De la fondation du Musée de l'Homme (1937) aux fouilles sur le site de Pincevent en Seine-et-Marne, André Leroi-Gourhan (1911-1986), théoricien autant qu'homme de terrain, a laissé à sa mort en 1986 un héritage intellectuel qui se révèle aujourd'hui particulièrement d'actualité.
Par sa capacité à faire bouger les lignes, à combiner les évolutions paléontologiques de l'homme à celles de l'humanité en société, il aura renouvelé en profondeur les sciences de l'homme au XXe siècle.
Émission "La Fabrique de l'Histoire", animée par Emmanuel Laurentin.
Le terme de Réforme est, d'ordinaire, réservé aux protestants du XVIe siècle. Le phénomène semble en effet présupposer deux conditions sans lesquelles la rupture avec l'ancienne Église n'aurait pas été possible : l'humanisme et l'imprimerie. Or, le hussitisme - du nom de son "fondateur" Jean Hus et dont la capitale est Prague - est né trop tôt pour remplir ces critères.
Le mouvement tchèque n'a pourtant rien d'une hérésie médiévale : il a réussi, en Bohême et en Moravie, à conquérir la majorité des âmes et à se faire reconnaître une légalité publique. Le hussitisme appartient en réalité au nouveau modèle cultuel et social de la Réforme, et il oblige à en repenser la genèse.
Olivier Marin nous propose d'embrasser toute la destinée du hussitisme, depuis ses balbutiements dans les années 1400 jusqu'à sa disparition brutale. Des "martyrs" condamnés au bûcher à la résistance menée par un génie (pourtant aveugle) de la guerre médiévale, Jean Žižka, en passant par la politique des princes de la Renaissance ou la puissance des querelles théologiques, il brosse un tableau passionnant de ce pan méconnu de l'histoire de l'Europe.
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Auteur d'un premier livre sur l'histoire du vote sous la Révolution, très célébré dans son principe mais peu influent en pratique, Patrice Gueniffey revient sur son rapport à l'histoire au travers de son parcours personnel -notamment ses relations avec François Furet- jusqu'à la manière dont il envisage aujourd'hui cet événement si particulier que fut la Révolution française.
Émission du "Libre Journal des débats", animée par Charles de Meyer.
Depuis une vingtaine dʹannées, Olivier Grenouilleau remonte le temps et traverse lʹespace pour porter son regard sur la question des abolitions, de la traite négrière et de lʹesclavage. Car si lʹesclavage a "toujours" existé, il nʹest jamais allé de soi, mais il a fallu attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir des individus sʹélever afin non plus de le réformer ou de lʹhumaniser, mais de lʹabolir.
Dans son ouvrage La révolution abolitionniste, il montre le caractère à la fois profondément révolutionnaire et réformateur du projet abolitionniste et retrace des combats solitaires qui ont ouvert la voie à un phénomène global inaugurant une liste ininterrompue de conquêtes au nom des doits de lʹhomme.
Émission "Sous les pavés", animée par Anik Schuin.
Reprenant la question posée par Ernest Renan au XIXe siècle, l'historien Pascal Ory se place dans une perspective planétaire afin d'examiner les raisons pour lesquelles le cadre national, espace d'une rencontre entre l'identité et la souveraineté, loin de disparaître de l'horizon mondial, constitue toujours cette fiction utile, à travers laquelle les individus et les sociétés vivent et meurent.
Traiter du sionisme et de son évolution depuis l'engagement de Theodor Herzl à promouvoir la renaissance d'un Etat juif lors de son premier Congrès à Bâle en 1897 nécessite de connaître les causes profondes ayant incité cet homme à s'engager dans une telle aventure qui détermina tout le XXe et le début du XXIe siècles.
Pierre Hillard apporte, pour la première fois, les explications grâce à l'étude des Carnets complets de Theodor Herzl (1895-1904). C'est tout l'enjeu de ce document que d'éclairer les coulisses du monde politique, économique, financier et religieux européen avant la Première Guerre mondiale.
Une accélération du phénomène sioniste se fit en août 1933 lors de la conclusion de l'Accord de la Haavara ("transfert" en hébreu) entre les autorités nazies et sionistes. Alors que tout semblait les opposer, cet Accord permit l'élaboration d'une politique de peuplement juif et de modernisation de la Palestine -phénomène qui a perduré jusqu'en avril 1941- accélérant ainsi la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Ces événements documentés sont pourtant méconnus, alors que leurs répercussions sont importantes dans le cadre du mondialisme à la logique apparemment implacable.
Émission "Pourquoi tant de haine ?", animée par Monsieur K.
1. Qui êtes-vous ?
Ancien élève du lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine puis de l'ENS à Paris, l'historien François Hartog est né en 1946 à Alberville. Issu d'une famille de la moyenne bourgeoisie, c'est en hypokhâgne au lycée Louis Le Grand qu'il fait la découverte de la vie intellectuelle et politique. Il fait la connaissance en 1970 de Jean-Pierre Vernant (1914-2007) et s'oriente alors vers l'histoire ancienne avant de réfléchir, dans les années 1990, sur ce qu'il appelle les régimes d'historicité : la manière dont nous vivons le temps historique.
2. Histoire
Comment expliquer le basculement qui nous a fait passer au début des années 1970 de l'Histoire à la Mémoire ? De l'ère des grands acteurs à celle du témoin et de la victime ? Tiraillée entre la foi dans le futur et dans l'universel d'un côté, et l'histoire figée de l'autre avec la fin de l'Europe comme centre du Monde, l'Histoire s'écrit désormais au pluriel. Est-ce définitif ? L'Histoire le dira !
3. Temps
Nous sommes passés d'un temps où le futur était la catégorie dominante, celui d'une modernité valorisant vitesse et progrès, à un autre où le présent est venu occuper la première place, au point d'annuler le futur. Pour comprendre cette mutation, l'historien ausculte le temps chrétien d'où notre monde est sorti, s'intéresse aux Apocalypses, et s'interroge sur le nouveau futur qui s'annonce, avec le réchauffement climatique.
Durant les temps de crises et les périodes de guerre, l'homme cherche des coupables et/ou des bouc-émissaires. Celui qui s'en sort, voire qui tire profit de la crise, est pointé du doigt comme profiteur. L'État, quant à lui, est la cible d'accusations et appelé comme arbitre dans le même temps. À lui de préserver la morale sans saboter les intérêts du pays.
Comment les profiteurs étaient-ils vus par la société ? Quelle est la politique de l'Etat face à ceux qui font fortune de l'infortune de la société ? Comment définir l'argent immoral : est-ce celui obtenu par la corruption ou des canaux illégaux ? Celui qui échappe au contrôle de l'État ou celui de l'entrepreneur opportuniste qui sait tirer profit d'une situation ?
Une émission animée par Mari-Gwenn Carichon.