Pour Ibn Khaldûn, immense historien arabe du XIVe siècle, l'État "civilise" au plein sens du terme, il crée une société civile, pacifique et désarmée. L'État trace une limite claire entre la société sédentaire, qui vit sous sa protection, et la société bédouine, tribale, qu'il ne contrôle pas. Mais il a besoin des deux mondes, puisqu'il tire du monde tribal la violence nécessaire pour imposer sa paix dans le monde sédentaire, où il puise ses richesses à travers l'impôt. Si on donne à ces termes, "sédentaire" et "bédouin", leur véritable sens, c'est-à-dire "sous le contrôle d'un État" et "hors du contrôle d'un État", la pertinence de la théorie peut être étendue très au-delà de l'Islam et du Moyen Âge.
Pour comprendre cette fascinante théorie utile à notre temps, Gabriel Martinez-Gros, avec toute la finesse et l'érudition qui lui sont coutumières, nous présente les lignes de force de l'œuvre d'Ibn Khaldûn pour nous permettre d'en cerner la richesse et la portée.
D'une inquiétante actualité, Pourquoi la guerre ?, est le titre qui avait été retenu par Freud pour la publication de ses échanges de lettres avec Einstein, et dont la circulation fut interdite en Allemagne.
Partant des questions soulevées quant aux destins de la pulsion de cruauté et ses possibles dérivations, Baudrillard, Derrida et Gresh vont eux-mêmes s'interroger sur les problématiques essentielles qui se posent encore au monde d'aujourd'hui : quelles nouvelles significations donner aux notions de guerre, de terrorisme et de souveraineté ? Et est-ce que la démocratie peut ou non avoir un avenir si l'on ne peut envisager l'émergence d'une nouvelle forme d'universalité ?
Une controverse menée par René Major, au sein de l'Institut des hautes études en psychanalyse.
Historien et auteur de Comprendre la guerre, Laurent Henninger évoque les grandes révolutions qui ont bouleversé l'art de la guerre. Il revient également sur la question de l'art opératif et les nouvelles dimensions de la guerre.
1_3 : Les grandes révolution de la guerre
- 0'00'00 : Générique et introduction
- 0'02'18 : Les origines de la guerre
- 0'06'45 : Première révolution guerrière : le combat à distance
- 0'12'12 : Apparition des premières formations compactes
- 0'13'55 : Les guerres aristocratiques et la révolution des peuples de la mer
- 0'20'32 : L'historien comme enquêteur de police
- 0'21'35 : L'infanterie comme arme majeure et populaire
- 0'24'15 : Les révolutions de la cavalerie
- 0'28'26 : Réflexion sur l'étude des phénomènes militaires
- 0'30'26 : Évolution, apogée et déclin de la révolution de l'infanterie
- 0'32'50 : Déclin de l'empire Romain et esprit de l'existence de la France jusqu'à l'UE
- 0'39'41 : Chaos postérieur à l'effondrement de l'Empire romain d'occident
- 0'42'00 : La féodalité et la chevalerie occidentale
- 0'46'45 : La renaissance
- 0'49'18 : L'augmentation de la taille et des équipements des armées
- 0'51'25 : Arme à feu collective et individuelle
- 0'55'05 : L'apparition des armées de masse
- 0'58'15 : Précaution géographique, civilisationnelle et épistémologique
- 1'02'15 : Aparté Amérindienne
- 1'05'55 : La nécessaire multidisciplinarité
- 1'08'40 : Arme automatique et conquête définitive
- 1'09'15 : Effondrement de la prédominance des peuples steppiques
- 1'12'40 : L'industrialisation de la guerre
- 1'16'13 : Conclusion
2_3 : L'art opératif
- 00'00 : Générique et introduction
- 01'23 : La genèse de l'art opératif
- 05'02 : L'art opératif en URSS
- 08'06 : L'art opératif comme discipline
- 15'08 : Métaphore du cavalier
- 18'50 : Débat théorique sur l'art opératif
- 19'46 : De la réalité militaire
- 23'55 : Une révolution en cours
- 28'07 : Conseil et méthode de lecture
- 30'26 : Conclusion
3_3 : Les nouvelles dimensions de la guerre
- 0'00'00 : Générique et introduction
- 0'01'11 : Les espaces fluides
- 0'07'46 : Les réseaux
- 0'11'11 : L'empire Britannique
- 0'14'10 : La puissance
- 0'16'13 : Le spectacle
- 0'19'46 : Les Anglo-Saxons
- 0'22'38 : La dette comme outil impérial
- 0'24'15 : Perspectives sur les espaces fluides et les réseaux
- 0'31'20 : Les début de la conquête de l'air
- 0'33'47 : Aparté sur Vauban, la révolution et Louis XVI
- 0'38'04 : Aviation comme continuité de la croyance en un objet magique
- 0'42'10 : Bombardements stratégiques et arme atomique
- 0'55'40 : La dispositif planétaire de la puissance américaine
- 0'56'57 : L'invasion Russe en Ukraine
- 1'01'37 : Petit tour d'alignement géopolitique et regard sur l'oligarchie française
- 1'04'27 : Remerciement et conclusion
Un entretien mené par Justin Curieux.
