Suburbia : utopie ou cauchemar ? Avec Bruce Bégout à l'Université de Toulouse.


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16.11.2017

Nous sommes dans la suburbia lorsque nous prenons la voiture pour aller acheter notre pain. Nous sommes dans la suburbia là où les livreurs de pizzas errent le soir sans fin dans des rues mal éclairées. Nous sommes dans la suburbia quand tous les bâtiments commencent à ressembler à des stations-services. Nous sommes dans la suburbia lorsque les galeries marchandes constituent le lieu favori de promenade dominicale.
A travers le prisme de l'art et de la littérature, la banlieue ne deviendrait-elle pas une "nouvelle manière de penser et de constituer l’espace urbain" – une suburbia ?

Suburbex, l'exploration suburbaine entre errance et anonymat. Avec Bruce Bégout à l'Université de Toulouse.


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08.02.2016

Le philosophe Bruce Bégout a longtemps arpenté les villes, à la fois physiquement et intellectuellement. Il essaie de créer une sorte de parcours à la fois philosophique mais aussi transdisciplinaire, utilisant toutes les ressources possibles, de la littérature, de la photographie, des sciences humaines et de l'histoire et pratiquant trois genres d'écritures pour explorer les nouveaux territoires, que ce soit le genre de l'analyse théorique pure, le genre de l'essai ou le genre de la fiction.
Dans cette communication, Bruce Bégout s'intéresse aux friches, plus particulièrement à ce qu'il appelle le troisième âge de la friche qui est un élément central de la "suburbia", marquée par un effort de rationalisation en zones commerciales, zones de travail et zones d'habitations pavillonnaires et de cités, de l'homogénéisation des fonctions mais dont on s'aperçoit qu'il est un espace extrêmement chaotique puisque sont rassemblés là des gens, des pratiques, des univers assez différents qui coexistent et montrent une hétérogénéité plus grande de modes de vie que la relative homogénéité culturelle et existentielle des centres-villes.
La "suburbia" est souvent disqualifiée : manque de mixité, de proximité, d'équipements -notamment culturels, manque d'échanges et de sociabilité, manque de beauté. Mais elle n'est pas simplement un espace du manque ; cette négativité est la positivité même de cet espace. Pour les philosophes, les écrivains, les chercheurs, il s'y passe quelque chose. Dans les marges de la ville disqualifiée, il y a la possibilité de l'émergence du sens, d'un sens qui aurait fait l'épreuve de la négativité et, au prix d'une éventuelle destruction, de la création. L'expérience de la négativité est présente dans l'expérience de ces ruines contemporaines que sont les friches qui comprennent les usines désaffectées, les cars abandonnés, les lieux oubliés de la modernité, jamais totalement vides...

L'histoire, une science humaine ? Avec Johann Chapoutot à l'Université de Toulouse.


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18.05.2018

On parle indifféremment des "sciences humaines et sociales", mais la question se pose pour l'histoire : science humaine ou science sociale ? Peut-on opposer, ou plutôt différencier les deux ?
La question est d'ordre épistémologique (elle porte sur l'inscription dans l'ordre des savoirs), elle est aussi métaphysique ou ontologique : en étudiant l'homme et la femme dans le temps, la femme et l'homme aux prises avec le temps, l'histoire constitue un travail de l'humain sur lui-même qui n'a sans doute pas d’équivalent.

Le rôle historique des institutions dans le progrès des sciences. Avec Jacques Blamont à l'Université de Toulouse.


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03.05.1999

Jacques Blamont présente l'historique d'un mode particulier de la recherche scientifique, l'agence d'objectifs. Après en avoir donné une définition et les principales caractéristiques, il date la naissance des agences d'objectifs contemporaines -marquant le passage d'une recherche scientifique universitaire à une recherche gouvernementale- par la mise en œuvre de la recherche spatiale avec la création de la Direction des armements de la Wehrmacht en 1932, la création d'une agence américaine à la demande d'Einstein et sur l'initiative de Roosevelt en 1942, la création, la même année, du NKVD en Union soviétique. Sur le modèle américain, la France créera le Centre National des Études Spatiales et le Commissariat à l'Énergie Atomique.
Pour Jacques Blamont, l'histoire des agences d'objectifs s'enracine dans l'histoire lointaine des institutions portées par les politiques scientifiques stratégiques des gouvernements ou des "princes", dès le VIIIe siècle avant JC à Babylone et son collège des Mages, ensuite à Alexandrie avec le Musée et sa grande bibliothèque fondés par Ptolémée Sôter dont la dynastie mènera pendant plus de cent ans une politique d'investissements dans le domaine astronomique (mesures de positions stellaires) pour contribuer à la suprématie navale puis dans le domaine de la médecine.
Jacques Blamont démontre ensuite comment, du XIIIe siècle et jusqu'au XVIIe siècle, des institutions scientifiques comme les universités européennes créées à l'initiative d'Innocent III, l'observatoire danois Uraniborg (fondé par Tycho Brahé avec les subsides de Frédéric II), le Collège romain institué par le jésuite Ignace de Loyola et le Pape Grégoire XIII, la Royal Society en Angleterre et l'Académie des sciences en France, etc. ont œuvré selon les principes d'agences d'objectifs caractérisées.

