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C'est en compagnie de Stefou Xenomancie qu'est étudié en profondeur le courant intellectuel souterrain mais influent des lumières sombres, un mouvement qui remet radicalement en question les fondements de la modernité politique. Inspiré par le penseur Nick Land, théoricien d'une technocratie élitiste, le débat s'articule autour d'une critique acerbe de la démocratie, de l'égalitarisme et du progressisme. Ce courant prône un retour à des structures sociales hiérarchisées, tout en intégrant les avancées technologiques pour façonner un futur où l'efficacité prime sur les idéaux humanistes. Entre rejet des utopies égalitaires et fascination pour un capitalisme débridé, ces idées interrogent : une société gouvernée par une élite technoscientifique est-elle viable, voire souhaitable ?
L'échange aborde également des thèmes connexes comme la providence technocapitaliste, où le marché et l'intelligence artificielle sont perçus comme des forces quasi divines de sélection sociale, ou encore la guerre hybride, où les conflits futurs se joueront autant sur les champs de bataille que dans les réseaux numériques. Des références à la gnose, à la double prédestination calviniste ou aux mythes faustiens viennent éclairer cette vision d'un monde où le pouvoir se concentre entre les mains de quelques-uns, tandis que la masse, dépossédée de son autonomie, n'est plus qu'un rouage d'un système dépassant l'entendement humain. Entre dystopie et prophétie, cette discussion invite à décrypter les dérives possibles d'un futur où technologie, pouvoir et spiritualité s'entremêlent de manière troublante.


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Le XIXe est le siècle par excellence du "culte des morts", ce culte familial du souvenir et de la tombe qui fut un des ancrages anthropologiques et culturels les plus répandus et les plus unanimes. Dans les nouveaux cimetières transférés en périphérie d'agglomération, dans les villes d'abord, puis dans les campagnes (avec ou sans transfert), les contemporains ont pris l'habitude de venir régulièrement "visiter leurs morts" en apportant sur leurs tombes fleurs et couronnes. C'est ainsi que la Toussaint est devenue, sous des formes en partie renouvelées, la fête la plus populaire du calendrier liturgique, croyants et incroyants réunis.
Dans les années 1820, devant le spectacle commençant des pèlerinages sur les tombes au Père-Lachaise, le grand écrivain romantique Benjamin Constant, qui distinguait le "sentiment religieux" (éternel et perpétuellement resurgissant) de ses "formes" variables et évolutives, croyait voir "planer le sentiment religieux sur sa propre forme". Comment mieux dire que la forme par excellence du sentiment religieux au XIXe serait funéraire ?
C'est à essayer de décrire et de comprendre les raisons du succès de cette invention sacrale du XIXe, sans équivalent sous l'Ancien Régime, qu'est consacrée cette conférence. XIXe qui s'est prolongé fort avant dans le XXe, voire le XXIe siècle, puisqu'en 1966 encore, dans le texte pionnier qu'il a consacré à ce culte, Philippe Ariès ne paraissait pas encore se douter qu'il pût décliner un jour.


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Et si christianisme et anarchisme étaient deux manières d'être au monde présentant de nombreuses affinités ?
Militant anarchiste communiste depuis 1975, Bernard Appy se convertir au christianisme (dans son acception protestante) pendant le cours des années 80. Il explicite ici la logique de son parcours politique et spirituel, dans lequel il voit une évidente continuité, en s'appuyant notamment sur les écrits de Jacques Ellul.


