
(1)
C'est un entreprise proprement pédagogique qu'Antoine Dresse entreprend en proposant une cartographie méthodique des notions, des figures et des controverses qui structurent la pensée politique de droite. Chaque entrée fonctionne comme une fiche claire et synthétique, où l'on croise Joseph de Maistre, Alexis de Tocqueville ou encore Carl Schmitt.
Objectif : définir, contextualiser, puis relier les concepts à des querelles contemporaines. Mais aussi montrer les continuités et les ruptures au sein de cette vaste galaxie intellectuelle, et mettre en scène les tension internes, entre conservatisme, libéralisme, souverainisme et identitarisme.
En rendant visibles les arguments, leurs limites et, plus que tout, leurs implications pratiques, Antoine Dresse encourage à la réflexion... avant de retourner à l'action.



(1)
Sur fond de lutte anti-communiste, la guerre froide et les guerres coloniales ont mis sur le devant de la scène les vocables de "subversion", "anti-subversion" et "contre-subversion".
Depuis lors, ces termes ont été employés de manière confuse, voire indifférenciée, quand ils n'ont pas été associés à une fantasmagorie conspirative.
La première ambition du travail d'Olivier Dard, située à l'interface du militaire et du politique, est de s'attacher à l'archéologie de ces mots, qui se sont progressivement érigés en théories et en concepts. En même temps que le contenu des discours, il évoque les lieux, groupes et figures où ils ont émergé et se sont développés, pour diffuser, sur la base d'une telle grille de lecture, une intelligence des conflits et plus largement du politique.
Loin d'être cantonnées aux discours, ces analyses ont débouché sur des pratiques qu'il s'agit de revisiter en s'interrogeant sur la diversité de leurs modalités de mise en œuvre, comme sur celles de leurs postérités et de leurs usages contemporains.
Émission du "Libre journal de Catherine Rouvier".
(1)
En 1924, au moment de sa mort, Vladimir Ilitch Oulionov (1871-1924), dit Lénine, a perdu le contrôle du parti qu'il avait fondé en 1903. En 1943, l'Internationale qu'il avait créée en 1919 a été dissoute par son successeur. En 1991, l'État qu'il avait bâti en 1917 au milieu des ruines s'est effondré.
Pour comprendre cet homme, Jean-Jacques Marie va au-delà des légendes et des jugements moraux et, à la lumière des informations révélées par les archives soviétiques, nous restitue ce que fut la dernière période de sa vie, de 1917 à 1923.
Ni hagiographique ni inquisitorial, le travail de Jean-Jacques Marie permet également de mesurer l'héritage de cet "inventeur politique" hors-norme.
Une intervention qui se fait dans le cadre du séminaire "Lectures de Marx".
(1)
S'il est certain que Marx est une figure incontournable de la "critique", il n’en demeure pas moins l'objet d'interprétations, de récits ou d'incompréhensions, qui l'efface souvent derrière des grands mots d'ordre.
Alors, comment s'y retrouver et comment faire une place à Marx dans notre temps, moins comme un visionnaire qui aurait déjà tout compris, que comme un théoricien pour qui l'objectif était de mettre en évidence les contradictions de chaque présent historique ?
Podcast "L'Archipel Critique", animé par Laëtitia Riss.


(0)
Elle est née en 1918 dans la douleur et l'urgence de la pire des guerres civiles ; elle a été choyée et complice du régime de Staline, mais aussi sa victime, voyant ses meilleurs chefs torturés et fusillés ; elle a su renouveler la pensée militaire et s'est donnée les plus gros moyens jamais réunis. Et pourtant, l'Armée rouge a failli mourir sous les coups de plus agile et plus expérimenté qu'elle, la Wehrmacht. Elle a réussi à surmonter des défaites inouïes, se reprendre, contre-attaquer et détruire son ennemi, mais à un coût abominable. On lui doit en bonne part la victoire de 1945 et... l'asservissement des peuples d'Europe de l'Est.
Jean Lopez raconte le parcours de l'institution militaire la plus originale du XXe siècle. L'armée de Poutine se portant héritière de l'Armée rouge, il y a urgence à comprendre son fonctionnement, ses tares, ses faiblesses et... sa capacité à rebondir !
Une émission animée par Christophe Dickès.


