La littérature française respire-t-elle encore ? Avec Antoine Compagnon et Pierre Jourde à la Maison française de l'Université de Columbia.


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Enregistré le 08.10.2014
Posté le 17.05.2017
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Description :
"Elle ne s’est jamais aussi bien portée", a déclaré Pierre Jourde, auteur de La littérature sans estomac.
Le thème de la soirée était inspiré d’une conférence donnée par Julien Gracq à l’Ecole normale supérieure en 1960, intitulée : "Pourquoi la littérature respire mal". L’écrivain y dénonçait l’usage de "signaux qui font littérature" et se déclarait contre l’introduction du théorique dans le littéraire. Invité, le professeur de littérature Antoine Compagnon a rappelé qu’ "à toute époque, il existe un topos qui veut que la littérature se porte mal, ce que Raymond Aron appelait "l’illusion rétrospective de nécessité". Certes il y a eu de grands moments, comme l’année 1913 où sont publiés Du Côté de chez Swan de Marcel Proust, Le Grand Meaulnes d’Alain Fournier et La Colline inspirée de Maurice Barrès. La littérature ne se porte pas plus mal aujourd’hui qu’à d’autres époques."
Le champ littéraire français dénombre quelques absences, peut-être passagères : l’exercice du pastiche, autrefois indispensable dans la formation d’un écrivain, a aujourd’hui disparu. Les deux enseignants soulignent que les écrivains français ne se lisent plus les uns les autres, et regrettent l’absence de ce "commerce mutuel". Dans le passé, les maisons d’édition demandaient aux romanciers de rédiger des préfaces des œuvres classiques. On s’adresse aujourd’hui aux universitaires, ce qu’Antoine Compagnon qualifie avec humour de "gangrène".
Dans ce panorama de la création littéraire contemporaine, Pierre Jourde et Antoine Compagnon ont pointé "l’envahissement de l’autofiction" et souligné des éléments de renouveau littéraire : d’abord le retour du passé et des thèmes tabous comme la guerre et la période coloniale. Les auteurs parlent à nouveau de la France, de la Nation, de l’identité et de la guerre.
Une réflexion qui ne recule pas devant la critique, mais qui dépeint une situation plutôt encourageante.



Littérature Critique littéraire Roman Censure
Antoine Compagnon Pierre Jourde Université de Columbia

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