La démocratie renvoie à plusieurs réalités distinctes :
- c’est d’abord un mode d’organisation des pouvoirs (un peuple qui se gouverne lui-même selon des procédures à préciser : la souveraineté populaire)
- c’est un mode d’exercice du pouvoir qui, par des techniques diverses, garantit les droits subjectifs des individus ; en particulier, il protège les citoyens contre l’arbitraire et les abus auxquels tend spontanément tout pouvoir (la liberté)
- la démocratie est aussi un régime social dont l’idéal régulateur est l’égalité
La démocratie a toujours fait l’objet de critiques. On lui reproche de flatter la plèbe au détriment des hommes sages et raisonnables. On lui impute la médiocratie des goûts et des mœurs ou l’égoïsme et l’absence de sens civique. On l’accuse de diviser la société et ainsi d’affaiblir l’Etat. On la soupçonne d’être incapable d’effort prolongé, notamment dans le domaine diplomatique et guerrier. On veut y voir un simple théâtre d’ombres, derrière lequel, quelques individus appartenant aux élites sociale miment l’affrontement. On la soupçonne d’être corrompue et de protéger les intérêts des riches.
Voilà pour les critiques classiques. Mais la critique se renouvelle : la démocratie nourrit les haines ethniques et expose les minorités à la revanche des peuples majoritaires. La démocratie représentative est enfermée dans le cadre des Etats-nations, alors que les défis sont planétaires.
Puisqu’elle elle n’est plus adaptée, il faut la remplacer par des gouvernances régionales, comme l’Union Européenne, voire mondiale.
Emission "Du Grain à moudre".
Alors que la zone euro s'enfonce toujours plus dans la crise économique, les politiques d'austérités continuent leurs effets désastreux.
En outre, la plupart des états de l'Union européenne se sont accordés sur la mise en place du pacte budgétaire européen (officiellement appelé Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance) qui a pour vocation de faire converger les différentes économies du continent.
Comment comprendre alors l'écart toujours croissant entre les ambitions des élites europhiles et les réalités économiques du terrain ? Et comment fonctionnent les mécanismes institutionnels de l'Euro ?
Des questions auxquelles répondent Pierre-Yves Rougeyron et Philippe Murer.
La statistique, science en permanente évolution, joue désormais un rôle incontournable au sein de nombreux domaines scientifiques. Il est important de comprendre les problématiques et les enjeux de cette approche dans ses différentes applications.
Pour ce faire, Emmanuel Todd nous apporte son éclairage et sa vision de l’usage des statistiques dans sa discipline, la démographie.
Alors que l'ordre marchand a imposé sa logique fétichiste à la quasi-totalité du réel, il est important de comprendre les enjeux de la guerre entre l'être et l'avoir.
Le philosophe Francis Cousin ramène à notre mémoire la longue histoire qui aboutit aujourd'hui à la production d'un monde peuplé d'individus narcissiques et déchirés.
Un plaidoyer pour un retour radical vers la vraie vie.
Emission "Les trésors en poche" animée par Anne Brassié.
Pourquoi travailler ou pourquoi faut-il travailler pour vivre ?
La question reste ambiguë et encore aujourd’hui d’actualité : soit le travail est nécessaire à l’expression de la dignité de l’homme, soit l’expression du travail est réduite à celle d’une activité aliénante à laquelle on se soumet pour vivre.
Alain Supiot tente avec nous de comprendre dans quelles circonstances le travail peut être expérience de la nécessité, ou comment l’organisation sociale peut s’accorder avec l’exercice de la pensée.
Conférence prononcée dans le cadre du colloque "Le travail ou l’expérience de la nécessité", à l’occasion du centenaire de la philosophe Simone Weil.
Si Ivan Illich s’est intéressé à un très grand nombre de sujets, sa pensée n’en a pas moins une profonde unité. Illich a lui-même donné quelques indications sur ce qui fonde cette unité : "Je crois que le thomisme –ou plutôt Thomas, que j’ai redécouvert grâce à Jacques Maritain– a imprégné ma pensée, ma vie, mon expérience, et que je lui dois cette structure intellectuelle qui m’a permis d’aller de Hugues de Saint-Victor à Kant, et de Schutz –ou Dieu sait quel autre étrange auteur allemand– à Freud, voire de pénétrer dans le monde de l’islam, sans jamais me disperser."
