Aujourd'hui, les théâtres continuent d'afficher régulièrement des tragédies grecques. Pourquoi des textes, écrits il y a 2'500 ans, qui marquent l'invention du théâtre, fascinent-ils encore aujourd'hui ?
Jean-Pierre Vernant, spécialiste de l'homme grec ancien dont il a considérablement renouvelé l'approche, nous expliquer en quoi la tragédie grecque reste d'actualité en tant que phénomène social, esthétique et psychologique nous permettant de plonger aux sources de nos racines culturelles.
"La pensée grecque" s'efforce de définir à la fois un parcours intellectuel et les catégories avec lesquelles Jean-Pierre Vernant pense le monde grec.
Car c'est sous la double influence de Louis Gernet, helléniste et sociologue, et d'Ignace Meyerson, fondateur de la psychologie historique que Jean-Pierre Vernant s'est efforcé de montrer quelles sont les catégories psychologiques dont on peut dégager la présence dans les textes et les images du monde grec archaïque et classique.
Un échange avec Françoise Frontisi, François Hartog et Pierre Vidal-Naquet.
Les praticiens l'ont toujours su. Dans toute philosophie, concédait Sartre, il y a "une prose littéraire cachée". Ce qu'on a moins élucidé, c'est la pression formatrice incessante des formes du discours, du style, sur les programmes philosophiques et métaphysiques.
A quels égards une proposition philosophique, même dans la nudité de la logique de Frege, est-elle une rhétorique ? Veut-on dissocier un système cognitif ou épistémologique de ses conventions stylistiques, des genres d'expression qui prévalent ou sont contestés à l'époque ou dans le milieu qui sont les siens ? Dans quelle mesure les métaphysiques de Descartes, Spinoza ou Leibniz sont-elles conditionnées par les éléments constituants et l'autorité sous-jacente d'une latinité partiellement artificielle au sein de l'Europe moderne ? Quand, tels Nietzsche et Heidegger, le philosophe entreprend d'assembler une langue nouvelle, son idiolecte propre à son dessein est lui-même saturé par le contexte oratoire, familier ou esthétique.
L'association étroite de la musique et de la poésie est un lien commun, toutes deux partageant les catégories du rythme, du phrasé, de la cadence, de la sonorité, de l'intonation et de la mesure. "La musique de la poésie" est exactement cela.
Y aurait-il, en un sens apparenté, "une poésie, une musique de la pensée" plus profonde que celle qui s'attaque aux usages extérieurs de la langue, au style ? Ces aspects de la "stylisation" de certains textes philosophiques, de l'engendrement de ces textes via des outils et des modes littéraires, George Steiner nous les restitue dans son souci d' "écouter plus attentivement".
Critique, philosophe, professeur de littérature anglaise et comparée à Genève, écrivain, interprète de l'art et questionneur de la civilisation occidentale finissante, George Steiner se définit avant tout comme un "maître à lire".
Dans cette série de treize entretiens menée par Guillaume Chenevière, cet intellectuel érudit évoque ses thèmes de prédilection : le langage, la tragédie, la pensée et le pouvoir, le silence après la barbarie de la Shoah et le monde futur.
Entre la Commune et Mai 68, les révolutions ont toujours affiché une prescription mémorielle : conserver le souvenir des expériences passées pour les léguer au futur. Une mémoire "stratégique", nourrie d'espérance.
Mais cette dialectique entre passé et futur s'est brisée, et le monde s'est enfermé dans le présent. Ce nouveau rapport entre histoire et mémoire permet de redécouvrir ce que l'historien des idées Enzo Traverso, à la suite d'Hannah Arendt, appelle une "tradition cachée", celle de la mélancolie de gauche, car elle n'est ni un frein ni une résignation, mais une voie d'accès à la mémoire des vaincus qui doit permettre à la gauche de prendre conscience d'un héritage impossible à refouler, et surtout d'un nécessaire travail de deuil.
Dominique Pagani, philosophe et musicologue, nous explique pourquoi la Grèce antique demeure le lieu d'origine de la philosophie.
Ce lieu n'est évidemment pas un horizon indépassable de la pensée mais demeure l'endroit d'où nous devons toujours partir pour nous aventurer ensuite ailleurs... Pour enfin y revenir ? Tel est la question.
Pourquoi se compliquer l'existence, alors qu'on peut faire simple ? Pourquoi voir double, alors qu'on peut voir clair ? Parce qu'au fond, c'est plus facile. Comme il est plus facile de fuir le bonheur, que d'être heureux...
Bienvenue dans la philosophie de Clément Rosset, une pensée inaccessible aux érudits !
Émission "Les nouveaux chemins de la connaissance", animée par Raphaël Enthoven.
La tradition héroïque européenne, principalement représentée par l'héritage de la Grèce antique, s'oppose-t-elle aux enseignements contenus dans l'Ancien Testament, le livre saint du peuple juif ?
Laurent Guyénot, qui s'intéresse depuis longtemps à l'histoire et l'anthropologie religieuse, nous montre en quoi la Torah et la vision étroitement tribale qu'elle renferme n'est pas compatible avec le message universel porté par la civilisation occidentale.