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La procréation est-elle une bénédiction ou un fardeau dans un monde marqué par la chute et l'attente eschatologique ? Les Évangiles, avec leurs paroles sévères sur les femmes enceintes en temps de crise ("Malheureuses celles qui allaiteront en ces jours-là", Mt 24), et les Pères de l'Église, tiraillés entre l'héritage juif du "Croissez et multipliez-vous" et les tentations ascétiques des hérésies encratites, ont profondément interrogé ce paradoxe.
À travers Clément d'Alexandrie, Jean Chrysostome ou Augustin, c'est toute une théologie politique du corps qui se dessine : la procréation y apparaît tour à tour comme un devoir naturel, une image de la Résurrection, ou une consolation divine face à la mort. Mais comment concilier ces visions avec l'urgence apocalyptique des premiers chrétiens, pour qui le monde semblait devoir s'achever demain ?
La réflexion de Marianne Durano, nourrie des travaux de Michel Foucault sur les Aveux de la chair, révèle une actualité brûlante. Alors que des philosophes contemporains comme David Benatar ou Antoine Bueno prônent un anti-natalisme radical (jusqu'à imaginer des "permis de procréer" contrôlés par l'État), les débats des premiers siècles résonnent étrangement avec nos crises démographiques et nos questionnements éthiques.
Entre biopouvoir, subjectivation chrétienne et résistance à l'indifférenciation, une question traverse les âges : engendrer, est-ce encore un acte de foi en l'avenir, ou le signe d'une soumission à un ordre naturel – voire politique – que certains voudraient dépasser ?
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