Socialisme utopique et socialisme scientifique (1880) est un des textes les plus connus et diffusés de Friedrich Engels. Pourtant, peu connaissent le contexte de l'élaboration du texte et les raisons de son extraordinaire postérité.
L'intervention de Jean-Numa Ducange et de Pierre-Henri Lagedamon vient combler ce vide, faisant suite à la réédition récente du texte aux éditions sociales dans la collection Grande Édition Marx et Engels.
L'occasion de revenir sur les multiples facettes des utopies de l'époque, utopies à propos desquelles Engels exprimait des critiques en vue de dépasser ce qu'il percevait comme une impasse politique.
Les guerres de religion qui ont ensanglanté le royaume de France nous lèguent de la religion une image de violence et de fanatisme, faisant écho à notre situation contemporaine.
Pourtant dès 1598, grâce à son édit de Nantes, la France a expérimenté un mode de coexistence original entre ses confessions religieuses. C'est la révocation de l'édit de Nantes en 1685 qui a mis fin à ce face-à-face, gommant pour longtemps des esprits la singulière réussite de ces temps d'exception.
Un moment charnière de près d'un siècle mais aussi un temps exemplaire de confrontation pacifique entre tenants de religions différentes, précédant les Lumières.
Socialismes et émancipation sensuelle sont-ils compatibles ? Plus largement, comment le monde politique a-t-il géré, à gauche, la question des sexualités ?
De Charles Fourier à Daniel Guérin en passant pas les positions du PCF, ce sont deux siècles d'évolution des pratiques et des discours que passent en revue les historiens Thomas Bouchet et Janine Mossuz-Lavau. L'occasion de dresser une cartographie générale et contrastée des constellations sensualiste et rigoriste dans cette partie de l'échiquier politique.
La révolution passera-t-elle par une libération des passions charnelles ?
Émission "Les Lundis de l'histoire", animée par Michelle Perrot.
Le bicentenaire de la mort de Napoléon a été marqué par des polémiques qui laisseront des traces dans la mémoire collective. Non que le souvenir des créations napoléoniennes ait disparu, mais certainement il demeurera entaché par le rappel obsédant, partiel et partial, du rétablissement de l'esclavage en 1802. Sans doute ne s'agit-il pas d'un "détail", et certainement ce fut une faute, mais cet épisode controversé aura eu le mérite, au moins, de rappeler que l'histoire est complexe, et qu'elle doit plus souvent être peinte en gris qu'en blanc ou en noir.
Le paradoxe de l'épisode napoléonien de notre histoire, c'est que s'il a légué à la postérité un riche ensemble de souvenirs dans lequel l'épopée a longtemps fait oublier les pertes humaines et l'émancipation des Juifs le rétablissement de l’esclavage, il n'a légué à la France aucun régime politique. L'empire et son "kitsch" carolingien a disparu avec Napoléon. Autant dire que si l'Empereur a consolidé la société issue de la Révolution française, il n'a pas fait mieux que la Constituante, la Convention ou le Directoire pour donner à la France un nouveau gouvernement. Deux siècles d'instabilité chronique ont suivi la chute de l'Empire. La Révolution n'était pas terminée, et ne l'est peut-être toujours pas.
En revanche, Napoléon a légué à la France la constitution administrative qui lui a permis de surmonter les crises politiques qui n'ont cessé depuis d'émailler son histoire. C'est à cet aspect de l'héritage napoléonien qu'est consacrée l'intervention de Patrice Gueniffey, avec quelques aperçus sur l'art de gouverner par lequel Napoléon fut la dernière incarnation historique du despote éclairé si cher à la tradition des Lumières.
De Sarajevo à Marioupol, est-ce que les guerres de Yougoslavie auraient quelque chose à nous dire du destin de l'Ukraine ?
Alors que le rôle de l'OTAN dans la genèse et l'extension du conflit russo-ukrainien est de plus en plus reconnu, le spécialiste de la Russie et de l'espace post-soviétique Romain Bessonnet et le spécialiste des Balkans Alexis Troude dressent un parallèle entre les guerres de dissolution de l'ex-Yougoslavie et la guerre en cours en y voyant la marque de l'impérialisme américain, aidé en cela par l'Union européenne et certains de ses états membres.
