La crise des natures à l'ère de l'Anthropocène. Avec Philippe Descola à l'Université de Lausanne.


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24.11.2015

Le divorce entre les sciences de la nature et les sciences de la culture n'a cessé depuis un siècle de s'aggraver. Or l'inquiétude suscitée par les risques environnementaux ou biotechnologies montre assez que la compréhension de tels phénomènes n'est pas du seul ressort de la génétique ou de la climatologie et qu'elle exige une réflexion plus ample sur les usages et les représentations contrastés de la nature, à la fois milieu de vie pour les humains et substrat biologique de leur identité.
C'est le projet que nous propose le professeur au Collège de France Philippe Descola, l'anthropologue français le plus étudié et le plus commenté dans le monde depuis la publication de son ouvrage Par-delà nature et culture, paru en 2005, dans lequel il expose les différentes manières d'agencer les continuités et discontinuités entre l'homme et son environnement.

Des manuscrits antiques à l'ère digitale : le devenir machinique du livre. Avec Frédéric Kaplan à l'Université de Lausanne.


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26.08.2011

Le professeur de Digital Humanities à l'EPFL Frédéric Kaplan met en évidence le processus de machinisation dans lequel s'inscrit le livre, ce processus ayant pour finalité d'inscrire un objet dans une certaine fonction qui lui est propre et qui suffit à le définir complètement. Mais le livre n'a pas encore atteint ce stade en ce qu'il permet d'organiser un discours dans l'espace : le livre a une fonction "architecturante".
C'est ici qu'il faut distinguer le livre de l'encyclopédie : alors que le livre organise un discours, l'encyclopédie englobe le monde. Cette dernière décompose le livre en noeuds sémantiques afin d'en extraire des contenus en vue d'une standardisation, tout en s'interrogeant sur les pratiques de lectures afin d'en tirer des "reading analytics".
Le livre demeure ainsi une entité fermée contenant des données qui peut donc, contrairement à l'encyclopédie, innover, mais dont la forme actuelle reste menacée : l'avenir seul pourra nous dire quel sera le livre de demain.

Autour de Lynn White et des racines chrétiennes de la crise écologique : erreur rétrospective ? Avec Jean Bastaire et Jacques Grinevald à l'Université de Lausanne.


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04.06.2009

Jacques Grinevald présente la thèse de Lynn White Jr énnoncée en 1967, imputant au judéo-christianisme la responsabilité du désastre écologique, principalement en raison de son anthropocentrisme.
Contre cette critique néo-païenne, Jean Bastaire rétablit la vérité des textes bibliques et de l’histoire chrétienne qui témoignent d’une toute autre orientation, illustrée de nos jours par Jean-Paul II et Benoît XVI.

Un débat qui prend place dans le colloque "Environnement et Spiritualité".

Vers une Civilisation mondiale. Avec Peter Sloterdijk à l'Université de Lausanne.


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03.03.2009

Peter Sloterdijk, au travers de plusieurs questions qui lui sont posées, revient sur son dernier ouvrage Colère et Temps et plus généralement sur l'ensemble de son oeuvre.
Il explore particulièrement les notions de colère, fierté, besoin de se faire valoir et ressentiment et situe ces affects dans le domaine des "énergies thymotiques", le thymos étant ce lieu dans la poitrine du héros homérique d'où partent les grands élans. La vaillance, le courage, l'exigence de justice ou encore l'ambition y logent. Dans certains cas, ces impulsions peuvent se révéler productives sur le plan individuel et social.
Chez Aristote, si on ne se laisse pas déborder par elle, la colère est positive lorsqu'elle se manifeste pour repousser les injustices. Chez Platon, le thymos incarne cette part de l'âme qui peut se dresser contre la personne elle-même lorsque celle-ci court le risque de perdre le respect de soi.
Il analyse ce qu'il considère comme deux systèmes d'écrasement de la fierté, le christianisme et le communisme, et rappelle que grande est la colère du Dieu monothéiste, contre l'ennemi et contre son propre peuple. Mais si la haine est un patrimoine entretenu dans l'Ancien Testament, le christianisme, lui, en appelle au contraire au pardon et à l'humilité. Saint Augustin condamne la fierté, perçue comme la matrice de la rébellion contre le divin et les êtres humains doivent renoncer à la colère pour mieux déguster leur joie vengeresse lors du Jugement dernier. Alors, il sera temps de savourer le spectacle de la cruauté infligée aux suppliciés...

Une rencontre animée par Sylvain Guillaume, Gabriel Dorthe, David André et Emanuel Landolt et présentée par Alain Kaufmann et Thomas Römer.

La Troisième nuit de Walpurgis de Karl Kraus : langage, vie et politique. Avec Jacques Bouveresse à l'Université de Lausanne.


