Depuis l'annonce du plan Marshall, au printemps 1947, s'est imposée dans la zone d'influence américaine la conviction que les prêts en dollars des années 1948-1951 avaient apporté une aide décisive aux "pays bénéficiaires". Ils auraient seuls sorti l'Europe occidentale de la faim, de la misère, des ruines et permis sa reconstruction. Ils l'auraient aussi protégée de l'Armée rouge de Staline qui corsetait l'Europe orientale.
Se fondant sur la chronologie et les archives, notamment américaines, Annie Lacroix-Riz éclaire autrement ce dossier. Elle revient sur les accords cruciaux qui, en six années seulement, ont ouvert la porte aux produits et capitaux américains : le Prêt-Bail à l'Angleterre, en 1941-1942, les accords de Bretton-Woods mondialisant le dollar, en juillet 1944, et les accords Blum-Byrnes de mai 1946.
Ces six années marquèrent l'avènement d'un projet qui, loin de dater de la Seconde Guerre mondiale, avait été initié et mené sans répit depuis les années 1890. En définitive, il s'agissait moins de tendre une main secourable à l'Europe que de mettre en place une hégémonie financière, commerciale, politique et culturelle.
Le ballet diplomatique de la crise ukrainienne est difficile à suivre, entre aveuglement et manipulations. Et pourtant, l'enjeu n'est rien moins que la paix dans une guerre qui déchire l'Europe.
Spécialiste d'intelligence économique, Pierre-Yves Rougeyron est le président du think tank souverainiste Cercle Aristote et le directeur de publication de la revue Perspectives Libres. Il nous donne un panorama de l'attitude des pays européens dans le dossier ukrainien, alors que la situation semble plus que jamais au point mort.
Les transformations du monde s'accélèrent à un train d'enfer depuis le 24 février 2022. La crise en Ukraine s'embourbe depuis lors et les politiques de sanctions à l'égard de la Russie ont fait intégrer à tous les pays en voie de développement les dangers de s'arrimer aux Etats-Unis. L'Occident, sous l'égide de Washington, est devenu peu à peu un repoussoir pour tous les pays souverains qui aspirent à le rester ou ceux qui aspirent à le devenir. Le continent africain ne fait pas exception.
La France, malgré son poids colossal notamment grâce à sa langue, a perdu pieds. Les coups d'Etat s'enchainent et les réactions diplomatiques sont plus catastrophiques les unes que les autres. Pendant que l'Occident creuse sa tombe, les BRICS, eux, bâtissent le monde de demain avec une philosophie bien différente de coopération.
L’économiste spécialiste des questions stratégiques Jacques Sapir nous livre ses analyses sur ce monde dangereux aux transformations à grande vitesse auquel l'Europe et la France auront bien du mal à raccrocher les wagons.
Émission "Le Samedi Politique", animée par Elise Blaise.
Le conflit en Ukraine illustre la faillite diplomatique du camp occidental, et tout particulièrement de la France d'Emmanuel Macron.
L'étiolement progressif de notre souveraineté explique cet état de fait, comme le montre Romain Bessonnet, secrétaire général du Cercle Aristote et spécialiste de la Russie et de l'espace post-soviétique.
Contrairement à ce qui est souvent affirmé, l'époque contemporaine ne marque pas un progrès décisif dans la soumission des gouvernements, en général, et de la guerre, en particulier, à certains principes supérieurs.
La création d'un e juridiction pénale internationale peut donner à croire qu'une institution humaine est capable de rendre la justice, sans que cette institution fasse elle-même partie d'un ordre politique quelconque, c'est à dire en dehors de toute responsabilité politique. C'est pourtant une dangereuse illusion d'imaginer que les Etats puissent être gouvernés par des gardiens qui, eux, ne rendent de comptes à personne.
Il serait grave que l'humanité oublie cette leçon fondamentale de toute politique - à savoir que la justice consiste dans l'équilibre - et qu'elle s'achemine ainsi, au nom de principes universels et abstraits, vers un nouveau système de pouvoir mondial, détaché de tout contre-pouvoir réel. Depuis l'Antiquité, nous savons que toutes les tentatives pour créer une "République idéale" trébuchent inévitablement sur l'éternelle et insoluble question : Qui gardera les gardiens eux-mêmes ?
Fondateur du site d'actualités Les 2 rives dont l'objectif est d'offrir une information basée sur les luttes et la réalité quotidienne des peuples latino-américains, le journaliste Romain Migus revient dans cet entretien sur la place de l'Amérique latine dans le nouveau monde en gestation et, plus généralement, sur la situation générale du continent sud-américain.