Sur quoi fonder la valeur de l'humanité ? Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure.


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08.10.2018

Pour l'humanisme, l'humanité a une valeur intrinsèque et tous les êtres humains ont une valeur égale. Mais sur quoi peuvent se fonder ces deux étranges idées ? Non pas sur une idée théiste. Si Dieu existe, c'est lui qui est la source de toute valeur. Et il a peut-être "fait tous les hommes égaux" mais peut-être non : ils ne valent que s'ils le reconnaissent ou s'ils respectent ses commandements.
Non pas sur une idée naturaliste. A l'échelle de la nature, l'espèce humaine n'a pas plus de valeur que toute autre espèce de mammifères ou de moucherons ; ou peut-être même en a-t-elle moins, si l'espèce humaine est la prédatrice suprême. Et il serait contre-intuitif de soutenir que la "Nature a fait tous les hommes égaux".
Francis Wolff s'efforce de montrer que les deux thèses humanistes se fondent sur la définition même de l'être humain comme "animal rationnel", à condition d'entendre "rationnel" non pas au sens d'une quelconque aptitude intellectuelle mais au sens de "logos", faculté de dialoguer.
Plus ambitieusement, Francis Wolff propose une déduction rationnelle de l'altruisme et s'efforce de réconcilier les deux sens opposés du "bien" : "être bien" et "faire du bien" ("bonheur" aristotélicien et "moralité" kantienne).

L'intérieur et l'extérieur. Avec Claude Romano à l'Ecole Normale Supérieure.


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02.12.2019

Un important débat oppose, dans la philosophie contemporaine, les tenants d'un externalisme, affirmant que les contenus de nos états mentaux (désirs, croyances, etc.) dépendent essentiellement de la manière dont nous sommes reliés à notre environnement, qu'il soit physique ou social, et les tenants d'un internalisme (position héritée de la dichotomie cartésienne entre esprit et monde), soutenant que ces contenus sont purement internes et ne font intervenir aucune référence à la manière dont est le monde.
Mais, même si on souscrit à une position externaliste, c'est-à-dire si l'on affirme qu'il n'est pas possible d'appréhender ce qu'est la pensée en termes purement mentaux, il faut donner un statut à la pensée "intérieure" en un autre sens, à la pensée privée qui s'exprime par exemple dans le monologue intérieur.
C'est cette différence entre la pensée telle que je peux l'endosser devant d'autres au moyen d'actes de langage publics, et la pensée "intérieure" ou purement privée qui nous intéresse plus particulièrement ici. La pensée publique procède-t-elle d'une pensée privée, ou n'est-ce pas rigoureusement l'inverse ? Comment comprendre le statut de la pensée intérieure et qu'est-ce qui se joue au juste dans son extériorisation ? Quel est le rôle du langage dans cette pensée solitaire ?

Les trois utopies européennes. Avec Francis Wolff à l'Institut Diderot.


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08.03.2022

Comment la France, sans l'Europe, pourrait-elle assurer son indépendance, peser sur la scène du monde, affronter les défis planétaires qui sont ceux de ce siècle ? Puis la Russie entreprit d’envahir l'Ukraine, on sait avec quelle violence destructrice.
Cette rencontre se déroule aux premiers jours de cette guerre et donne à ces échanges une gravité particulière, mais aussi une espèce d'actualité paradoxale : l'Europe en général, et l'Union européenne en particulier, nous paraissent d'autant plus précieuses qu'elles se trouvent soudain confrontées à une guerre, certes en dehors de celle-ci mais sur le territoire de celle-là !
Le propos de Francis Wolff n'en devient que plus pertinent. "Jamais nous ne nous sommes sentis autant européens, jamais, depuis la fin de la guerre froide, nous n'avons mieux su ce que "européen" veut dire."

Puissance et impuissance de la raison face au problème éthique. Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure.


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07.10.2019

Le "problème moral" consiste à déterminer les normes et les valeurs pratiques, et finalement le bien humain. Deux réponses classiques s'opposent : agathos ou kalos disaient les Anciens ; bonheur ou vertu comme disent les Modernes. Car il est bien connu que l'un va sans l'autre, au point que le vice souvent prospère et qu'il arrive bien des malheurs à la vertu.
On nommera "problème éthique" une autre question, posée cette fois à la raison humaine : un être parfaitement rationnel choisirait-il de maximiser ses avantages et de minimiser ses inconvénients, ou au contraire d'agir toujours conformément à une loi morale universelle ?
Ce problème met en jeu deux types de réponse à la question de savoir ce que peut et ce que vaut la raison. Selon la première, la raison ne pourrait avoir qu'un rôle technique ou "instrumental" : au mieux, elle pourrait servir aux calculs de la prudence ; au pire, elle serait une puissance vouée à la domination des hommes ou de la nature. Selon la seconde conception, elle serait la seule puissance capable d'arracher l'être humain à ses désirs et passions égoïstes et de déterminer les conditions d’actes désintéressés.
Francis Wolff montre que ces deux conceptions présupposent en fait une même idée, "monologique", de la raison à laquelle est opposée une conception "dialogique", capable de surmonter les dilemmes classiques et de réunifier l'idée du bien.

