Bon connaisseur de la littérature consacrée à l'Allemagne nazie, le politologue Gilles Amiel bat en brèche quelques idées reçues concernant le Troisième Reich, notamment la prétendue existence d'un "Etat fort" au sens traditoinnel du terme et celle non moins problématique d'une idéologie nationaliste qui ne serait que l'exacerbation du logiciel national.
C'est également l'occasion de clarifier le concept de souveraineté et de comprendre en quoi l'expérience nazie en est l'antithèse, tant ses tropismes racial et impérial en nient l'idée même.
La crise boulangiste a bouleversé la vie politique française pendant trois années, de 1887 à 1889. Au cours de cette période, le général Boulanger a rassemblé autour de son nom les espoirs d'une grande partie de l'opinion publique et les forces nationalistes hantées par la menace d'une guerre avec l'Allemagne et déçue par la médiocrité du régime républicain en place.
Retour sur une épopée populaire qui aura fait vaciller le régime.
Philosophe sans système à l'influence protéiforme, Nietzsche a souvent été accusé d'avoir vu sa pensée être utilisée par les allemands pour nourrir leur impérialisme. On sait moins qu'il fut reçu et commenté dans le corpus du nationalisme français tant chez les élèves de Maurras et de Barrès que chez les renégats comme Drieu la Rochelle.
Pas ses travaux, Julien Dupré comble un vide historiographique et ouvre la voie à de nouvelles recherches pour comprendre le nationalisme français.
Jeune journaliste à Eléments et contributeur à Front Populaire, Rodolphe Cart publie un ouvrage intitulé Feu sur la droite nationale, réponse aux identitaires. Argumenté et parfois provocateur, il s'affiche souverainiste et ajoute que ce n'est pas l'identitarisme qui viendra à bout des problèmes que traverse notre pays.
Pour Rodolphe Cart, l'identitaire croit au sang que l'on reçoit et le souverainiste au sang que l'on verse. L'un honore l'Europe, l'autre chérit la France. Deux points de vue s'affrontent : la civilisation ou la nation.
Le débat continue en compagnie de Pierre-Yves Rougeyron, président du think tank souverainiste Cercle Aristote et directeur de publication de la revue Perspectives Libres
Écrivain majeur du tournant du XXe siècle, auteur dandy du Culte du Moi, "prince de la jeunesse" qui fut le maître de Mauriac ou de Montherlant, et que chérissaient le général de Gaulle et François Mitterrand, Maurice Barrès (1862-1923) est aussi le chantre du nationalisme, de "la terre et [des] morts", particulièrement impliqué dans l'antisémitisme de l'époque. De ces deux facettes, on a souvent insisté sur la carrière politique de l'auteur des Déracinés, et peiné à trouver une unité.
Emmanuel Godo, dans un ouvrage récent, aboutissement de trente-cinq ans de travail, montre les liens complexes et la cohérence secrète entre l'oeuvre altière de l'écrivain et l'engagement patriotique de l'homme politique. En ressort un portrait d'une grande densité et d'une grande finesse, sans complaisance pour les aspects noirs de Barrès, mais avec une admiration sans réserve pour son oeuvre.
Émission "Le monde de la philosophie", animée par Rémi Soulié.
Maurice Barrès est un grand nom de la littérature française ainsi que du nationalisme moderne. Pourtant, si son importance fut considérable dans l'histoire des idées, son aura a fortement faibli et il n'est plus beaucoup lu de nos jours. On le réduit trop souvent à quelques étiquettes convenues voire infâmantes afin de mieux le disqualifier et de se dispenser d'aller voir de plus près. Pourtant, loin d’être un doctrinaire dépassé, le symbole vieilli d'un passé lointain, Maurice Barrès fut avant tout un homme libre, dont l'énergie, le chagrin ou la quête d'absolu consonnent encore largement à notre époque avec nos propres interrogations.
Or, tel est justement ce que tente de mettre en évidence Jeremy Baneton dans un petit essai consacré à l’écrivain lorrain : Maurice Barrès, le prince de la jeunesse, (2023, Nouvelle Librairie). L'occasion de revenir, en sa compagnie, sur les grands événements de la vie de Barrès ainsi que sur ses grandes interrogations philosophiques et politiques.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'18'41 : Première partie - Le culte du Moi
- 0'22'07 : Une jeunesse lorraine
- 0'27'14 : Arrivée à Paris et influences littéraires
- 0'32'20 : Sous l'oeil des barbares
- 0'49'42 : L'égotisme barrésien
- 0'52'40 : Le passage de l'absolu au relatif
- 0'59'30 : Le passage du Moi au Nous
- 1'06'15 : Jules Soury
- 1'12'47 : L'aventure boulangiste
- 1'24'46 : L'ennemi des lois
- 1'32'58 : Seconde partie - Barrès et le nationalisme
- 1'39'39 : L'affaire Dreyfus
- 1'47'28 : Les Déracinés
- 2'05'01 : Une doctrine sociale pour le nationalisme ?
- 2'16'27 : Maurras et Barrès
- 2'33'21 : Les bastions de l'est et l'Allemagne
- 2'39'26 : Les diverses familles spirituelles de la France
- 2'40'33 : La colline inspirée
- 2'46'14 : Un jardin sur l'Oronte
- 2'48'56 : Conclusion et conseils de lecture
Un entretien mené par Antoine Dresse.
De l'empire Ottoman à partir du XVIe siècle jusqu'à l'hégémonie américaine contemporaine en passant par les colonialismes britanniques et français, le monde arabe n'arrive toujours pas à retrouver son autonomie stratégique en s'érigeant en pôle géopolitique majeure. Et ce, malgré des richesses autant naturelles qu'humaines incommensurables.
Les facteurs de blocage sont-ils d'ordre historiques ? culturels ? religieux ? idéologiques ?
On connaît le célèbre titre d'Henry de Montherlant, Barrès s'éloigne publié chez Grasset en 1927 quatre ans après le décès du célèbre écrivain. Pourtant, un siècle après sa mort, l'auteur du Culte du moi et des Déracinés n'est pourtant pas oublié ayant vu certaines de ses œuvres rééditées et différents travaux universitaires lui être consacrés. L'ambition d'Olivier Dard est ici, en s'appuyant sur les écrits de Barrès (1862-1923) comme sur les études publiées récemment à son sujet, de dresser un portait de ce dernier qui met l'accent sur trois de ses principales facettes.
Il s'agirt d'abord d'évoquer l'écrivain lorrain et l'acteur politique que fut Barrès en soulignant notamment la précocité de son succès littéraire, son implication dans les crises nationalistes de la IIIe République (boulangisme, affaire Dreyfus) ou encore son engagement en faveur de la Revanche marqué par son cycle romanesque des Bastions de l'Est et son rôle au cœur du premier conflit mondial où il publie Les diverses familles spirituelles de la France. Un deuxième volet vise à montrer à quel point Barrès, loin d'être un auteur limité à la France, connut de son vivant un fort rayonnement à l'étranger, et d'abord en Europe.
Dans ce tour du continent qui nous conduit de la péninsule ibérique à l'Europe centrale mais aussi, au-delà des mers à ce qu'on appelait alors le Canada français, une place particulière est faite à la Belgique tant Barrès a pu y influencer des écrivains et des nationalistes francophones, à commencer par Pierre Nothomb.
En troisième lieu, il s'agit de s'attacher à la postérité de Barrès sur un siècle pour brosser un rapide panorama de l'influence qu'il a pu laisser après sa mort, en France bien sûr, mais aussi à l'étranger. Ou pour le dire autrement se demander que signifient la personne et l'œuvre de Barrès en 2023.