Le 30 janvier 1933, lorsque Adolf Hitler accède au pouvoir en Allemagne, un de ses objectifs est de mettre fin à "novembre 1918". Il désignait ainsi l'esprit révolutionnaire et républicain né à la fin de la Grande Guerre, coupable selon lui d'avoir mis son pays à genoux. Un an plus tard, à Vienne, Engelbert Dollfuss écrase dans le sang le mouvement ouvrier autrichien. En dépit de leurs différences, Hitler et Dollfuss partageaient une même volonté : liquider les mouvements socialistes et communistes les plus puissants d'Europe.
Quinze ans plus tôt à Berlin, Vienne, Budapest, Munich, la révolution était à l'ordre du jour dans tout l'espace de la Mitteleuropa. Les républiques proclamées comme les expériences de démocratie "par en bas" se multiplient.
Des épisodes, désormais largement oubliés et refoulés, sans lesquels l'histoire de ces pays est pourtant incompréhensible. Refusant de comprendre cette histoire en considérant comme inévitable la fin tragique de 1933, Jean-Numa Ducange revient sur ces expériences, et montre que d'autres possibles existaient.
L'essayiste québécois Mathieu Bock-Côté et l'historien belge David Engels, établit en Pologne, débattent de la souveraineté, l'identité et la mondialisation à l'heure du coronavirus !
Deux voix discordantes qui nous font profiter de leurs réflexions sur ces questions cruciales.
Un entretien mené par Nicolas Vidal.
Inquiet de voir la civilisation européenne dépérir, l'historien David Engels nous livre ses réflexions et conseils personnels tout au long de cet entretien.
L'occasion de revenir sur la situation sanitaire en Europe centrale, l'état de la mondialisation et le déperissement de l'Union européenne.
Un entretien mené par Nicolas Bonnal.
L'annexion de la Crimée en 2014 et la guerre hybride menée dans le Donbass depuis lors ont profondément affecté les rapports des pays occidentaux avec la Russie. Des sanctions économiques ont été prises par l'Union européenne et les USA à l'encontre de celle-ci. En réponse le pouvoir russe tente par tous les moyens de diviser le front occidental et pratique une désinformation à destination des opinions publiques européennes et nord-américaines.
Christian Faure et Jure George Vujic essaient de dissiper les faux-semblants en rapportant les thèses à des données de l'histoire ou de la vie contemporaine en Russie. Car ce pays connaît une nouvelle phase d'obscurantisme réactivant les démons du passé.
L'espérance toutefois demeure, elle qui selon un proverbe russe "meurt en dernier". Un édifiant portrait critique de la Russie de Poutine.
Émission du "Libre Journal de la jeunesse", animée par Pascal Lassalle.
Juriste de formation, franco-hongrois, Yann Caspar nous détaille les spécificités historiques et politiques d'Europe centrale afin que nous puissions comprendre les raisons profondes du conflit opposant l'Union européenne au groupe de Visegrád.
Cette conférence s'inscrit dans la réflexion européenne qui entoure les peuples d'Europe centrale et d'Europe de l'Est. En effet, les dernières actualités de l'Union Européennes et du groupe de Visegrad marquent une fracture nette entre les peuples de l'Ouest et de l'Est quant au traitement des migrants. Le traitement, et la présentation médiatique, de Viktor Orban illustre parfaitement cette incompréhension.
Yann Caspar se livre à une analyse détaillée des impératifs des pays d'Europe Centrale, et du prisme idéologique qui dicte leurs actions. Un éclairage intéressant, au moment où l'attirance pour ces pays progresse et où l'Union européenne est de plus en plus contestée, notamment en France via les mouvements populistes, souverainistes et de gauche radicale.
Le groupe de Visegrád a beaucoup fait parler de lui récemment, notamment sur le sujet de l'immigration. D'aucuns y verraient un groupe de pays en rupture avec la politique de l'Union européenne et un exemple à suivre pour reconquérir notre souveraineté perdue. Mais qu'en est-il vraiment ?
Romain Bessonnet, spécialiste de la Russie et de l'espace post-soviétique, s'interroge sur l'histoire et la géopolitique réelle de cette région.
Bien loin des chimères identitaires, il nous montre que ces épisodes récents ne sont rien de plus que la manifestation des habitudes de négociation prises sous la tutelle soviétique pendant l'exercice de la fameuse "souveraineté limitée".
Une mise au point nécessaire.
Sándor Márai s’est imposé comme l’auteur hongrois le plus lu en France, avec des romans construits comme des thrillers, autour de secrets de famille, d’événements mystérieux du passé (Premier Amour, Les Braises, L’héritage d’Esther, Les Mouettes, La Soeur). L’ascendant d’un être sur un autre, les limites du langage, l’étrangeté de soi à soi-même et au monde sont des thématiques récurrentes d’un univers romanesque aux récits implacables ; univers à la violence sourde dont la psychanalyse n’est jamais très loin.
La vie de Sándor Márai fut itinérante : européenne et quasi-vagabonde dans la jeunesse, pour fuir la Terreur Blanche de 1919, hongroise pendant vingt ans, américaine et italienne après le passage de la Hongrie dans la sphère soviétique et le choix par Márai de l’exil. Au-delà des circonstances politiques, le voyage est un mode d’être pour Sándor Márai, "une appréhension sensuelle du monde", écrit-il dans son Journal, "peut-etre la seule vraie passion de ma vie". De plus en plus solitaire et difficile matériellement, mais fertile sur le plan littéraire, l’exil mènera Márai de New York à Salerne, en Italie, puis en Californie où il se donnera la mort à 89 ans, quelques mois avant la chute du mur de Berlin.
Témoin de la disparition du monde du 19e siècle, observateur du destin d’une Europe malmenée par le fascisme puis le stalinisme, Márai médite de livre en livre (Libération, Mémoire de Hongrie, Journal), sur les totalitarismes et l’humain, dans une écriture limpide qui, au fil des années, se condense, pour devenir de plus en personnelle, fragmentaire, poétique. Il reste l’une des grandes voix de la Mitteleuropa, aux côtés de Stefan Zweig ou Thomas Mann qu’il admirait.
Frontière de l’Empire romain face aux "Barbares", le Danube s’est imposé comme le trait d’union d’une nouvelle Europe née de la rencontre des mondes germanique, slave et magyar.
Sur ses berges, l’Österreich est devenue au fil des siècles le centre de gravité du grand empire des Habsbourg et Vienne, sa capitale, s’est affirmée comme l’un des foyers majeurs de la culture européenne.
Ce rempart de la Chrétienté face au péril ottoman, lieu des fastes de la cour de Marie-Thérèse, capitale de la musique où l’œuvre de Schubert fait écho à celles de Mozart et de Haydn, fut aussi le lieu des avant-gardes du premier XXe siècle – à l’époque de la Sécession et de Klimt – quand Freud et Kafka ouvraient de nouvelles pistes à l’intelligence du monde.
Intégrées de longue date à un ensemble politique et dynastique commun, la Prague de Charles IV et de Rodolphe II et la Budapest de Liszt et de Bartók ont quant à elles participé à la subtile alchimie qui a permis à l’histoire de construire dans l’ensemble danubien un espace de civilisation original dont la marque demeure.