Au-delà des polémiques, que sait-on vraiment de l'assimilation et de son histoire ? La pratique qui consiste à exiger de l'étranger qu'il devienne un semblable remonte à l'Antiquité, et n'est le privilège ni d'un pays, ni d'une époque.
Personne n'avait jusqu'ici proposé une histoire globale de l'assimilation. L'ambition des travaux de Raphaël Doan est de donner un panorama des pratiques d'assimilation à travers l'histoire, de l'Antiquité à nos jours, de l'Europe à l'Amérique, du Japon à l'Arabie, des grands empires aux pays d'immigration.
Un fait se dégage : même si elle se révèle parfois contraignante, l'assimilation est toujours associée à l'universalisme, tandis que le refus de l'assimilation a souvent partie liée avec le racisme ou la xénophobie. Loin d'être synonyme de repli sur soi, l'assimilation se révèle historiquement le propre des sociétés ouvertes.
En creux, ce sont les problématiques de notre époque, marquée par les crises migratoires et la mondialisation, que Raphaël Doan cherche à éclairer, en abordant les problématiques de l'étranger et de l'immigration sous un nouveau jour. Faut-il chercher à rendre nos sociétés diverses plus homogènes ? Quel type de culture, quel rapport à nous-mêmes et à autrui voulons-nous ? Bref : à Rome, doit-on encore demander de faire comme les Romains ?
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Quel peut être le lien entre inceste et Apocalypse ? entre mariage, héritage et système familial ? Issus du même couple selon la Genèse, ou descendants des mêmes anthropoïdes, en un sens nous sommes tous apparentés.
Pourtant, selon des critères variés, toutes les sociétés distinguent l'étranger du parent. Et en principe on hérite du parent et on se marie avec l'étranger. Des différents systèmes familiaux sont nées autant de morales, de visions du monde, de civilisations.
L'Occidental est absolument exogame. Par conséquent toutes les autres sociétés lui paraissent pratiquer l'inceste. Au contraire l'Oriental est absolument endogame, et donc à ses yeux les autres sociétés pratiquent une bien curieuse exogamie. Mais au regard des ancestrales logiques tribalo-claniques, ce sont bien plutôt les pratiques occidentales et orientales qui peuvent faire figure d'aberrations.
Docteur en droit, Damien Viguier nous expose l'évolution historique de ces différents systèmes et ce qui en découle, modelant les sociétés, entre amour, argent et droit.
Émission "Pourquoi tant de haine ?", animée par Monsieur K.
Inquiétudes à l'Est, remous dans le Proche-Orient, effervescence dans le monde des étudiants, réforme de l'Église, et jusqu'à la peur de la drogue, ces problèmes que nous connaissons ont été aussi ceux qui préoccupèrent notre XIIIe siècle. Et une femme domine le XIIIe siècle, au moins dans sa première partie : Blanche de Castille. Il est frappant pour nous de voir cette femme assumer la charge du royaume et mener résolument une politique différente de celle des rois qui l'avaient précédée.
Blanche de Castille, dont les manuels d'histoire ont figé la physionomie en quelques anecdotes stéréotypées, nous est présentée par Régine Pernoud non pas seulement d'après les oeuvres littéraires mais autant que possible d'après les textes proprement historiques : enquêtes, correspondances, traités, rôles de comptes,... De cette étude rigoureuse se dégage une silhouette contrastée : celle d'une forte personnalité féminine - à l'image de son aïeule Aliénor d'Aquitaine -, une beauté très courtisée en même temps qu'une épouse exemplaire et une mère parfaite, une femme impulsive et ferme, une reine attentive au peuple et passionnée de justice : au total un personnage digne de cette cathédrale Notre-Dame de Paris dont la nef et les tours s'élevèrent au rythme de sa propre existence.
Émission "Portrait d'une reine de France", produite par Denise Alberti.