Au fil d'un jeu de questions/réponses mené par Philippe Foro, Jean Delumeau, historien français, spécialiste des mentalités religieuses en Occident et, plus particulièrement du christianisme, retrace son parcours universitaire : ses recherches doctorales sur la Rome du XVIe siècle et sa rencontre avec Fernand Braudel, l'orientation de ses recherches vers la Réforme protestante et le christianisme, son professeur Jacques Monod à Marseille, ses cours sur "La peur en occident" et son séminaire au Collège de France, qui a donné lieu à la publications de plusieurs ouvrages écrits collectivement.
Cet échange nous donne l'occasion d'envisager dans sa globalité l'œuvre et la pensée de ce grand historien.
Henri Blocher, fidèle à ses habitudes, commence par introduire le sujet en passant en revue les positions des historiens, philosophes et théologiens qui se sont penchés sur la problèmatique du sens de l'histoire.
C'est dans une perspective biblique et historique qu'il se penche ensuite sur la question, en abordant notamment le rapport entre Israël et l'Église, l'un comme l'autre peuple de Dieu
Enfin, il nous révèle le motif biblique qui devrait présider à notre compréhension des événements historiques : la création, la chute, et la rédemption.
Si Bossuet figure dans toutes les histoires de la littérature dignes de ce nom, c'est parce qu'il fut par excellence l'orateur du siècle de Louis XIV : une connivence naturelle semble s'établir entre ce que désire accomplir le Roi Soleil et le style de celui dont on a symbolisé la grandeur en le surnommant L'Aigle de Meaux.
Mais ce serait une erreur grave que de s'en tenir à une telle simplification, car Bossuet fut d'abord et avant tout un "chercheur de Dieu", une âme toute consacrée à Celui qu'il n'a jamais cessé de choisir.
Avec le talent qu'on lui connaît et sa grande sensibilité poétique, Dominique Daguet nous fait ici (re)découvrir Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704).
L’économie a sinon inventé un nouveau rapport à l’avenir, elle lui a donné une ampleur inédite. Sous certaines conditions qui font intervenir le politique, mieux, qui font véritablement de l’économie une économie politique, l’économie "ouvre" l’avenir, au sens que les hommes s’engagent sur son chemin avec confiance et détermination. Or c’est ce rapport qui est en crise aujourd’hui. De là que l’économie est hantée par le spectre de sa fin possible.
Il faut d’abord comprendre le type de rationalité que l’économie incarne et pourquoi, aujourd’hui déréglé, il confine à la folie. Le capitalisme fonctionne en se projetant vers un avenir qu’il doit imaginer sans borne - d’où la sacralisation de la croissance - et en se laissant tracter par lui. C’est ce qu’on appelle un "bootstrap", en référence aux exploits du baron de Münchhausen qui savait, dit-on, s’extirper d’un marais en tirant sur les lanières de ses bottes, ou bien, une autotranscendance. Or la question que posent les critiques du capitalisme commence à faire son chemin dans l’esprit des principaux acteurs de l’économie : quel sens cela a-t-il de vouloir toujours croître ?
Et d’abord, est-ce seulement matériellement possible ? Un capitalisme qui commence à imaginer qu’il pourrait mourir est, en un sens, déjà mort. La croissance, que l’on a d’abord désirée parce qu’elle devait apporter le bonheur, puis garantir l’emploi, est devenue indispensable pour éponger nos dettes par rapport aux générations futures. La crise actuelle est avant tout une crise du rapport à l’avenir.
Ce soir, nous nous poserons une question : la rhétorique est-elle son propre maître, ou bien se doit-elle d'obéir à une loi supérieure ? Est-elle tenue d'obéir à une certaine morale, ou bien peut-elle convaincre du mal ?
À travers cette conférence, nous voulons scruter les secrets de l'art oratoire et chercher à savoir dans quelle mesure il peut être un outil utile aujourd'hui.
Les techniques promettent abondance et bonheur ; elles définissent la condition humaine d’aujourd’hui. Pourquoi les contester, et à quoi bon ? Les discours technocritiques ne masquent-ils pas des peurs irrationnelles, un conservatisme suranné, voire un propos réactionnaire ?
