Spinoza pour Marx et les Marxismes : un chantier ouvert. Avec André Tosel à l'Université Paris VIII Vincennes.


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19.03.2015

Nous manquons d’une étude d’ensemble sur l’appropriation par Marx de la pensée de Spinoza.
Une double approche serait nécessaire : philologique et philosophique. La première recenserait les occurrences explicités de Spinoza dans le recherche en devenir de Marx et évaluerait leur portée ; la seconde interpréterait la présence implicite à l’état pratique la pensée spinozienne dans les problématiques marxiennes, par-delà les thèses générales concernant l’immanence, le matérialisme, la causalité, la critique de la métaphysique et de la théologie, l’anthropologie des affects et l’émancipation.
Engels est présent en contrepoint avec sa recherche du "dialectique" dans la nature.
Il est de fait que la référence à Spinoza est effective dans les marxismes de la Seconde Internationale (le russe Georgi Plekhanov et la conception matérialiste moniste de l’histoire, proche d’Engels, l’italien Antonio Labriola et l’immanence des pratiques, qui suit la voie non engelsienne d’une philosophie "travailliste" de la praxis). À chaque fois il s’agit du débat sur ce qu’est on n’est pas la philosophie de Marx.
Mais il faut attendre l’intervention de Louis Althusser qui coïncide avec le renouveau des études spinoziennes en France (Gueroult, Matheron et surtout Deleuze) pour que la référence à Spinoza devienne constitutive de ce qui a été l’ultime réélaboration d’ensemble de la pensée marxiste, dans la perspective d’une relance du mouvement révolutionnaire en occident après celle de Gramsci (dont la pensée n’agit qu’après les années cinquante).
Là encore rien n’est simple parce que la recherche inachevée et tourmentée d’Althusser, en syntonie avec celle de certains de ses anciens élèves, fins connaisseurs de Spinoza (Macherey, Balibar), s’articule en plusieurs moments.
André Tosel se concentre sur Althusser chez qui la référence à Spinoza est à la fois permanente et relativement développée : quelle fonction à la théorie de la connaissance spinozienne dans l’épistémologie de Pour Marx et de Lire Le Capital ? Quel Spinoza insiste dans les textes des années 1968-1978 où Althusser critique son théoricisme antérieur et cherche à purifier Marx de son téléologisme messianique et à produire le concept de pratiques insuffisamment analysées, la politique et l’idéologie ? Quel Spinoza fait encore retour au sein du matérialisme de la rencontre qu’Althusser propose dans la phase ultime de sa parabole comme expression adéquate du seul matérialisme effectif ? En quoi Spinoza peut-il aider à penser une conjoncture inédite où l’histoire a fait le vide des certitudes du mouvement ouvrier et liquidé les marxismes ?

La question de l'identité en politique. Avec Philippe Forget au Cercle Aristote.


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29.05.2017

Spartacus était-il obsédé par son identité ? Non, il luttait pour sa liberté. Maintenant, le bavardage politicien s'affole entre "conflits identitaires" et "crises identitaires", identités "heureuses" ou "malheureuses". C'est autour des thèmes de liberté et de souveraineté que s'est nouée l'histoire politique de l'Occident moderne ; et c'est au travers des figures renaissantes de leur culture que les nations ont affirmé leur caractère. De quoi alors l'obsession identitaire est-elle le signe quand elle s'empare du discours politique au détriment de la liberté et de la créativité ?
La réflexion de Philippe Forget nous permet de comprendre comment les bouleversements migratoires et le retour du pouvoir religieux affectent notre conscience de la liberté.
Mais plus profondément, autant derrière l'assignation à l'origine que derrière le culte oblatif de l'Autre, il décrypte une crise de la volonté. Pour qui n'attend plus rien du monde, reste l'unique négation de soi.
Les puissances prométhéennes de la liberté et de la créativité surmonteront-elles le nihilisme que révèle l'obsession identitaire ?

Identité sociale et identité personnelle. Avec Clément Rosset à Barcelone.


