Avec Nietzsche s'inaugure une philosophie nouvelle, centrée dorénavant sur le corps et la vie, qui appelle une nouvelle histoire de la philosophie. En parcourant les grandes étapes de cette histoire, Barbara Stiegler introduit le lecteur aux philosophies de Descartes, Kant, Schopenhauer, Hegel et Marx, ainsi qu'à quelques grandes figures de la philosophie contemporaine, proches ou héritières de cette nouvelle philosophie de la vie.
Parce que le fil conducteur de cette nouvelle histoire suit la réalité concrète du corps et de la vie, son travail est aussi une introduction à l'histoire de la biologie, de la physiologie à la théorie de l'évolution, et jusqu'aux débats les plus brûlants de la biologie et des sciences médicales contemporaines.
À la lumière de ce parcours, la philosophie de Nietzsche ne peut plus apparaître comme une météorite solitaire et fulgurante. Elle se situe bien plutôt au beau milieu d'un tournant : celui à partir duquel, sur fond de fin de la métaphysique et de crise des savoirs, le gouvernement de la vie et des vivants doit devenir l'affaire de tous, nous obligeant à repenser de fond en comble les notions de "réalité" et de "vérité" en même temps que la valeur des énoncés produits par la science.
La philosophie savante s’est détournée des grands problèmes métaphysiques : qu’est-ce qui existe réellement ? pourquoi tout ce qui arrive, arrive ? peut-on tout savoir ? peut-on agir librement ? Ces questions doivent pourtant être sans cesse reprises.
Francis Wolff lest reconstruit sur la base d'un des fils conducteurs de la pensée contemporaine : c'est le langage qui fait du réel un monde.
En effet, que faut-il pour faire un monde ? Des noms, des verbes et des pronoms personnels. Ou plus précisément : des noms liés par des verbes pour pouvoir décrire le monde, des pronoms personnels (je, tu) liés à des verbes pour pouvoir y agir.
C’est à la défense de ces thèses que Francis Wolff se consacre ici.
Émission "Interdit d'interdire", animée par Frédéric Taddeï.
L'adage nous enseigne que "la réalité dépasse souvent la fiction". Et s'il s'agissait, simplement, de la fiction qui devenait realité ?
Car au fondement des tentatives acharnées mises en place par le pouvoir pour remodeler les individus et leur comportement, il y a une idée fondamentale : le constructivisme intégral. L'une des constantes de l'ingénierie sociale est ainsi de considérer l'existence entière comme une construction. Tout ce qui est donné, tout ce qui est naturel, peut être déconstruit puis remodelé, transformé et artificialisé selon un nouveau plan.
Pour désigner ce schéma général de déconstruction-reconstruction de tous les aspects de la vie, Jean Baudrillard parlait de "crime parfait" en dénonçant la mise en place d'un simulacre technologique du monde réel.
Quand le réel s'efface, c'est le storytelling qui s'impose.
Si l'image de Mai 68 a paradoxalement bénéficié des anathèmes présidentiels, excessifs, sur "l'héritage à supprimer", il n'est pas certain qu'elle survive, en revanche, à l'avalanche d'essais et de romans qui, pour des motifs marchands, a recouvert le Printemps de Mai 2008.
Car on n'embaume pas le Mai 68 sans le trahir, on ne congèle pas les étincelles sans supprimer leur éclat : rien n'est plus faux, malvenu et mercantile, par définition que la béatification éditoriale d'une révolte spontanée. Personne n'est plus infidèle à Mai 68 que tous ceux - ou presque - qui, quarante ans plus tard, racontent, une larme à l'oeil, et l'autre oeil sur le chiffre des ventes, "leur" Mai 68...
Comment faire, donc, pour parler de Mai 68 sans le perdre ? Et si l'on se penchait, arbitrairement, sur l'oeuvre marquante d'un des auteurs qui aura le plus marqué cette drôle de période, à savoir La société du spectacle de Guy Debord ?
Émission "Les Chemins de la philosophie", animée par Raphaël Enthoven.
Si la pensée se voit bien souvent promise aujourd’hui à la réduction à un flux de données ou au "dataisme", nous devons affirmer que "la donnée n’est pas la pensée".
Des questions se posent : qu’est-ce que lire et écrire, qu’est-ce que s’orienter dans la pensée dans un milieu où les modes de l’étude, et plus largement tout le travail intellectuel, se trouvent réorganisés et redistribués par le digital ?
Est-il possible de penser et étudier aujourd’hui sans les données numériques ? Et si la donnée n’est pas la pensée, peut-être les data peuvent-elles aider à penser ?
