Raymond Boudon illustre ici son intérêt pour l'analyse du changement social, de la perspective qualifiée d' "individualisme méthodologique", selon laquelle les causes ultimes de tout phénomène social résident dans des actes, des croyances ou des attitudes individuelles.
Si cette méthode -philosophiquement libérale- est actuellement assez largement pratiquée et acceptée, elle a dû s'imposer contre des mouvements de pensée à présupposés holistes qui exercèrent une influence considérable sur les sciences sociales, tels le marxisme ou le structuralisme.
Christian Laval s'interroge sur l'origine de l'homo oeconomicus. Comment passe-t-on d'une représentation qui place le Salut comme but de la vie à la poursuite rationnalisée de l'intérêt individuel ?
Il est intéressant de noter que l'anthropologie néolibérale prône aujourd'hui une vision constructiviste après avoir longtemps été naturaliste (laisser-faire). On s'attache désormais à construire des individus équipés pour la satisfaction d'objectifs utilitaristes, comme l'illustrent très bien les programmes des filières éducatives.
Dominique Pagani nous fournit les principes d'une anthropologie de "l'être social" : de quoi informer notre jugement sur l'état actuel de nullité de la classe politique face aux aspirations populaires, et les moyens d'y faire face.
À l'usage de tous ceux et toutes celles que quarante années de société du spectacle, de délabrement de la philosophie politique et de la théorie critique ont plongé dans une profonde déréliction.
Et pour en sortir enfin, il nous emmène avec de Nerval sur la tombe de Rousseau, par les chemins détournés du scholè, du loisir studieux et délicieux, à la re-découverte des fondements théoriques, historiques, littéraires, artistiques et idéologiques, d'une pratique révolutionnaire.
Olivier Rey part d'un constat simple, voir naïf, le retournement des enfants dans les poussettes : les enfants ne regardent plus leurs parents mais vers l'avant. Cette inversion, apparue dans les années 70, éclaire une transformation radicale de nos sociétés qui, portée par la démocratie et la science, favorise un sujet libéré du passé, de la tradition, apte à affronter l'avenir: un sujet auto-construit.
Une liberté absolue qui risque fort, souligne Olivier Rey, de laisser l'homme face aux déterminismes aveugles et aux fantasmes régressifs que les civilisations avaient tenté d'apprivoiser.
Finalement ce sont toutes les orientations actuelles de la biologie, des doctrines éducatives que l'auteur analyse avec pertinence en pointant comment l'utopie de l'auto-fondation a pénétré notre monde.
Série de 5 émissions tout au long desquelles René Girard revient sur les principaux aspects des théories qu'il a développées.
Littérature et rivalités liées au désir mimétique, violence sociale contenue dans le sacrifice du bouc émissaire, révélations du christianisme : autant de thèmes passionnants clairement exposés.
Les entretiens sont menés par Raphaël Enthoven.
Après la polémique déclenchée par les propos de Claude Guéant stipulant que "Contrairement à ce que dit l'idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas", il est temps de s'interroger sur le sens profond de la problématique.
Qu’est-ce qu’une "culture" ? Et qu’est-ce qu’une "civilisation" ?
Le débat fait rage entre les relativistes et les universalistes. Ou plutôt entre ceux qui pensent que la civilisation occidentale est supérieure aux autres et ceux qui plaident pour une symbiose des cultures.
Le philosophe Philippe Némo ne pense pas que l’Occident soit par essence supérieure à l’Orient, par exemple. Mais il constate qu’à la loterie de l’évolution, l’Occident a tiré le gros lot : c’est elle qui a inventé l’Etat de droit, la démocratie, la liberté d’expression et l’économie de marché.
Sociologue, Eric Fassin est un chercheur engagé du côté des minorités. Pour lui, le discours de M. Guéant correspond au sens commun colonial d’avant-guerre qui ferait fi des acquis de l’anthropologie. Un racisme culturel serait donc en vigueur au sommet de l’Etat.
Dialogue des cultures ou choc des civilisations ? Place donc au choc des argumentations et au conflit des interprétations.
Anselm Jappe développe dans un premier temps sa réflexion sur la crise du capitalisme à partir de la critique marxienne de la valeur.
Il réagit ensuite longuement à des questions et interventions dans la salle.
La critique de la valeur n'est-elle pas une forme d'économisme ? Ne pousse-t-elle pas au pessimisme ?
Pourquoi la valeur est considérée comme une fait social total (au sens de Mauss) ?
La crise du capitalisme est-elle une opportunité pour l'émancipation sociale ?
Qu'est-ce que la lutte des classes ? Faut-il vraiment arrêter de revendiquer pour une redistribution des richesses capitalistes (argent et machandises) ?
Le capitalisme est-il vraiment en train de s'effondrer ?
Quels sont les effets du discours de la critique marxienne de la valeur ?
La discussion collective s'ouvre enfin sur la perspective de l'émancipation sociale (Que faire ? Quoi faire ?), au-delà de la forme de vie sociale capitaliste-marchande structurée par le travail socialement médiatisant, le mouvement de la valeur, l'argent et l'Etat.