Dans ce sillon s’enracine l’extrême sensibilité d’Illich à la notion d’échelle pertinente. Leopold Kohr, qu’il a côtoyé à Porto Rico, a attiré son attention sur l’importance cruciale de la taille des sociétés humaines, et une très grande partie des travaux d’Illich peuvent être envisagés comme une généralisation des idées de Kohr. La question de l’échelle est un impensé de la tradition philosophique occidentale, qui met un point d’honneur à définir des concepts sans jamais s’inquiéter des bornes quantitatives entres lesquelles ces concepts ont un sens. Les réflexions d’Illich sont un remède à cet impensé. Dans tous les domaines où elles se sont portées, elles ont mis au jour les liens étroits qui unissent le bien à ce qui a la bonne taille – une taille au-delà de laquelle ce qui servait la vie se met à lui nuire et à la détruire.
La conférence est donnée dans le cadre du colloque "Vivre et penser avec Ivan Illich. Dix ans après."
Bernard Stiegler développe l’idée que nous sommes entrés dans l’époque de l’hypercontrôle, rendue possible par les technologies numériques, les systèmes de big data, de traces et autres automatismes, omniprésents dans les développements et applications technologiques "hyperindustriels".
Dispositifs qui nous suivent autant qu’ils nous guident dans nos comportements, et qui constituent selon lui un processus de désintégration sociale.
Selon un fil historique et conceptuel, nous serons amenés à comprendre les éléments du contrôle et de la surveillance : tels qu’ils ont été pensés et utilisés depuis William Burroughs, l’écrivain américain chez qui Gilles Deleuze avait trouvé la récurrence du terme de contrôle, et à partir duquel il conceptualisa la formule de "société de contrôle", cela en passant par les écrits de Foucault et sa description des dispositifs de surveillance. Bernard Stiegler décrira les "sociétés de l’hypercontrôle" et l’automatisation généralisée, tout en posant le défi d’un "art de l’hypercontrôle" comme thérapeutique, ou "pharmacologie positive".
Alors que l'école publique française est gangrénée par l'héritage de Mai 68, la culture de masse et tous les mots qui finissent généralement en "isme" (antiracisme, communautarisme, égalitarisme), il est urgent de faire un état des lieux et de s'attaquer à la rénovation de cette institution qui jouait jadis le rôle d'ascenceur social.
Les divers représentants de l'institution s'empèchent volontairement de regarder la réalité en face : c'est ce à quoi nous convie Véronique Bouzou et son expérience de terrain au milieu de classes difficiles.
La survie de l'Education nationale est un défi lancé aux politiques, aux professeurs, aux parents et aux jeunes. Il est grand temps de le relever.
Les religions - et singulièrement ce que nous nommons les "monothéismes" - sont redevenus un objet d’attention des sciences humaines et sociales, contrairement à une prévision trop généraliste qui les regardait comme des objets ancestraux, archaïques, incapables de résister à ce que seraient les nouvelles catégories a priori du paradigme de la modernité : le siècle, la raison et le monde.
Pierre Magnard, en philosophe des religions mais aussi philologue réputé, tient en réalité, quant à la notion de "monothéisme" des hypothèses singulières : il prend d’emblée le concept dans une acception historique et positive, pour en montrer les effectuations pratiques dans une analyse qui s’inspirant moins du principe de différenciation s’articule autour d’une méthodologie ouvrant vers une métaphysique du religieux.
On verra ainsi, et de manière différenciée, ce que veut dire un Dieu nommé "un" et quelles sont les représentations du monde et de la nature qui en découlent, singulièrement au regard des représentations historiques de Dieu lui-même et, par exemple, de la loi qu’il donne.
Pierre Magnard expliquera enfin pourquoi, selon lui, le mot "religion" n’admet pas de pluriel, pour autant bien sûr qu’il tente de désigner l’effectivité historique d’une union capable d’embrasser l’humanité entière, selon une logique de l’harmonie, allant contre ce qui divise, individualise et particularise.
Marion Sigaut et Claire Colombi se sont penchées sur l’hypothèse récentiste, selon laquelle plusieurs siècles et personnages historiques bien connus n’ont en réalité jamais existé.
Sans concession, les deux historiennes appuient leur examen sur les faits et passent au crible les sources les plus fameuses du récentisme.
Les deux historiennes expliquent également la différence fondamentale entre le travail sur les archives et le travail sur les livres.
Enfin, elles donnent les conclusions de leur examen des différents arguments récentistes.