Mais ne convient-il pas avant tout de s’interroger sur la relation entre "les données" et le monde ? Quelle sont les conditions (documentaires, épistémologiques, politiques) de ce monde à venir ?
Lors de cette rencontre, il s’agira de susciter une relation réfléchie entre l’ "obtenu" des data et le donné du monde, de rassembler les démarches herméneutiques et les méthodes analytiques.
Si le "tout information", au sens d’une réduction du tout aux data, n’est pas "tout", il convient néanmoins de se demander dans quelle mesure les data peuvent demeurer ouvertes à l’expérience de la pensée.
Face à la prolifération des masses de données (big data) et leurs corrélations par la "raison" algorithmique, nous devons nourrir cette conviction de l’importance du maintien du travail de la pensée.
Plutôt qu’une reconstitution linéaire de l’histoire de la philosophie, l’intervention portera surtout sur ce qui, à la faveur de la crise en cours, fait surgir la spécificité de l’interrogation philosophique en général, via ses concepts les plus récurrents.
La référence aux auteurs servira à illustrer les problématiques ainsi dégagées, autant que leurs effets transversaux dans les champs concernés : du poétique au politique, en passant par le religieux ou le scientifique.
L'ouvrage de Paul Jorion Comment la vérité et la réalité furent inventées est l'un des rares ouvrage en anthropologie des savoirs consacré à l'émergence au sein de notre propre culture des notions de "vérité" (au IVe siècle av JC en Grèce ancienne) et de "réalité" (au XVIIe siècle en Europe).
La mise au point de la logique par Aristote et l'invention du calcul différentiel par Leibniz et Newton jouent un rôle décisif dans ces évolutions.
Paul Jorion se concentre ici plus particulièrement sur la naissance des concepts de "vérité" et de "réalité" au sens où nous entendons aujourd'hui ces expressions.
La démonstration de l' "incomplétude de l'arithmétique" par Kurt Gödel servira d'illustration à l'usage de la logique et des mathématiques dans ce qui se présente, de nos jours, comme une description "vraie" de la "réalité".
En 2017, le Pouvoir gouverne toujours par le chaos et le pilotage de la guerre de tous contre tous. Autrement dit, le Pouvoir ne fait plus la guerre directement, mais il veut nous faire faire la guerre à sa place, c’est-à-dire qu’il cherche à nous entraîner au moyen d’appâts dans des conflits dont il sera le chef d’orchestre inapparent. Application systématique d’un "diviser pour régner" furtif, ni vu, ni connu.
Pour ne pas se laisser hameçonner et entraîner de manière subliminale dans des conflits triangulés, un travail de ré-information est nécessaire. La notion de ré-information, qui succède à l’information et à la désinformation, est bien connue, mais pourquoi parler de "ré-information active" ? Parce que, dans un premier temps, la ré-information est seulement "défensive". On se ré-informe en partageant des informations entre gens qui pensent la même chose. Or, ce n’est plus suffisant aujourd’hui et il faut passer à la vitesse supérieure : chacun doit devenir lui-même un agent actif de ré-information autour de lui, dans la famille, chez les amis, au travail, sur les réseaux sociaux.
Il faut devenir un agent d’influence, un spin doctor, en se formant aux méthodologies de retournement de l’opinion et d’ingénierie sociale appliquées dans les think tanks. Cela revient à fonctionner sur le mode du réseau de Renseignement, comme le font les lobbies et les sociétés de pensée, qui ont quelques longueurs d’avance sur le bon peuple, peu habitué à ce qui ressemble fort à une double vie et à des relations empreintes de faux-semblants. Mais nous n’avons pas le choix : reprendre le pouvoir se fera dans l’institution, en élaborant une vraie stratégie d’infiltration du Système et de contamination virale et capillaire.
Ce second atelier a pour objectif de poursuivre une dynamique stimulante de passage à l’action, appuyée sur l’observation des bonnes pratiques de communication qui permettent de se réarmer mentalement, et surtout de réarmer notre entourage afin de gagner la guerre culturelle, au sens de Gramsci, qu’on appelle aussi guerre de l’information, guerre psychologique, guerre cognitive.
Le but final est simple : imposer notre hégémonie culturelle pour endiguer celle du mondialisme et de ses diverses facettes morbides. Concrètement, localement, appliqué au cas français, cela signifie en finir totalement avec la pensée libérale-libertaire issue de Mai 68 et donc de "dé-soixante-huitariser" définitivement les esprits, au nom de la lutte contre le capitalisme et ses dérives transhumanistes.
N’attendez plus, ré-informez !