Stéphane Mallarmé (1842-1898), le mendieur d'azur. Avec Yves Bonnefoy, Bertrand Marchal, Henri Meschonnic, Alain Coelho et Roger Dragonetti sur France Culture.


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16.07.1992

Relire Mallarmé, au-delà des clichés qui le figent, "tel qu'en lui-même l'éternité le change", en un poète hiératique et glacé, chantre de l'hermétisme, siégeant au Panthéon de "nos plus grands héros littéraires". Relire aujourd'hui Mallarmé pour retrouver la dimension bien vivante de ce "mendieur d'azur", cet homme au rêve habitué, comme il se définissait lui-même. Dès l'adolescence, il recopiait des milliers de vers, de Hugo, de Banville et surtout de Baudelaire, et apprenait l'anglais pour pouvoir traduire Edgar Poe, son "grand maître".
À 20 ans, il composait ses premiers chefs-d'œuvre, L'Azur, Les fenêtres, Apparition, Le Pitre, Brise marine. Professeur à Tournon, voulant fuir l'Ardèche ("ici-bas sent la cuisine"), il constate dans son dénuement qu'il a voué sa vie à "l'art, dèche" (Lacan se réfère souvent à Mallarmé). À 24 ans, à force de "creuser le vers", il traverse une crise majeure, découvre le Néant. Mais, tel son Igitur "descendant les escaliers de l'esprit humain", allant "au fond des choses, en "absolu" qu'il est", il y trouve la Beauté, imagine "Le Livre", et commence à écrire son Hérodiade "dans la terreur" car, dit-il, "j'invente une langue qui doit nécessairement jaillir d'une poétique nouvelle". Il s'agit désormais de "suggérer" plutôt que de "nommer" et de trouver l'explication orphique de la terre.
Comme il s'éloignait résolument des Parnassiens, on fit de lui, le "père du symbolisme". Mais pour tous ceux qui fréquentaient les dandys de la rue de Rome ou sa maison de Valvins (près de Fontainebleau) – Villiers de L'Isle-Adam, Manet, et vers la fin, Gide ou Valéry – Mallarmé était bien plus qu'un chef d'école. Son expérience du langage poétique ouvre notre modernité.

Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Pascale Lismonde et Brigitte Rihouay.

Louis Aragon (1897-1982). Avec Olivier Barbarant, Nathalie Piegay et Josyane Savigneau sur France Culture.


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25.04.2009

L'oeuvre de Louis Aragon est impressionnante. Son ampleur, sa variété, sa durée exceptionnelle dessinent les contours d'un monument littéraire. De plus, elle émane de l'un des derniers "grands écrivains" dont la France est si friande. Et pourtant l'oeuvre d'Aragon est encore souvent réduite à la simplification d'une légende. En effet il existe un "mythe Aragon" qui vient recouvrir les textes comme un voile et en fausser la lecture. Ce mythe, qui s'est élaboré du vivant du poète et s'est perpétué bien après sa mort, repose essentiellement sur deux facettes de l'oeuvre et de la biographie. D'une part le couple formé par Elsa Triolet et Louis Aragon, censé incarner l'amour parfait, et d'autre part la dimension politique, l'engagement de l'homme et de son oeuvre.
L'amour et la politique, Elsa et le communisme, l'élaboration légendaire a fini par former des entrelacs d'une grande complexité. Les intervenants tentent ici de démêler quelques fils de cet écheveau, pour voir ce que le recul du temps permet de révéler, ce que les documents soulèvent comme interrogations, doutes, bref vérifier s'il y a un Aragon "nouveau".

Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Catherine Pont-Humbert et Dominique Costa.

Joseph de Maistre. Avec Luc-Olivier d'Algange, Jean-Louis Darcel, Jean Luquet, Janine Lucet, Jacques de Maistre et Jean-Marc Vivenza sur France Culture.


