La crise idéologique du socialisme. Avec Marcel Gauchet au CEPPECS.


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Enregistré le 06.02.2010
Posté le 28.05.2013
Durée : 1 heures 27 minutes 35 secondes


Description :
L’ombre des années 30 continue de peser lourdement sur notre perception de la crise actuelle. Pourtant, soutient Marcel Gauchet, la différence saute aux yeux : l’offre idéologique par rapport à la crise que nous vivons est à peu près nulle. Elle se résume en fait à des succédanés d’idéologies du passé dont les adeptes eux-mêmes mesurent bien le caractère peu adéquat par rapport à la situation.
Sous l’effet de l’évolution de nos sociétés depuis la seconde moitié des années septante, le socialisme, tant dans sa branche révolutionnaire ou communiste que réformiste ou sociale-démocrate, est entré dans une profonde crise idéologique indépendante de ses succès comme de ses échecs électoraux, crise dont il faut comprendre les tenants et les aboutissants.
Le noyau de l’idée socialiste reposait sur deux piliers qui se sont écroulés sinon fortement érodés.
En premier lieu, le socialisme a perdu son acteur historique privilégié, le prolétariat, et le facteur de transformation sociale associé à celui-ci, la lutte de classes.
En second lieu, le socialisme a perdu l’assurance d’être au moteur de l’histoire et du changement social du fait de l’échec ou de la perte de confiance dans ses moyens, mais aussi à cause de l’effacement de son but.
Après trente années de consécration de notre foi dans la maîtrise du futur, la crise consécutive au choc pétrolier de 1973 a déjoué les prévisions techniques et fait défaillir les outils de gestion collective et de régulation économique. La rationalité de l’Etat comme le caractère désintéressé de ses agents ont été progressivement remis en doute. L’avenir cessant d’être figurable, la crise des instruments permettant d’en percer le mystère va amorcer le retour des marchés comme technique indépassable de gestion des incertitudes.
Enfin, le caractère souhaitable de la dissociation de l’Etat et de la société civile, l’échec de l’expérience collectiviste soviétique mais aussi le constat que la pénétration de la connaissance dans la gestion collective est plutôt source d’opacité et de dépossession que de transparence et de réunion avec soi vont peu à peu défaire la perspective d’une fin de l’histoire sous le signe de la communion humaine.
Au final, si l’objectif d’une société plus juste et plus démocratique conserve toute sa pertinence, force est de constater qu’il nous faudra pour y atteindre d’autres outils que ceux que l’évolution de nos sociétés a mise en défaut.
Conférence donnée au Collège Européen de Philosophie Politique de l'Education, de la Culture et de la Subjectivité (Ceppecs) dans le cadre du cycle "Qu'est-ce que le socialisme ?"



Politique Philosophie Socialisme Crise Etat Lutte des classes Prolétariat
Marcel Gauchet CEPPECS

En annexe :

Origine de la conférence

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