Spécialiste de la Rome antique, longtemps professeur au Collège de France, auteur d'ouvrages majeurs, Paul Veyne est considéré comme l'un des historiens les plus érudits, les plus indépendants et les plus importants du XXe siècle.
En 1985, c'était à Bédoin, dans le Vaucluse, là où il vivait alors, que Paul Veyne et ses invités revenait sur son parcours et ses objets d'études, en évoquant ses enthousiasmes intellectuels et artistiques, ses amitiés, en particulier celle qu'il avait entretenue avec Michel Foucault, "l'une des deux ou trois personnes que j'aurais le plus aimé en ce monde".
L'occasion de revenir sur quelques éléments biographiques de cet immense historien de l'Antiquité qui, pourtant, minimise l'importance des idées en Histoire !
Le roman national ment. L'identité française ne résulte pas de l'alliance de la bravoure gauloise et de l'administration romaine, le tout couronné par la bonté chrétienne. Pas seulement. Non seulement la France n'a pas seulement été gauloise et romaine, mais la France n'a pas seulement été chrétienne. Le roman national ment. Par omission. Par oubli.
Pacôme Thiellement fais l'exégèse de notre histoire sur ce territoire que nous nous sommes habitués à appeler la France. Celle-ci est subjective, et même très subjective, même l'exposé est aussi rigoureux que possible possible. Alors, comme dirait l'autre, si vous n'aimez pas cette Histoire de France, écrivez la vôtre.
La Bonne Nouvelle n'est pas une théorie économique, et cependant, révélant Dieu, elle redécouvre plus profondément l'humain, jusque dans les conditions matérielles de son existence. Ainsi le christianisme, prêchant un Verbe fait charpentier, a-t-il transformé en profondeur la vision du travail héritée des Grecs et des Romains, et affirmé la dignité du manouvrier.
Au-delà d'une critique frontale des valeurs sociales, il s'est agi d' abord de manifester le besoin de tout homme d'être sauvé - l'aristocrate aussi bien que l'esclave - et de conduire, indirectement ou de surcroît, à une économie de la communion et de l'humilité.
Émission du "Libre Journal de la Réaction", animé par Philippe Mesnard.
Avant d'être ces hommes ou ces femmes dont le visage s'affiche dans les médias, alors même que leur vie ne tient qu'à un fil, les otages furent, depuis la plus haute Antiquité, des rouages indispensables aux relations entre puissants, garanties vivantes de la parole du chef. Jusqu'au XVIIIe siècle, ils furent associés malgré eux à chaque alliance, chaque traité, et même utilisés pour garantir la souveraineté d'un prince, tant au regard de ses sujets qu'au regard des dieux.
Si l'avènement du droit international mit progressivement un terme à cet usage, celui-ci fut réinvesti par la guerre contemporaine puis par le terrorisme. À partir du XIXe, les armées utilisent des otages sous divers prétextes, et non sans en contester l'usage chez l'adversaire, repoussant, sous une forme diplomatique, les limites de la guerre totale. Considérée comme un crime de guerre dès 1945, la prise d'otages - si elle persiste dans les relations entre États - est désormais le fait du terrorisme, qui y voit une sorte de duel.
Gilles Ferragu entend retracer la généalogie d'une pratique ancienne et renouvelée, pour proposer une véritable relecture des relations internationales.
Une question revient inlassablement au sujet de l'esclavage dans le monde grec : comment peut-on imaginer que des penseurs comme Socrate ou Aristote n'aient jamais dénoncé, et aient même apporté leur caution, à ce crime contre l'humanité qu'est l’esclavage ?
Cette question est en réalité absurde. Gageons même qu'elle aurait été proprement inaudible aux hommes de l'Antiquité. Les auteurs antiques ont reconnu l'universalité de la raison humaine, en affirmant même la commune égalité et liberté de tous les hommes, certes, mais leur universalisme n'a jamais conduit à remettre en cause l'esclavage. Ils n'ont même jamais conçu que l'égalité "naturelle" entre les hommes puisse se traduire positivement dans le droit et, dès lors, dans la société de leur temps.
Et pourtant, on chercherait en vain un corps de doctrine ou un grand récit par lequel ces penseurs ont entrepris de légitimer l'esclavage. C'est que la domination esclavagiste en Grèce ancienne ne se justifiait pas d'un ordre de légitimité extérieur. Ni la prétendue supériorité d'une race ni l'autorité des dieux ne justifiaient en elles-mêmes l'existence de l'institution esclavagiste.
L'esclavage relevait d'une catégorie de choses déconcertantes pour le raisonnement historien : celle des institutions dont l'être ou le non-être ne prêtait pas au débat. Comment saisir dans ce cas la pensée grecque de l'esclavage ?
Historien amoureux de l'Antiquité, Paul Veyne est l'un des plus fervents pour nous transmettre ce que furent les manières de vivre, d'aimer, de penser, d'habiter dans la Grèce classique puis dans la Rome Antique.
Auteur de nombreux livres écrits dans une langue savoureuse, il sait nous rendre présent le climat intellectuel et les joutes oratoires qui se livrèrent dans ce passé si lointain et qu'il nous restitue de manière incandescente. Il fut aussi l'ami de Michel Foucault et de Réné Char.
Professeur honoraire au Collège de France, il publie aux éditions du Seuil, un livre important sur le basculement de la civilisation grecque vers la romanité : L'empire gréco-romain.
De la vocation originelle jusqu'au sentiment de finitude, de la méthode d'écriture de l'Histoire à la construction des mythes, des contradictions de la société romaine à l'héritage grec, ces entretiens nous permettent de (re)découvrir l'un de nos plus grands historiens de l'Antiquité.
Une série d'émissions animée par Laure Adler.
En France, l'histoire est enseignée via un découpage en quatre grandes périodes : l'Antiquité, le Moyen Âge, les temps modernes et l'époque contemporaine.
Cependant, ce découpage n'est pas neutre : il est est né d'un rapport particulier à notre passé, ainsi que de choix consistant à mettre certains événements en valeur.
Retour sur les enjeux d'une telle périodisation avec François Setton.
C'est en 509 avant notre ère que les historiens romains situent la fin de la période monarchique et l'établissement d'un régime républicain libre (libera res publica), garant des libertés publiques et du respect des droits de tous ses citoyens. Mises en place dans un contexte de fortes tensions internes et externes, les institutions républicaines ne se stabilisèrent que vers le milieu du IVe siècle et ne subirent aucune modification avant la crise finale du Ier siècle avant notre ère et l'avènement d'Octave Auguste.
Impossible ici de retracer l'intégralité de cette histoire longue et complexe. Aussi est évoqué dans un premier temps, en compagnie de la spécialiste de l'Histoire sociale et économique romaine Catherine Virlouvet, le duel de près d'un siècle entre Rome et Carthage, lequel marque les débuts de l'impérialisme romain ; est retracé ensuite l'épisode crucial des frères Gracques, prémices d'un long temps de crise pour la République qui atteindra son apogée avec la première guerre civile et la confrontation entre Marius et Sylla.