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31.12.2000

Savoissien de naissance (sujet de la monarchie sarde), français de langue et de culture, russe de passeport, Joseph de Maistre est l'un des derniers grands européens. Soucieux de la plus vaste intelligibilité du monde et de l'histoire, il s'attache à déchiffrer les événements qu'il traverse comme autant d'énigmes providentielles. La Révolution française, qui envahit la Savoie, puis le Piémont, a fait de lui un exilé, puis un ambassadeur de son roi auprès du tsar dont il deviendra le conseiller officieux. À travers ses livres (Les Considérations sur la France, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, Du Pape) il propose une vision métahistorique des soubresauts de son temps, qui est encore le nôtre.
Catholique romain épris de liturgie byzantine, parfait connaisseur de la philosophie grecque et des antiquités hébraïques comme des auteurs des Lumières qui l'ont formé, ouvrier du renouveau spéculatif de la franc-maçonnerie et, par dessus tout, grand écrivain, salué comme tel par ses pairs, de Balzac à Baudelaire, et de Bloy à Valéry, Joseph de Maistre déjoue toutes les caricatures auxquelles on a prétendu le réduire.
Il est temps, alors qu'un patient travail de critique scientifique dégage son œuvre des préjugés qui l'entourent encore, de ne plus se priver de ce classique méconnu.

Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Philippe Barthelet et Jean-Claude Loiseau.

Il était une fois sur cent. Avec Yves Pagès à la Maison de la Poésie.


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10.06.2021

Des années durant, l'écrivain Yves Pagès a glané toutes sortes de statistiques, notant dans un carnet des centaines de pourcentages. De ce vertigineux inventaire, il a fait un livre étrange qui, entre jeu littéraire à la Raymond Queneau et réflexions philosophiques à la Theodor Adorno, reconstitue par fragments le tableau d'une société infestée par une vision comptable du monde.
Difficile de rompre la glace du monstre statistique, d'échapper à ses ordres de grandeur qui prétendent tout recenser de nos faits et gestes, quantifier nos opinions, mettre en coupe réglée nos vies matérielles. Sous emprise comptable, chacun se sent casé d'office, sondé de bas en haut, pris au piège.
Mais alors, comment nous soustraire au grand dénombrement ? Un OVNI littéraire, aussi malicieux que réjouissant, que nous présente son écrivain.

Une rencontre animée par Sophie Joubert.

Charles Péguy (1873-1914). Avec Lucie Boscher, Nada Stancar, Patrick Charlot, Alain Finkielkraut, Simone Fraisse, Francine Lenne et Éric Thiers sur France Culture.


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08.05.2005

Par la modestie de ses origines, ses brillantes études, sa rectitude morale, ses engagements intellectuels et politiques entre socialisme et catholicisme de progrès, sa mort héroïque au combat le 5 septembre 1914 à quarante-et un ans, Charles Péguy est l'une des figures les plus intransigeantes que la France ait produites.
Séduisant, irritant, poète inspiré et polémiste redoutable, il a laissé, après quinze années d'une activité intellectuelle et littéraire intense, une empreinte ineffaçable chez ses contemporains et pour la postérité.
À le suivre, on croise également les personnalités politiques majeures de son époque et on décèle.

Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Catherine Soullard.

Charles Baudelaire (1821-1867). Avec Pierre Pachet, Jean-Michel Maulpoix et Jean-Baptiste Baronian sur France Culture.


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06.03.2011

"Ô fangeuse grandeur ! sublime ignominie !" : Baudelaire conclut ainsi son poème consacré à une prostituée, "Tu mettrais le monde entier dans ta ruelle". Pour le poète et l'homme, la beauté est dans la dualité, elle balance sans cesse entre perversion et transcendance, entre éphémère et infini.
Baudelaire gagne encore aujourd’hui à être redécouvert, tant les images successives et contradictoires du poète - décadent, révolutionnaire, réactionnaire, classique, chrétien, moderne - continuent d'exercer leur effet narcotique.
Né dans une "odeur de vieux" (Jean-Baptiste Baronian), auteur d'une oeuvre "singulièrement mince" (Pierre Pachet), Baudelaire est encore, à l'image du peintre de la vie moderne, ce solitaire qui va, court et cherche la beauté mystérieuse, "si minime, si légère qu’elle soit".
Baudelaire n'a rien d'un flâneur parisien qui s’abandonnerait à la pente de ses rêveries ou de ses obsessions. C’est un rôdeur, un chiffonnier de la ville, que le monde social ne laisse pas en répit. Qu’est-ce qu’être un individu dans une société de masse ? Après avoir épousé la foule, Baudelaire se retire dans ses vers.
C'est un Baudelaire de la "pensée vivante" (Pierre Pachet) qui émerge dans l'extraordinaire souplesse de sa phrase poétique, capable de suivre les ondulations du désir comme de restituer les chocs du temps. Mais ce sens de l'oscillation et de l'aléatoire surgit surtout, comme à l'état brut, dans ses Journaux intimes et Carnets, avec la liste de ses projets irréalisés.
Dans un monde qui va finir, Baudelaire apparaît alors comme l'auteur de "fusées pensantes" (Pierre Pachet), c'est-à-dire d'idées fulgurantes qui ont donné quelques morceaux de bravoure dont le sens résonne encore pleinement aujourd'hui.

