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Qu'il s'agisse de catastrophes naturelles, de drames historiques ou de violences familiales, c'est désormais à travers les yeux de la victime que nous les abordons. Le phénomène est notable dans tous les secteurs de la société : dans le droit, où la victime se voit accorder une place chaque jour plus importante dans le procès ; dans la littérature contemporaine, qui se concentre sur les malheurs intimes ; dans la politique, enfin, où se montrer à côté des victimes est un impératif absolu.
Si le nom de victime est très ancien, il a pris dans la modernité tardive un sens nouveau qui a fait d'elle une véritable "autorité interprétative" de notre monde pour reprendre l'expression du sociologue allemand Jan Philipp Reemtsma. Au risque de transformer la victimité en une qualité ontologique, une nature, ce qui la plonge dans une impasse car, n'étant plus référée à un événement, elle se voit privée aussi de toute issue à sa condition. La grande question n'est pas tant de s'apitoyer sur le triste sort de la victime, mais de savoir comment l'aider à sortir de cette condition.
Expliquer cette profonde mutation de notre rapport à la violence, à l'histoire et peut-être au sacré dont témoigne la montée en puissance de la victime est le des travaux récents du philosophe François Azouvi, auteur de Du héros à la victime : la métamorphose contemporaine du sacré (Gallimard, mars 2024).
Émission "Esprit de justice", animée par Antoine Garapon.
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