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Pouvons-nous approcher philosophiquement l'essence du christianisme ? Celui-ci nous est accessible par son noyau existentiel, tel qu'il est vécu dans la foi, l'espérance et la charité : il nous faut donc déchiffrer l'essence du christianisme au cœur de l'existence chrétienne. Or avec les Épîtres de saint Paul, nous avons un accès originaire et privilégié à une telle expérience fondamentale, car chez lui, cette expérience religieuse s'accompagne de sa première explicitation.
Et c'est clairement parce qu'ils ont redécouvert l'importance de cet événement fondamental, que depuis deux siècles, les philosophes n'ont cessé de dialoguer avec Paul : Kierkegaard, Nietzsche, Wittgenstein, Heidegger, Arendt, Jonas, Ricoeur, Agamben, et d’autres. L'objet des travaux d'Olivier Boulnois est de reprendre ce dialogue, en traversant les différentes interprétations philosophiques, faites tantôt de percées fulgurantes, tantôt de récupérations, de caricatures et de malentendus, pour nous approcher du véritable Paul : un juif du premier siècle qui croit en Jésus Messie (Christos).
En déchiffrant les Epîtres de Paul au plus près des textes, pouvons-nous aujourd'hui nous rendre sensibles à l'impact authentique et révolutionnaire de sa pensée ?
Une série de conférences prononcée depuis la chaire de métaphysique Étienne Gilson.


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Depuis une époque immémoriale, nous sommes entourés d'êtres et de choses - des animaux et des plantes, des objets quotidiens, des bâtiments - qui ont une forme reconnaissable, un certain "visage", et c'est une donnée première de notre expérience. Cela contribue à tisser une "texture des choses" que diverses théories contemporaines, de concert avec certaines forces sociales, s'emploient à défaire ou tendent à nier. Ainsi s'effectue peu à peu, de diverses manières, une disparition des formes et un retour à une réalité supposée être originairement un flux indifférencié.
Pour s'opposer à cette tendance à la fois intellectuelle et sociale, Jacques Dewitte met en évidence, à travers des lectures serrées d'Aristote, Heidegger et Arendt, un terrain commun pouvant accueillir à la fois une pensée des apparences vivantes et du tact qu'exige toute classification, une exigence de faire des distinctions conceptuelles dans la théorie sociale et politique.
Une réflexion fondamentale, donc, au sens où il pose les fondements rationnels de l'émerveillement devant un "monde beau et très divers".


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Où est passé le mot "âme" ? Pourquoi a-t-il été escamoté ? Comment s'est-il évaporé de notre langue, volatilisé de notre culture, évanoui de notre quotidien ? Que signifie sa disparition ? Et que nous
dit-elle de l'humanité contemporaine ?
Il n'y est pas allé d'une subite révolution. Il s'est agi d'un lent mais implacable effacement. Celui que Robert Redeker dévoile et démontre en refaisant l'histoire de ce mot perdu. Peu à peu, on a doté l'âme, vocable crucial, d'apparents compléments qui ont fini par se révéler decomplets substituts. On lui a préféré l'ego, le moi, le sujet, la conscience puis l'inconscient et, dernièrement même, le cerveau. Ainsi, de Descartes à Derrida, des premiers modernes aux ultimes déconstructionnistes, la spiritualité dévitalisée, le monde désanimé, l'homme désincarné n'ont cessé de croître sur l'âme désertée.
Mais la réalité de l'âme, elle, n'est pas éteinte. Elle s'est seulement absentée de notre pensée. Elle demeure le chiffre secret de la vie vivante et le restera tant qu'il ne sera pas trop tard.
À nous de la redécouvrir, la retrouver, la sauver.
Émission "Idées", animée par Pierre-Edouard Deldique.


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La technique semble désormais empiéter sur tous les domaines de l'activité humaine. La science se transforme en technoscience. La morale se fait gestion des ressources et management. La parole est livrée aux techniques de communication ; l'amour, au Kâma-Sûtra. Il n’est pas même jusqu'à l'évangélisation qui ne soit atteinte : on la conçoit aisément comme la nécessité d'allier Facebook à la Sainte Face, et Twitter à l'Esprit Saint. Il ne s'agit plus d'être, mais de faire (l'amour ou un beau discours). Mais un faire qui ne se fonde plus sur l'être ne peut en vérité que défaire, et sa volonté de puissance cache une impuissance radicale, qui asservit au lieu d'élever, qui manipule au lieu d'engendrer.
L'enjeu du cours de Fabrice Hadjadj est donc, avec Aristote et saint Thomas, de distinguer la technè (faire), de la praxis (agir) et de l'epistèmè (savoir), pour montrer en quoi le savoir-faire n'est pas d'abord un savoir, et en quoi la perfection de l'art ne se situe pas sur la même ligne que la perfection morale : la confusion, aussi bien que la séparation de ces trois espèces de vertu, est désastreuse.
Il montre également comment s'est opéré le passage de la technè des Anciens à la technique des Modernes, pour essayer de penser l'empire technocratique de notre époque (qui ne semble d'ailleurs plus une époque, mais un délai).
Ce sont bien les écrans qui font écran, en dépit de leurs nombreuses "fenêtres" et "icônes", et nos GPS qui nous égarent systématiquement, quand il s'agit d'être simplement ici...


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La pensée de Heidegger, réputée difficile, permet pourtant de comprendre les aspects les plus sombres du monde contemporain, notamment, le ravage de la terre par la technique.
Penseur de l'enracinement, porteur d'un nouveau regard sur l'histoire de la philosophie, Heidegger nous invite à méditer le mystère de l'Être, à entendre les paroles de l'origine et à attendre, dans la sérénité, "un dieu qui pourrait nous sauver".
Émission "Les idées à l'endroit", animée par Rémi Soulié.


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Peut-on lire Heidegger en dissociant l'homme de la pensée, l'engagement national-socialiste de ses concepts d'être, d'enracinement et de peuple ? Et comment lire Arendt qui a tout autant critiqué la dimension déshumanisante d'Etre et Temps que fait l'éloge de celui qui lui a appris à penser ?
Henri de Monvallier donne la parole au philosophe Emmanuel Faye et à ses recherches fouillée sur l'introduction du nazisme dans la philosophie.




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Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.


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Entré en khâgne pour y devenir traducteur de Virgile et d'Homère, Pierre Magnard reçut de Jean Beaufret l'interpellation de Heidegger, qui fit vaciller ses certitudes et une certaine manière d'être chrétien. Ce vacillement le conduisit vers Pascal, dont l'angoisse colore la foi d'une manière inoubliable, lequel Pascal le conduisit à Montaigne, ami de toute une vie. Deux figures en miroir entre lesquelles il lui parut urgent de ne jamais choisir, et auxquelles il consacra beaucoup de son industrie, comme à ces philosophes de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance que Char eût dit des Matinaux.
Un humanisme faisant l'épreuve du néant en l'homme et du silence de Dieu était possible, dont Maître Eckhart et Nicolas de Cues montrent le chemin ; un christianisme aussi, fondé non sur l'usage d'une raison dogmatique mais d'une raison joueuse, laquelle, tout en sachant que c'est le coeur qui lui donne ses principes, se déploiera en toute liberté.
Nous voici donc conté le chemin d'un philosophe, professeur émérite en Sorbonne, jusqu'à la couleur du matin profond...
Émission "Le monde de la philosophie", animée par Philippe Nemo.