Émission "Une vie, une oeuvre", produite par Christine Lecerf et Jean-Claude Loiseau.

Thomas Edward Lawrence, la passion de la pureté. Avec Jacques Dars et Jean-Christophe Victor sur France Culture.


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25.10.1984

Si Thomas Edward Lawrence (1888-1935) a été tour à tour archéologue, explorateur, agent secret, combattant, stratège, diplomate, écrivain et poète, ces activités n'ont été que les manifestations extérieures et successives d'une même obsession, d'un rêve éveillé. Un rêve de bâtisseur d'empire qui a poussé l'auteur du célébrissime Sept piliers de la sagesse sur les routes de l'Orient, d'Oxford au Caire et de Djeddah à Damas.
Lorsque ce rêve s'est brisé, lorsqu'il a estimé trahie par son propre pays et par les Alliés la révolte arabe à laquelle il s'était voué, il ne lui est plus rien resté que le désespoir, l'avilissement et cette implacable volonté d'autodestruction au terme de laquelle la mort est venue le fracasser au guidon de sa motocyclette.
Une vie obsedée par une idée.


Émission "Une vie, une oeuvre", produite par André Velter.

Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) et le rire des étoiles. Avec Philippe Jung, Jocelyne Sauvard, Alain Vircondelet, Thierry Dehayes et David Lebreton sur France Culture.


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25.03.2017

Dès l'âge de 26 ans, Antoine de Saint-Exupéry transporte le courrier vers le Sénégal pour la compagnie Latécoère, la future Aéropostale. Avant même de rejoindre l'Amérique du Sud, l'aviateur publie déjà ses premiers romans.
Vol de nuit, empli de camaraderie et de sens de la mission à accomplir, connaît un grand succès et remporte le prix Fémina. Devenu reporter et écrivain, il publie Terre des hommes, une oeuvre humaniste, avant d'être engagé dans l'armée de l'air en 1939.
"On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux", c'est le secret du plus enchanteur des voyageurs interplanétaires. Il nous apprend à dessiner des moutons, mais également à apprivoiser les renards, les businessmen, les vaniteux, et à célébrer les allumeurs de réverbères.
C'est en pleine guerre, en 1943, que l'aventurier donne naissance à son si touchant Petit Prince, illustré de ses propres aquarelles. Sa frêle silhouette à l'éternel cache-nez d'or, aux boucles blondes, et sa désarmante simplicité apparente vont conquérir le monde entier, lui qui avait pourtant atterri en plein désert "à mille milles de tout lieu habité".
Une des facettes moins connues du poète-aviateur est celle de l'inventeur. Tirant des leçons de ses expériences en vol, il cherche sans cesse à améliorer les engins aériens. L'esprit en effervescence, il griffonne des calculs et compose des schémas en marge de ses manuscrits ou sur les nappes en papier des bistrots.
Sa disparition en vol le 31 juillet 1944 est longtemps restée mystérieuse, avant qu'on ne retrouve au large de Marseille sa gourmette, l'épave de son avion, et enfin le pilote allemand qui l'a probablement abattu. Après sa mort, les fragments de son dernier livre, une méditation initiatique inachevée, sont publiés sous le titre Citadelle. Il y écrit : "Car ce poète, un soir auprès du feu dans le désert, racontait simplement son arbre."

Émission "Toute une vie", produite par Lydia Ben Ytzhak.