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19.01.2009

Si votre absence totale d'originalité vous désespère, si la question de votre identité profonde vous hante, écoutez cette conférence de Clément Rosset qui pourrait bien vous délivrer de quelques interrogations inutiles.
La légèreté de son intervention à l'humour cathartique tranche avec le sérieux de son projet philosophique : à l'instar de penseurs tels que Montaigne ou Pascal, Clément Rosset, tenant notre identité sociale pour la seule identité réelle et la prétendue identité personnelle pour une illusion absolue, tente de nous révéler l'inanité de toute introspection. "La connaissance de soi est à la fois inutile et inappetissante (...) Et moins on se connaît, mieux on se porte."
Ainsi, la question "Qui suis-je ?" constitue un frein tant à l'existence qu'à l'activité. En effet, l'exercice de la vie implique une certaine insouciance de soi sans laquelle on n'entreprend jamais rien...

Aliénations primitives, expérience de mort imminente et Schopenhauer. Avec Francis Cousin pour Bhû.


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27.01.2017

Toujours dans un élan de pensée radicale, Francis Cousin répond aux interrogations que suscitent les concepts de conscience et de sujet individuel, notamment au travers des expériences de mort imminente qui pourraient suggérer l'existence d'une "âme" détachée du corps et de l'expérience sociale.
Dans un second temps, c'est la philosophie de Schopenhauer et de ses héritiers qui est critiquée.

Léo Strauss (1899-1973). Avec Corine Pelluchon au Collège des Bernardins.


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01.02.2017

Juif Allemand, Léo Strauss s'exile aux USA à la fin des années 30 et s'impose comme philosophe politique.
Grand lecteur des textes classiques, de Platon à Spinoza et Hobbes en passant par Maïmonide, il livre de précieuses analyses sur la généalogie du nihilisme.
Ses méditations sur les Lumières, la crise du rationalisme moderne, le rapport entre religion et politique, et le libéralisme sont peut-être inégalées au XXe siècle.

Penser entre les langues. Avec Heinz Wismann pour Citéphilo à Lille.


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20.11.2013

"Tous les hommes vastes et profonds de ce siècle aspirèrent au fond, dans le secret travail de leur âme, à préparer cette synthèse nouvelle et voulurent incarner, par anticipation, l'Européen de l'avenir", écrit Nietzsche en 1885. C'est à cette tâche qu'Heinz Wismann s'est consacré en interrogeant les traditions intellectuelles qui, dans leurs différences et leurs contradictions, constituent la culture philosophique et scientifique contemporaine.
Au centre de ses activités de passeur entre l'Allemagne et la France : l'analyse des mécanismes par lesquels une tradition se sédimente et tout à la fois innove. La conception des rapports entre les langues en est le terrain d'exercice privilégié, car ce qui se joue entre elles modifie leur structure syntaxique. En déployant son enquête à l'intérieur d'un triangle allemand-français-grec, il met en lumière différentes hypothèses de sens, chaque fois portées par une autre manière de parler. Ainsi découvrons-nous comment certains auteurs majeurs ont dit dans leur langue autre chose que ce qu'elle dit communément : ils inventent une langue dans leur langue.
D'Homère à Benjamin, de Platon à Kant, de la philologie à la musique, de la langue au texte, c'est ce tissage de la pensée qu'Heinz Wismann évoque avec un savoir et un talent exceptionnels.

Les idées reçues sur Descartes. Avec Denis Kambouchner pour le Cercle Kritik.


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11.2015

Cet entretien du Cercle Kritik avec l'historien de la philosophie Denis Kambouchner est organisé suite à la publication récente d'un livre sur les préjugés et les clichés très répandus sur le philosophe française René Descartes, père du rationalisme.
L'occasion nous est ainsi donnée de replonger dans cette pensée incontournable et fondamentale pour comprendre la philosophie moderne.

Le cerveau, âme materielle ? Avec Alain Ehrenberg à l'Ecole Normale Supérieure de Lyon.


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15.11.2002

Alain Ehrenberg se pose la question des frontières entre le biologique et le social, entre l'individuel et le collectif, entre l'homme et l'animal, entre le vivant et le non vivant.
Car les frontières que nous établissons ne sont-elles pas le reflet de notre incapacité ou de notre difficulté à penser la complexité du vivant ?
En tant que sociologue qui s'est interrogé sur les relations entre l'individu et la société, entre le biologique et le social, Alain Ehrenberg se propose d'envisager le cerveau comme un fait scientifique mais aussi comme un fait social.