La sociologie peut-elle prévoir ? Avec Edgar Morin à l'Université Toulouse II-Le Mirail.


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01.03.2000

La connaissance d'un présent complexe, ou du moins la conscience que l'on en a, permet-elle de "savoir ce qui est promis à la décadence rapide et ce qui va germer dans le futur" ?
Convoquant tour à tour Euripide, Hegel, Pascal, Bartholomeo De Las Casas, Ortega y Grasset ou Lévi-Strauss, la philosophie des Lumières et les Droits de l'homme, les "technosciences", la biologie, la physique ou la cybernétique et même la science-fiction, Edgar Morin rend compte de la difficulté, voire de l'impossibilité, de toute prévision : "On n'est jamais sûr d'avoir une connaissance de ce qui va contribuer à l'imprévisibilité de notre futur". Les événements imprévus, perturbateurs et inassimilables tels que l'on en a connus dans l'histoire ancienne ou récente, l'évolution des courants majoritaires dominants face aux contre-courants ainsi que les interactions continues entre les événements au niveau local et au niveau mondial ne permettent pas de prédire le futur. Surtout à l'heure de la globalisation et des changements induits par les avancées de la recherche scientifique sur le vivant, sur le génome. Ce moment où "l'Humanité peut remporter une première victoire de façon non mythologique sur la mort", et où, paradoxalement, "pèse sur l'Humanité la menace d'une mort collective et totale dûe aux risques nucléaires et écologiques" ne permet aucune prévision. "Nul ne possède un observatoire d'où il puisse déclarer que l'on n'inventera pas des formes sociales nouvelles, la créativité humaine ne peut pas être déclarée comme close". Néanmoins, malgré ces facteurs d'incertitude, Edgar Morin pense que la sociologie peut proposer une "problématisation du futur" qui serait assortie de vigilance, fondée sur un pari pour certaines valeurs et qui, plutôt qu'un plan programmé, mettrait en œuvre une stratégie modifiable selon le hasard des événements... "et puis, il faut s'attendre à de l'inattendu".

L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie ! Avec Hervé Kempf à ENS Paris.


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13.01.2011

Si nous voulons répondre aux défis du XXIe siècle, il faut revenir en démocratie : cela suppose de reconnaître l’oligarchie pour ce qu’elle est, un régime qui vise à maintenir les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques. Car la crise écologique et la mondialisation rebattent les cartes de notre culture politique : l’Occident doit apprendre à partager le monde avec les autres habitants de la planète. Il n’y parviendra qu’en sortant du régime oligarchique pour réinventer une démocratie vivante. Si nous échouons à aller vers la Cité mondiale, guidés par le souci de l’équilibre écologique, les oligarques nous entraîneront dans la violence et l’autoritarisme.

La contractualisation de la société. Avec Alain Supiot à l'Université de tous les savoirs.


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22.02.2000

L'idée s'est affirmée en Occident depuis deux siècles que le contrat serait l'aboutissement indépassable d'un progrès historique arrachant l'Homme aux sujétions des statuts pour le faire accéder à la liberté. Un mouvement irrésistible nous conduirait à un monde où chaque individu ne porterait pas d'autres chaînes que celles qu'il se fixe à lui-même. Mais le contrat n'est pas cet universel abstrait qu'on se plaît à imaginer : sa signification varie selon les cultures, les époques, et les contextes juridiques.
Le contrat n'est pas davantage cette pure relation binaire entre personnes égales, à quoi on croit pouvoir le réduire : il implique une foi commune en un Garant des pactes. Dès lors la contractualisation de la société ne signifie certainement pas une libération totale des individus. Elle est plutôt le symptôme du déclin des États et d'une "reféodalisation" du lien social.

Pour un protectionnisme européen ! Avec Emmanuel Todd interrogé par Pascale Fourier sur Radio Aligre.


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19.11.2008

Emmanuel Todd nous rappelle que dans la logique du libre-échange, le salaire n'est vu que comme un coût et amène mécaniquement à l'insuffissance de la demande globale. Ceci a pour le moment été masqué par la vie a crédit des ménages américains.
L'hypothèse protectionniste se développe ainsi sous l'effet et en réponse à la crise provoquée par l'éclatement de la bulle du crédit américain.
Selon lui, le protectionnisme ne peut plus désormais fonctionner au niveau national, car la mondialisation a créé des "économies régionales" dépendantes. Il faut donc créer les conditions dans lesquelles on peut assurer une remontée des salaires et de la demande, notamment par la préférence communautaire sur le territoire européen.
L'entretien se déroule dans le cadre de l'émission "J'ai dû louper des épisodes..."

Les fractures françaises. Avec Christophe Guilluy sur France Culture.


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17.07.2011

Christophe Guilluy, géographe et chercheur auprès de collectivités locales et d’organismes publics, affirme que la conception dominante d’une "société sans conflit, moyennisée, multiculturelle et consensuelle" masque l’existence de "graves fractures sociales et culturelles", dont les "couches populaires sont les premières victimes".
Il dénonce aussi l’image caricaturale d’une France où s’opposeraient d’un côté une minorité "d’exclus issus des minorités ethniques" et de l’autre une majorité d’inclus : les banlieues d’une part et les autres territoires d’autre part.
La "classe moyenne majoritaire et bénéficiaire de la mondialisation", n’existe pas. C’est un mythe entretenu par la "disparition des couches populaires de la sphère médiatique, culturelle et politique".