Produit typique de la symbiose judéo-allemande, Martin Buber (1878-1965) est aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands penseurs juifs du XXe siècle. L'originalité de son parcours n'en est pas moins souvent méconnue. Influencé dans sa jeunesse par la pensée de Nietzsche et la philosophie romantique de la vie, auteur d'une thèse de doctorat sur la mystique rhénane, il adhéra dès 1898 au mouvement sioniste parce qu'il y voyait une occasion pour le peuple juif de se régénérer en développant une "nouvelle culture de la beauté", vision "culturelle" qui le mit vite en opposition avec Theodor Herzl. Très proche de l'anarchiste Gustav Landauer, mais aussi de plusieurs représentants de la Révolution Conservatrice allemande, il se fit ensuite connaître par ses travaux sur le hassidisme, mouvement mystique juif antimoderne dans lequel il voyait l'exemple même d'une "tradition vivante".
Mais c'est surtout dans son livre le plus célèbre, Le Je et Tu (1923), que Buber s'est définitivement affirmé comme le théoricien d'une identité communautaire fondée sur la réciprocité : "Au commencement est la relation, qui est une catégorie de l'Etre". Les deux termes essentiels qui fondent la dialectique de la relation (que ce soit avec les autres hommes, la nature ou le cosmos tout entier) sont le Je-Tu, qui seul permet un véritable dialogue, et le Je-Cela, attitude réductrice et égotiste qui transforme les personnes en simples objets.
Une oeuvre à découvrir.
Émission "Le monde de la philosophie", animée par Rémi Soulié.
Que sait-on, finalement, de la langue gauloise ? Les Gaulois ayant privilégié l'oralité, ceci explique peut-être que les textes qui nous sont parvenus sont assez rares. Il en existe toutefois d'exceptionnels qui nous permettent de reconstruire cette langue qui fut autrefois parlée sur le territoire français pendant une période assez longue.
Que devons-nous alors à cette langue, et pourquoi le latin réussit-il à la supplanter ?
Émission du "Libre Journal de la France profonde", animée par Thibaut de Chassey.
Konrad Lorenz, père de l'éthologie moderne, et Arnold Gehlen, philosophe et anthropologue, ont offert des perspectives complémentaires sur la nature humaine. L'un explore les instincts et l'animalité chez l’homme, l'autre interroge son caractère inachevé et sa dépendance aux institutions.
Yves Christen et Benjamin Demeslay mettent en dialogue leurs réflexions pour éclairer la condition humaine entre biologie et culture. Une exploration originale des fondements de notre identité et de notre place dans le vivant.
Émission du "Libre Journal des lycéens", animée par Pascal Lassalle.
La parution récente de La Chasse au Cerf, second roman de Romain Debluë, est l'occasion de poser, à frais nouveaux, la question du roman catholique.
Outre la présence, parfois implicite, de l'œuvre des Bloy, Barbey, Bernanos, Claudel et autres Mauriac dans le cours du roman, la structure, le thème et le style de La Chasse, ouvrage riche en théologie comme en philosophie et en musique, rappellent certains grands romans des écrivains chrétiens des siècles passés.
Traditionnelle dans sa narration -balzacienne- autant que dans sa doctrine -thomiste-, cette somme romanesque met en lumière les quelques canons théologiques et littéraires d'une famille de romans qu'il faut bien, pour diverses raisons, nommer catholiques.
Émission du "Libre journal de la réaction", animée par Philippe Mesnard et Elisabeth Audrerie.
Hermès, dieu des commerçants et des voleurs, porté par ses sandales ailées ? Certes, mais Hermès est bien davantage que cela. Messager des dieux, il est aussi le porteur d'un savoir divin, que des générations d'interprètes ont tenté d'approcher. Mais cette connaissance n'est-elle pas... hermétique ? A date plus récente, la philosophie a fait grand usage de l'herméneutique, science de l'interprétation.
Rémi Soulié restitue ici la complexité de l'une des figures majeures du panthéon européen. Hermès, nous dit-il, apparaît aux moments cruciaux de l'Histoire, à l'heure où l'on a besoin de sens.
Émission "Parole et pensée", animée par Jean-René Ladmiral.
L'islam suscite des controverses sans fin et prête à bien des confusions. Mais qu'est-ce que l'islam, particulièrement dans le domaine philosophique ? Une manière d'être face à Dieu ? Une religion parmi d'autres avec ses dogmes et ses normes ?
Rémi Brague se confronte à ces questions fondamentales pour explorer la vision philosophique islamique de Dieu et du monde. Car l'islam, dit-il, n'est pas une religion au sens où nous l'entendons : c'est avant tout une loi qui conçoit la croyance comme une évidence innée qu'on ne saurait refuser sans mauvaise foi. Il est dès lors primordial de délaisser nos catégories chrétiennes de pensée pour tenter d'en comprendre la logique.
Émission "Le monde de la philosophie", animée par Rémi Soulié.
Les "maudits", ce sont les écrivains épurés à la Libération : Brasillach, Drieu la Rochelle, Rebatet, Céline, et plus d'une centaine d'autres, entraînés, plus ou moins consciemment, dans la grande fièvre politique des années 1930 et 1940.
Loin d'amener à remettre les choses en perspective, le temps qui s'est écoulé a au contraire favorisé la banalisation d'une imagerie manichéenne, où il n'y a plus que des (très) bons et des (très) méchants. Les opinions ont été transformées en délits, et une pensée unique veut imposer les limites d'un culturellement correct. Il existe une littérature immorale et des auteurs indécents, et leur traque est de salubrité publique.
C'est contre cette grande entreprise de la bêtise universelle, contre cet "esprit des listes noires" que nous devons nous dresser.
Sans sombrer dans la bêtise inverse, nous pouvons lire les livres des "maudits" pour ce qu'ils sont : des livres, bons ou mauvais.
Émission du "Libre des Littératures", animée par Jérôme Besnar.
Philosophe, journaliste et essayiste, Giorgio Locchi (1923-1992) fut l'une des figures tutélaires de la Nouvelle Droite, tutélaires mais lointaines, effet du temps. Raison pour laquelle il fallait la désensabler.
C’est l'objet de cette émission où son fils Pierluigi Locchi nous présente les grandes lignes de force de sa pensée, en revenant notamment sur le mythe surhumaniste et sa philosophie de l'histoire.
L'occasion de renouer avec un auteur fascinant qui fut un réel maître à penser.
Émission du "Libre Journal des lycéens", animée par Pascal Lassalle.