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28.05.2008

"Il y a une chose pire que le meurtre, c’est le meurtre avec mensonge ; et le pire de tout, c’est le mensonge de celui qui sait : prétexte d’une incrédulité qui ne veut pas croire au forfait mais croire le mensonge ; docilité de celui qui se fait aussi bête que le veut la violence." Karl Kraus, Troisième nuit de Walpurgis.
Lorsqu’en 1933 Hitler devient Chancelier, le polémiste autrichien Karl Kraus dénonce dans les mois qui suivent, dans un texte de 360 pages, la mise en place de la mécanique de l’horreur nazie. S’attaquant principalement à la presse qu’il tient pour responsable de la création du national-socialisme, son texte est un cri que personne ne veut alors entendre: "Si on se bouche les oreilles on n’entend plus aucun râle" écrira-t-il.
Karl Kraus est mort en 1936. Qui l’a entendu ?

Peut-on s’émanciper du fétichisme ? Avec Anselm Jappe à Lausanne.


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26.10.2012

Le concept marxien de "fétichisme de la marchandise" n’indique pas seulement une mystification de la conscience, un "voile". Il est également un phénomène réel : dans la société capitaliste, toute l’activité sociale se présente sous forme de valeur et marchandise, de travail abstrait et d’argent.
Mais cela veut aussi dire que les antagonismes sociaux dans la société marchande ne concernent plus l’existence même de ces catégories, mais regardent essentiellement leur distribution entre ceux qui contribuent à la création de la valeur à travers le travail abstrait.
En prendre acte met la théorie de l’émancipation sociale face à un dilemme : les "luttes de classe" au sens traditionnel, et celles de leurs substituts ("subalternes" de tout genre, femmes, populations colonisées, travailleurs précaires, etc.), apparaissent comme des conflits "immanents", qui ne portent pas au-delà de la logique de la valeur. Au moment où celle-ci semble avoir atteint ses limites historiques, ces luttes risquent souvent de se borner à la défense du status quo et à la recherche de meilleures conditions de survie pour soi-même au milieu de la crise.
Il est évident que ce dont il faudrait s’émanciper ce sont l’argent et la marchandise, le travail et la valeur, le capital et l’État en tant que tels.
Il semble cependant difficile d’attribuer cette tache à des groupes constitués par le développement de la marchandise même.
Dans les années 1960, les mouvements de protestation étaient dirigés justement contre la réussite du capitalisme, contre l’ "abondance marchande", et s’exprimaient au nom d’une autre conception de la vie.
Les luttes sociales et économiques d’aujourd’hui se caractérisent souvent par leur désir d’un capitalisme qui maintient ses promesses. Dans la problématique écologique semble se poser un peu plus la question du sens de l’ensemble, mais le manque d’une vision globale fait glisser les écologistes rapidement vers des propos de gestion alternative du capitalisme. Vouloir se débarrasser de la colonisation de nos têtes, que ce soit à travers le rejet de la publicité ou l’exploration des liens entre l’inconscient et le fétichisme marchand est assez important, mais risque de se cantonner à la sphère individuelle.
Si l’on se tient à une lecture globale et radicalement critique du présent, comme la propose la critique de la valeur, où une émancipation pourrait-elle commencer ?

L'intervention se fait dans le cadre du colloque "Penser l'émancipation", réuni à l'Université de Lausanne.


Par-delà Nature et Culture. Avec Philippe Descola à l'Université de Lausanne.


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06.06.2009

Retour sur les quatre "ontologies" que Philippe Descola définit dans son livre "Par delà nature et culture", qui sont quatre façons d’organiser la place des hommes dans la nature et leurs relations avec les autres vivants.
C'est toute la question : la crise écologique plonge-t-elle ses racines dans une vision toute occidentale du monde ? L’occident entretient-t-il un rapport particulier à la violence et à la démesure ? Le droit international est-il en mesure de surmonter les différences culturelles pour contribuer à résoudre les problèmes globaux ?
Autant de questions abordées dans cette superbe leçon d’anthropologie.

Intervention dans le cadre du colloque "Environnement et spiritualité : l'Occident doit-il se réinventer face à la crise écologique ?"

La gentrification ou la dépossession des classes populaires : le cas de Paris. Avec Anne Clerval à Lausanne.


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26.10.2012

La gentrification désigne un processus de conquête des quartiers populaires par les classes moyennes et supérieures, qui passe par la transformation du bâti, avec ou sans l’appui des pouvoirs publics. Les classes populaires qui vivaient dans ces quartiers s’en trouvent peu à peu évincées. À partir de l’exemple de Paris, je montrerai que ce processus de dépossession des classes populaires dans la ville se fait en plusieurs temps et à plusieurs échelles, de la recomposition internationale de la division du travail et de ses conséquences au centre des métropoles, à la spéculation immobilière dans ces mêmes espaces très convoités, en passant par les opérations de revalorisation symbolique d’un quartier menées tant par les gentrifieurs, les médias que les pouvoirs publics municipaux. À ces différents niveaux, la gentrification pose la question du droit à la ville et du rôle de la petite bourgeoisie intellectuelle dans la dépossession des classes populaires.
L'intervention se fait dans le cadre du colloque "Penser l'émancipation", réuni à l'Université de Lausanne.