(0)
Diabolisée pendant plusieurs décennies, la notion de "planification" revient sur le devant de la scène depuis quelques années. Le pouvoir macroniste a par exemple mis en place, en juillet 2022, un Secrétariat Général à la Planification Écologique, qui a présenté récemment un plan global de décarbonation de l'économie associé pour la première fois à de réels objectifs chiffrés.
Mais face à cela, une forme de libéralisme outré continue à dominer les politiques publiques – refus de l'endettement, refus de l'impôt, casse des cadres réglementaires nationaux, etc. – et achève de priver l'État de tout moyen réel pour mener une quelconque politique économique.
Guillaume Fondu s'interroge sur la dimension politique de la notion de "planification", telle qu'elle a résumé pendant des décennies le projet économique socialiste, construit dans une opposition structurante au marché capitaliste.Il part de ce point de départ, et de quelques exemples historiques, pour faire le point sur diverses questions liées au projet planificateur : son échelle, les modalités de la prise de décision qu'il suppose et les modes d'incitation qu'il peut mettre en œuvre.
Une intervention qui se fait dans le cadre du séminaire "Lectures de Marx".


(0)
Célèbre pour son engagement politique, ardente porte-voix des ouvriers au sein de la Ligue spartakiste, Rosa Luxemburg a également produit une œuvre économique originale. Elle pense en effet que c'est en élevant la conscience des ouvriers et non en les armant que l'on doit préparer une révolution populaire.
Selon Guillaume Fondu, "Elle est plus méconnue en France que dans le monde anglo-saxon, où des courants hétérodoxes ont persisté. On insiste davantage aujourd'hui sur les Lettres qu'elle a écrites en prison, sur sa dimension romantique de martyr révolutionnaire et beaucoup moins sur son oeuvre en général, et économique en particulier. Chez elle, ses textes théoriques et son action révolutionnaire allaient de pair."
Elle relit donc Marx et cherche à compléter ce qu'elle estime être des manquements dans son raisonnement. Ainsi, si Rosa Luxemburg est avant tout préoccupée de politique, son ouvrage le plus volumineux est un ouvrage d'économie : L'Accumulation du capital, publié en 1913.
Selon Mylène Gaulard, c'est là que "Rosa Luxemburg insiste sur le rôle de l'impérialisme, dont le but, quand elle l'observe à l'époque, est de trouver de nouveaux débouchés dans les pays de la périphérie. Il y a une volonté de développer l'impérialisme pour transformer ces pays et les rendre utiles au capitalisme. D'autres éléments de création de débouchés pour le capitalisme, comme les dépenses militaires, sont aussi évoqués."
L'époque exige que le militantisme s'accompagne d'un discours cohérent dans toutes les disciplines : pour faire advenir la révolution, il ne suffit pas de soulever les foules, il faut comprendre le mal à sa racine, en l'occurrence le capitalisme. Femme libre, détachée de toute appartenance, Rosa Luxemburg ne revendique ni nationalité ni féminisme, à une époque où rares sont les femmes à poursuivre une thèse, qui plus est en économie. Elle incarne en réalité un marxisme idéalisé, qui ne sera plus jamais le même après la Première Guerre mondiale.
Émission "Entendez-vous l'éco ?", animée par Tiphaine de Rocquigny.


(0)
De 1950 à 1954, le sénateur Joseph McCarthy mit en place une vaste machinerie pour lutter contre une prétendue infiltration communiste aux États-Unis. Obscur sénateur du Wisconsin, il acquit en peu de temps une célébrité sulfureuse en dénonçant, selon un complotisme obsessionnel, une supposée invasion de taupes à la solde de l'URSS qui, par leurs menées infâmes, auraient mis en péril la survie de la nation. Cette théorie fantasmatique fut répandue avec un succès imprévisible. Et cela au grand dam de ses opposants qui furent impuissants un long moment à démonter l'imposture : que ce fût à Hollywood, dans l'Université, ou encore dans l'administration et le monde politique.
McCarthy fut efficace en utilisant des procédés qui méritent d'être restitués pour que l'on comprenne comment ses théories purent prospérer de pareille façon : jusqu'à peser sur la politique étrangère des États-Unis dans les affrontements de la guerre froide.
C'est en compagnie de l'historienne Hélène Harter que nous revenons sur ce personnage qui fut charismatique et qui parvint à provoquer, au début des années mille-neuf-cent-cinquante, un traumatisme collectif.
Émission "Concordance des temps", animée par Jean-Noël Jeanneney.