Le lancement de l'invasion russe en Ukraine le 24 février 2022 a remis sur le devant de la scène une réalité que certains pensaient réservée à un passé lointain : la guerre à haute intensité, au cœur du vieux continent, est toujours un levier pour imposer sa volonté.
Ce retour à la haute intensité a été martelé dans les médias et au sein même du discours politique. Quelques mois en arrière, la guerre renvoyait à la lutte contre un virus. Pourquoi faut-il faire attention aux mots que l'on emploie, au risque sinon d'en perdre le sens profond ? Pourquoi la guerre, à travers l'histoire, n'a pas été forcément en mesure de trouver un accomplissement réel dans une victoire politique ?
Explorant une des principales révolutions de la pensée militaire, Benoist Bihan, éminent stratégiste français nous propose ici, à partir de l’analyse de la pensée d'Alexandre Sviétchine, penseur russe passé du Tsar au service des bolcheviks, de nous donner les clés de compréhension d'une discipline mettant réellement les combats au service de la stratégie : l'art opératif.
- 0'00'00 : introduction
- 0'02'34 : présentation
- 0'05'48 : stratégie et tactique, mise en perspective historique
- 0'09'38 : Alexandre Sviétchine et le blocage de la guerre au début du XXe siècle
- 0'26'40 : Alexandre Sviétchine, Mikhaïl Toukhatchevski et l'Armée Rouge
- 0'48'06 : l'art opératif au révélateur du second conflit mondial, Koursk et Bagration
- 1'04'31 : la transmission difficile de la réflexion stratégique soviétique en Occident
- 1'22'02 : la pensée de Sviétchine aujourd'hui, de l'Irak à l'Ukraine
- 1'34'25 : conclusion
Stratégiste et historien, Benoist Bihan a récemment publié aux éditions Perrin ses Entretiens sur l'art opératif avec l'historien Jean Lopez concernant l'œuvre d'un général russe trop peu connu en France : Alexandre Svietchine. Tardivement mis en œuvre par les Soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale, l'art opératif reste mal compris aujourd'hui dans les grands états-majors qui doivent se préparer à conduire la guerre.
Tout en expliquant les idées maîtresses d'Alexandre Svietchine, Benoist Bihan relit maintes pages d'histoire militaire et nous permet de comprendre ce que fut, et ce que pourrait être, l'art de la guerre.
Le XXe siècle a vu tous les visages de la stratégie se mettre en place, et c'est une nouvelle approche du fait stratégique que dévoile l'économiste non-orthodoxe Jacques Sapir dans ses derniers travaux.
En effet, les questions militaires et stratégiques ne s'opposent pas à l'économie, bien au contraire car cette dernière est bien un espace de rapports de force. Et quand on parle des unes, on évoque l'autre; et inversement.
Émission "Vendredi c'est PYR !", animée par Pierre-Yves Rougeyron.
Auteur de nombreux ouvrages d'économie politique, spécialiste de la Russie, Jacques Sapir a publié des livres et des études sur les questions stratégiques, militaires et économiques.
Il a regroupé une partie de ces études dans ses Chroniques stratégiques qui traitent des problèmes généraux de la stratégie, des débats et des mythologies historiques, du rôle de l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale et des grands symboles de l'histoire nationale – avec pour principal exemple la bataille de Bir-Hakeim.
La conclusion, très actuelle, porte sur l'impératif stratégique dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Les études que Benoist Bihan, historien militaire et chercheur en études stratégiques, a rassemblées dans un ouvrage récemment publié (La guerre, la penser & la faire, Editions Jean-Cyrille Godefroy, 2020) permettent de comprendre des concepts et des opérations qui sont aujourd'hui noyées dans le discours officiel.
À l'aide de nombreuses références historiques et par la critique des récentes expéditions militaires en Irak, en Libye…, Benoist Bihan montre comment penser à nouveau le processus stratégique qui est, ou qui devrait être, toujours lié au projet politique de la nation.
En 1940, l'historien Marc Bloch analysait à chaud la bataille de France comme une "étrange défaite". Comment en effet, après des mois de "drôle de guerre", brutalement interrompue par l'offensive allemande du 10 mai 1940, la France avait-elle subi une si rapide, si totale débâcle en un mois seulement face aux armées de Hitler ?
Philippe Conrad retrace la débacle politique et militaire de l'année 1940 et décrypte les causes d'un désastre annoncé, de l'impréparation et des erreurs du commandement à la supériorité militaire allemande, en passant par le rôle ambigu joué par les alliés de la France.
Une intervention nécessaire pour tout comprendre d'un événement central du XXe siècle.
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.
Plus qu'aucun autre pays européen, la France fait usage de ses forces armées, engagées sans relâche dans des "opérations extérieures" au long cours dont il est parfois difficile de discerner la cohérence d'ensemble. En tête des institutions préférées des Français, qui voient en elles une valeur refuge dans une société désorientée, les Armées ont vu disparaître le climat d'antimilitarisme des années 1970. Mais l'opprobre n'a pas été remplacé par une meilleure compréhension de ce qui guide l'action de guerre.
Or la remise en cause, violente, du cadre des relations entre les États, et désormais des structures mêmes de nos sociétés, nous impose de comprendre. Elle commande de penser la stratégie, et d'approcher ce que signifie être et agir en homme de guerre : pas seulement en militaire, mais bien en citoyen face aux périls menaçant sa Nation, en être humain face à l'inéluctable tragédie de la Politique.
Un monde nouveau émerge, dans les fracas du terrorisme et de la guerre économique, au rythme de "crises" protéiformes. Pour nous, Français, ce monde neuf nous projette paradoxalement vers des horizons anciens, où se pose la question de la survie, et où la victoire est parfois le seul chemin vers la paix. Mais pour y parvenir, il nous faudra toutefois nous montrer capables à nouveau de penser, et de faire la guerre.