esseulés ? Comment ce mythe parle-t-il de l'adolescence et de sa fragilité ?
Départ pour Berlin sur les traces de l'icône destroy des années 80 et de ses lecteurs fascinés par cette histoire sulfureuse.
Émission "LSD", produite par Perrine Kervran.
"Il mena une vie étrange où il est difficile de déceler la part de la vérité et celle du cynisme et de la mystification", assure le Larousse au sujet d'Alfred Jarry.
Pour célébrer le génie de l'auteur d'Ubu roi, pataphysicien disparu il y a tout juste un siècle, nous est présentée une émission iconoclaste qui tient de la "marqueterie sonore", assemblant des morceaux de fiction, d'interviews et de chansons. Mêlant formidablement les genres, elle est un bel hommage à la mémoire du créateur du père Ubu. Pas un de ces hommages distingués que l'on prononce sur le ton emprunté de "l'émotion profonde", mais un hommage très sérieux quant au fond et doucement rigolard sur le dessus : un hommage digne de celui qui en était l'objet.
Émission "Les samedis de France Culture", animée par Georges Charbonnier.
"Je me présente : Vialatte, écrivain notoirement méconnu".
Né en 1901 dans une famille auvergnate, mort à Paris en 1971, Alexandre Vialatte se fait d’abord connaître comme traducteur de Kafka. Puis il publie, entre 1928 et 1951, trois romans qui, hélas, ne rencontrent pas leur public. Il se tourne alors vers le journalisme, et écrit pour de nombreuses revues, des plus sérieuses - la NRF - aux plus éclectiques – Le Spectacle du monde, La Revue du tiercé, Marie-Claire. C’est dans la presse féminine, où il lui arrive de parodier le courrier des lecteurs ou l'horoscope, qu'il aiguise son goût pour le billet d'humeur et les canulars.
Mais c'est surtout dans les vingt dernières années de sa vie, de 1951 à 1971, qu'il écrit régulièrement, depuis Paris, pour le quotidien d'Auvergne, La Montagne. Il y perfectionne son talent et rédige, au total, quelques 900 articles qui croquent l'air du temps. En vingt ans, Alexandre Vialatte élève la chronique à un genre poétique à part entière, qui tente d'approcher la vérité de l'homme sous les multiples apparats de l'actualité.
Il est temps de rendre hommage à cet amoureux du quotidien, à son goût des mots et à sa sensibilité de troubadour.
Émission "Ça peut pas faire de mal", animée par Guillaume Gallienne.
Le combat pour la beauté, contre la laideur, nous emmène à démasquer le mal comme principe... et ses serviteurs !
Un pouvoir dont la devise est "en même temps" instaure forcément une métaphysique de la confusion. Le critique littéraire Juan Asensio, féru de démonologie, nous aide à discerner les abstractions qui président aux transformations actuelles.
Émission "Éloquence du Vulgaire", animée par Lounès Darbois.
Patrice Jean, dans La poursuite de l'idéal et Sébastien Lapaque dans Ce monde est tellement beau renouent pour saisir la vérité de notre époque avec le roman d'apprentissage tel que le XIXe siècle Des illusions perdues à L'Éducation sentimentale en a fixé le modèle.
Cyril, le jeune héros de Patrice Jean et Lazare, le héros de Sébastien Lapaque découvrent à tâtons l'existence et le monde. Un dimanche de février, Lazare a une soudaine révélation : ce monde lui apparaît dans sa vérité et cette vérité, c'est ce qu'il appelle aussitôt : l'immonde. Pourquoi ce changement de nom ? Qu'est ce que l'immonde ? Les tentatives de reconquête de la vie intérieure peuvent-elles mener à un ré-enchantement du monde ?
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut,
Jules Vallès fut un personnage dont la démarche, les passions, les actions restent vivantes. Un journaliste, un écrivain qui déploya ses combats depuis la fin de la Monarchie de Juillet et la Révolution de 1848 jusqu'aux premières années de la Troisième République, en passant par la Commune de Paris, qui fut pour lui essentielle.
Il a les honneurs de la bibliothèque de la Pléiade pour la trilogie d’une autobiographie romancée : L'Enfant, le Bachelier, l'Insurgé. Il avait choisi d'intituler son premier livre, un recueil d’articles paru en 1865, Les Réfractaires. L'adjectif lui va bien. Il le préférait aux termes de "rebelle" ou de "révolté" qu'on lui a souvent accolés. "Insoumis" ne serait pas mal venu non plus.
La société où il a grandi, celle de la seconde révolution industrielle, qui fut si dure aux prolétaires, et qui porta l'émergence d'une nouvelle classe moyenne, cette société où la circulation de l'information, des indignations, de la propagande se fondait exclusivement sur l'écrit et était si étroitement surveillée, cette société était d'une nature bien différente de la nôtre. Et pourtant nos angoisses contemporaines peuvent susciter des cris qui ne sont pas sans faire écho aux siens.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.