Pourtant, depuis que les sociétés humaines sont entrées dans la spirale de l’industrialisation, des individus et des groupes très divers ont dénoncé les techniques de leur temps et agi pour en enrayer les effets.
L’introduction de machines censées alléger le travail, les macrosystèmes techniques censés émanciper des contraintes de la nature, la multitude des produits technoscientifiques censés apporter confort et bien-être, ont souvent été contestés et passés au crible de la critique.
Contre l’immense condescendance de la postérité, il s’agira d’explorer ces discours et luttes foisonnantes et multiformes pour mieux comprendre comment s’est imposé le grand récit chargé de donner sens à la multitude des objets et artefacts qui saturent nos existences.
Les Français et les Européens sont les dépositaires d’un héritage royal, celui de leurs origines et de leur histoire, mais ils ne le savent pas. Cet héritage leur a été celé. Ils ne le retrouveront qu’à la condition de s’en montrer dignes.
Sous différentes formes, le mythe de la mémoire retrouvée est présent au cœur des légendes fondatrices des autres grandes cultures européennes. Une telle similitude ne peut être fortuite. Avec tant d’autres signes, elle manifeste la parenté unissant les peuples européens à travers leurs mythes fondateurs. Le mythe de l’héritage caché nous dit aussi que, sans le savoir, nous mettons nos pas dans ceux de nos pères souvent ignorés.
Notre héritage spirituel ne devient conscient que par un effort de connaissance, fonction par excellence de l’histoire, avec l’enseignement du réel et le rappel de la mémoire collective. La culture européenne classique est la source ou nous devons chercher les repères et le sens en dehors desquels tout n’est que chaos.
Dans cet intervention, Babette Babich approfondit le débat entre philosophie analytique et philosophie continentale en analysant les grandes différences qui permettent de les distinguer.
Elle revient sur le point de vue des tenants de la philosophie analytique qui affirment que les problèmes philosophiques proviennent du manque de rigueur scientifique et souligne que la philosophie continentale s’attache à étudier les questions auxquelles tout être humain est confronté au cours de sa vie, ne serait-ce que ponctuellement.
Si le parcours de la philosophie ne mène nulle part, explorer les tours et détours qu’il emprunte, son cheminement, est capital pour la compréhension de notre humanité.
Est-ce que la condamnation de l'Action Française par le Vatican, sous un prétexte religieux, ne serait qu'une manoeuvre politique ?
Philippe Prévost résume ainsi les raisons réelles de la condamnation : "une raison de politique intérieure : terminer le ralliement ; une raison de politique extérieure : obliger les catholiques à soutenir la politique de Briand, qui avait l'entier appui du Vatican."
Le conférencier déroule ses démonstrations en s'appuyant sur des sources nouvelles (certaines archives du Vatican, et divers autres fonds, publics ou privés).
Pourquoi rééditer in extenso les minutes du procès Pétain (Journal Officiel 1945) à l'automne 2015 ?
70 ans après la condamnation à mort de Philippe Pétain, des échos sinistres de ce passé se font entendre dans notre pays, en Europe et dans le monde, même si les principaux protagonistes de l'époque ont disparu. En 2015, nous savons que les mêmes causes produisent les mêmes effets et nous souhaitons que 2015 ne soit pas une réédition de 1938.
Il est temps de regarder précisément ce que vivre en paix implique pour soi comme pour les autres sur notre planète commune. Nous pensons que redécouvrir le passé peut éviter de le revivre et contribuer à ce que le lecteur d'aujourd'hui devienne acteur de notre destin commun.
Telle est la raison majeure de cette édition des Balustres et du Musée de la Résistance nationaleAnnie Lacroix-Riz présente les enjeux de cette édition dont elle a rédigé la préface.
Le constat est douloureux, mais irréfutable : malgré le succès de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2012, le Front national réussit bien mieux que le Front de Gauche à capter le mécontentement populaire.
Comme dans la plupart des pays d’Europe, la crise du capitalisme profite moins à la gauche "radicale" qu’à une mouvance nationaliste favorable au capitalisme !
Tel est le paradoxe analysé par Aurélien Bernier tout au long de cette conférence/débat.