Les métamorphoses de la fiction. Avec Jacques Rancière à l'Université de Toulouse.


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11.03.2015

Suite à la parution de son ouvrage Le fil perdu en 2014, Jacques Rancière offre dans cette conférence "un regard nouveau et lumineux sur la fiction moderne et, en particulier, sur les oeuvres de romanciers et poètes français (Flaubert, Baudelaire...) mais aussi anglais et américains (Conrad, Woolf, Keats...), s'attardant moins sur ce que la fiction représente que sur ce qu'elle opère.
Il s'intéresse ici à ce moment particulier où la fiction devient à ses yeux "démocratique". C'est en effet dans la forme des oeuvres, dans les détails insignifiants, non plus utiles en termes de vraisemblance cartésienne mais véritablement inscrits dans une continuité de coexistence sensible, qu'il décèle une attention nouvelle à des formes d'expérience jusque-là refusées.
Car s'il est classique d’opposer fiction et réalité comme le domaine de la fantaisie sans règle et celui de l’action sérieuse, c’est oublier qu’il n’y a de réalité qu’à travers une certaine grille perceptive et une certaine connexion des causes et des effets. Construction logique de la réalité quotidienne, la rationalité de la fiction était par excellence celle du poème tragique dont tout l’art consistait à faire produire par une connexion causale un effet logique et pourtant inattendu.
Par rapport à cela, le roman a longtemps été un parent pauvre parce que les événements y arrivaient les uns après les autres sans lien causal fort. Le roman moderne a bouleversé la hiérarchie en faisant sa force de cet enchaînement faible, plus fidèle à la réalité de l’expérience vécue des individus. Par cela même, il se met dans un rapport paradoxal avec la politique. D’un côté, il en expose le fondement, la venue au jour des anonymes, la part des sans-part.
Mais cette venue au jour signifie la ruine des identités établies, de la topographie sociale, de la hiérarchie des événements significatifs ou insignifiants, des enchaînements de causes et d’effets qui donnent normalement à l’action collective ses coordonnées.

De la peur à l'espérance. Avec Jean Delumeau à l'Université de Toulouse.


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09.10.2014

Au fil d'un jeu de questions/réponses mené par Philippe Foro, Jean Delumeau, historien français, spécialiste des mentalités religieuses en Occident et, plus particulièrement du christianisme, retrace son parcours universitaire : ses recherches doctorales sur la Rome du XVIe siècle et sa rencontre avec Fernand Braudel, l'orientation de ses recherches vers la Réforme protestante et le christianisme, son professeur Jacques Monod à Marseille, ses cours sur "La peur en occident" et son séminaire au Collège de France, qui a donné lieu à la publications de plusieurs ouvrages écrits collectivement.
Cet échange nous donne l'occasion d'envisager dans sa globalité l'œuvre et la pensée de ce grand historien.

Le monde et la diversité des langues. Avec Claude Hagège à l'université de Toulouse.


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05.05.2010

Selon les estimations, on compte, dans le monde contemporain, entre cinq mille et sept mille langues différentes, compte non tenu des dialectes et usages régionaux.
Ces langues sont rangées en un certain nombre de familles, de l’indo-européenne à la sino-tibétaine, en passant par l’ouralienne, la sémitique, l’africaine, l’amérindienne, etc. Les langues appartenant à une même famille peuvent, néanmoins, être typologiquement très différentes.
Certains esprits, hier comme aujourd’hui, prônent une unité linguistique, qui se réaliserait autour d’une langue unique, réputée faciliter les échanges à travers le monde.
En réalité, aucune langue n’a jamais eu de diffusion mondiale, qui soit de nature à faire qu’elle supplante toutes les autres, et il ne semble pas, malgré ce qui est déclaré ici ou là, que l’anglais ait aujourd’hui cette vocation.
En effet, face à sa présence sur les cinq continents, on voit s’affirmer des langues fortement promues par les pays où elles se parlent, de l’allemand au portugais, de l’espagnol au chinois, et de l’arabe au français, lequel prend tout naturellement sa place dans ce concert en faveur de la diversité linguistique du monde.