Avant l'homme... Et après ? Avec Francis Wolff à l'Ecole Normale Supérieure.


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28.05.2018

Pour l'humanisme, l'humanité n'est pas seulement une espèce d'êtres vivants, homo sapiens, mais elle est une communauté morale et une valeur. Plus précisément, l'humanisme, au sens où l'entend Francis Wolff, implique trois thèses : l'humanité a une valeur intrinsèque ; l'existence des êtres humains a une valeur absolue ; l'humanité est source unique de valeurs. Ces idées ne vont pas de soi. "Avant l’homme" il y eut (et il y a encore, d'une certaine manière), le Dieu de la révélation ; et "après l'homme", pointe aujourd'hui la Nature. Selon ses deux rivales, l'humanité a certes une valeur, mais extrinsèque et relative, parce qu'il y a une source de valeurs supérieure dont dépend celle de l’humanité.
Concernant la première rivalité, Francis Wolff évoque ce qu'on a appelé la "sécularisation des Temps modernes", c'est-à-dire le processus par lequel la religion cesse, en Occident, d'être le repère central de la vie sociale (théocentrisme) pour gagner progressivement la sphère privée. Concernant la seconde rivalité, il s'agit de revenir sur les débats actuels autour de la valeur intrinsèque de "la nature" sous ses différentes formes (biocentrisme, écocentrisme, zoocentrisme) et l'actuelle position médiane du christianisme ("la vie humaine").
L'humanisme n'en reste alors pas moins le pire système... à l'exclusion de tous les autres !

La crise de l'universel. Avec Chantal Delsol et Francis Wolff sur France Culture.


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07.03.2020

De nos jours, la promotion de la diversité au rang de valeur suprême nous montre que l'universel est en crise. C'est pourquoi cette idée mérite plus que jamais d'être défendue par un plaidoyer ardent et argumenté.
C'est ce à quoi les philosophes Chantal Delsol et Francis Wolff se sont employés dans leurs livres respectifs Le crépuscule de l'universel et Plaidoyer pour l'universel : fonder l'humanisme.

Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.

Comment le langage fabrique le monde ? Avec Francis Wolff pour le Festival Philosophia.


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05.09.2021

Le monde n'existerait pas pour nous si nous n'avions pas à notre disposition des noms, des verbes et des pronoms qui nous permettent de formuler les trois grandes questions qui agitent l'humanité depuis ses origines : Qu'est-ce qui existe réellement ? Pourquoi tout ce qui arrive, arrive ? Qui a fait cela ? C’est la thèse simple, mais profonde du philosophe Francis Wolff.
En l'exposant à travers des exemples concrets et des références à Aristote, Descartes ou Leibniz, il nous délivre une magistrale leçon de philosophie.

Un entretien mené pas Martin Legros.

Plaidoyer pour l'universel. Avec Francis Wolff à la Librairie Ombres Blanches.


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26.10.2019

Jamais nous n'avons été aussi conscients de former une seule humanité. Nous nous savons tous exposés aux mêmes risques : changement climatique, crise économique et écologique, épidémies, terrorismes, etc. Mais alors qu'elle s'impose dans les consciences, l'unité de l'humanité recule dans les représentations : revendications identitaires, nationalismes, xénophobies, radicalités religieuses. L'universel est accusé de toutes parts : il serait oublieux des particularismes et des différences, en somme il serait trop universel. Ou il ne le serait pas assez, il ne serait que le masque du plus fort : du patriarcat (tous les hommes, mais pas les femmes), de l'Occident (tous les hommes, mais seulement les Blancs), ou de l'anthropocentrisme (tous les hommes, mais pas les animaux).
Contre ces replis, il faut que les idées universalistes retrouvent leur puissance mobilisatrice et critique. Contre la dictature des émotions et des opinions, défendre la raison scientifique. Contre l'empire des identités, refonder une éthique de l'égalité et de la réciprocité.
Sur quoi peut aujourd'hui reposer cet héritage des Lumières ? Ni sur un Dieu, ni sur la Nature, car ils prouvent tout et son contraire. Il faut s'y résoudre : l'humanité est seule source de valeurs. Pour autant, nous ne sommes pas condamnés au relativisme. Car l'humanité, ce n'est pas seulement l'ensemble des êtres humains, c'est aussi la qualité présente en chacun de nous et qui nous lie aux autres : non pas la capacité de communiquer qui est aussi propre à d'autres espèces, ni l'aptitude à raisonner que possèdent certaines machines, mais la faculté de raisonner en communiquant, autrement dit de dialoguer.