Commençant l'exposé en brossant un tableau de l'évolution du contexte géopolitique et des dynamiques stratégiques américaines, avec en toile de fond le basculement des pôles de puissance vers la Chine et son allié la Russie, Alain Soral et Youssef Hindi soulignent les tensions existant entre différentes factions au sein de l'État profond américain et leurs conséquences sur la politique étrangère des États-Unis.
C'est seulement dans un deuxième temps qu'il s'agit de comprendre, au sein de cet affrontement de grandes puissances, le rôle joué par l'État d'Israel qui, depuis les événements du 7 octobre, s'enlise dans une guerre punitive envers les populations proches qui lui sont hostiles, que d'aucuns qualifient de génocidaire.
Au sein de la société israélienne, la modération n'est plus de rigueur et malgré la douleur et la colère de certaines franges minoritaires, le process de radicalisation semble inéluctable.
Quel futur pouvons-nous alors envisager pour ce pays et, plus généralement, pour la région et le peuple Palestinien en lutte pour sa survie ?
Ancien ambassadeur, ex-numéro trois de la diplomatie helvétique, Georges Martin évoque dans ses mémoires (Une vie au service de mon pays, Sltakine, 2024) les meilleurs moments de sa carrière. Il y défend aussi une certaine vision de la neutralité de la Suisse récemment remise en cause. En effet, la guerre en Ukraine, qu'il tente de comprendre dans sa complexité historique et politique, est pour lui une amère déception et un énorme défi.
On comprend que reconstruire un avenir de paix durable pour les générations futures est ce qui lui tient le plus à coeur. Infatigable pacifiste, il ne se résoudra jamais à accepter la guerre et continuera à promouvoir la paix et à défendre une neutralité suisse active au service du monde.
La guerre de l'information par le contenu est peu étudiée dans le monde académique ainsi que -malheureusement- dans l'appareil d'Etat.
C'est la raison pour laquelle Christian Harbulot, expert international en intelligence économique et directeur de l'Ecole de Guerre Economique, nous propose cette série d'émissions, démarche pédagogique visant à faire naître une réelle culture civile du combat par l'information.
Une série d'émission animée par Nicolas Moinet.
Depuis qu'a commencé en Ukraine la confrontation de l'Occident et de la Russie, l'emprise sur l'opinion d'une présentation médiatique accumulant chimères et préjugés atteint des niveaux inégalés. En dissimulant les faits et les enjeux cruciaux à l'origine d'une crise commencée bien avant février 2022, en manipulant les peurs fantasmagoriques pour mieux mobiliser sous la bannière atlantiste, en imposant non seulement à l'opinion mais à l'ensemble des partis politiques leur rhétorique belliciste, les entreprises médiatiques se posent plus que jamais en seules détentrices du discours légitime.
Décryptant cette imposture, Fabrice Garniron revient également sur les torts des Etats occidentaux : les engagements pris par eux après la chute du mur de Berlin puis leur trahison peu après, leur volonté de prendre le contrôle de l'Ukraine quitte à déclencher une guerre civile, l'instigation d'un putsch sanglant pour renverser en 2014 un gouvernement démocratiquement élu et leur alliance avec la mouvance néonazie ukrainienne.
Au-delà du cynisme, Fabrice Garniron, voit dans cette logique de guerre une cause fondamentale : le suprémacisme, qui est au coeur de la vision du monde des élites occidentales, décidées à imposer au reste du monde ce que jamais elles ne voudraient se voir imposer. Dérive séculaire mais que le déclin inexorable de l'Occident a paradoxalement accélérée.