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Des millions de Français pratiquent le yoga. Des centaines de millions de par le monde. Confidentielle, quasi secrète il y a un siècle, la pratique du yoga a conquis la planète. Associé au XXe siècle aux mouvements hippies ou New Age, elle est désormais au centre du grand marché du bien-être et de la santé naturelle. Sa progression semble infinie. Pendant le récent confinement, le mot "yoga" était dans les cinq premiers des recherches Google. Alors : pourquoi le yoga "explose" aujourd'hui ? Culte du corps ou retour du spirituel ?
Aujourd’hui souvent associé aux prouesses de souplesse sur les réseaux sociaux, aux postures acrobatiques, aux jeunes femmes en legging, au secteur fourre-tout du développement personnel, et même à la performance en entreprise, le yoga de notre époque semble bien différent de celui de l'Inde Ancienne.
Accident de parcours ou évolution profonde ? Phénomène de mode ou changement durable dans l'approche de soi-même ? Episode souhaitable ou dangereux ? Y'aurait-il d'un côté un yoga ancien et authentique et de l'autre une pratique contemporaine, centrée sur le corps ? Que reste-t-il des textes historiques dans la pratique moderne ? Que dire de la thèse de l'appropriation culturelle du yoga ?
Voilà quelques grandes questions qui seront abordées ici et qui permettent d'interroger le yoga moderne, la pratique et son cadre, en essayant de mieux contextualiser certaines grandes controverses.


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Dans son livre Blanc, Sylvain Tesson écrit : "en 2019, les hommes avait continué à s'entretuer passionnément, on avait découvert l'iPhone 11, le progrès avait fait des progrès. Par exemple, la flèche de Notre-Dame avait brûlé. Que signifiait-elle, dressée au-dessus du siècle vingt-et-un ? Il était logique qu'elle se retira. L'homme moderne a autre chose à faire que de tourner son regard vers le ciel".
Pourtant, ni Sylvain Tesson, ni Sonia Mabrouk, qui publie Reconquérir le sacré, ne veulent laisser le dernier mot à cet aplatissement, à ce désenchantement du monde. Chacun a sa manière résiste.
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.


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Dès ses origines, la pensée chinoise a fait appel aussi bien à l'intuition qu'aux formes abstraites de raisonnement. Même si le confucianisme qui devient une doctrine étatique à partir du IIe siècle avant J.-C. sous les Han constitue le soubassement de la culture des lettrés, il ne cesse d'être confronté aux autres modes de pensée de la même époque, comme le taoïsme, l'école nominaliste, le légisme et plus tard au bouddhisme qui est introduit en Chine à partir du Ie siècle après J.-C.
Ces confrontations non sans heurts contribuent sous les Song (960-1279) à un renouveau de pensée sans précédent : le néo-confucianisme, courant confucéen qui s'inspire de l'apport du taoïsme et du bouddhisme tout en les critiquant.
Cette présentation panoramique trace, du point de vue philosophique et historique, quelques grandes lignes du confucianisme pré-impérial et du néo-confucianisme ainsi que les contextes intellectuels et politiques qui ont favorisé leur formation.


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Incitant ses disciples à rechercher une "voie moyenne" entre hédonisme et ascétisme, le Bouddha les a-t-il par là même dissuadés de mener une vie érémitique ?
Ce mode de vie solitaire dans un lieu retiré est en effet considéré, en Occident tout au moins, comme l'accomplissement "mystique" du renoncement et de l'ascèse.
En quoi les ermites bouddhistes se distinguent-ils donc des moines, et nons invitent-ils à changer de regard sur cette forme de vie si particulière ?


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Héritée des Grecs, puis remise à l'ordre du jour par des philosophes contemporains comme Pierre Hadot (1922-2010) et Michel Foucault (1926-1984), l'idée que tout être humain ait à prendre soin de lui-même est devenue centrale aujourd'hui, en témoigne la pensée américaine du "care".
Mais que signifie "prendre soin de soi-même" ? Retrouver le calme, se sentir en sécurité, redécouvrir son corps, développer sa créativité et pourquoi pas renouer avec le sacré ?
Le but du travail de Françoise Bonardel est de donner une assise philosophique, psychologique et spirituelle à ce besoin de "soin". Elle nous rappelle que ce soin à soi-même était déjà présent dans la philosophie antique et elle nous dresse le développement de la notion jusqu'à l’époque moderne en se demandant aussi si cet intérêt à soi ne cache pas finalement un égoïsme voire une forme de dandysme.
Françoise Bonardel ouvre enfin la question du soin de soi à la dimension religieuse et sacrée ; pour les mystiques cette expression de soin de soi-même revient à inscrire son devenir dans un processus de transformation et de maturation jusqu'à une ouverture vers la splendeur du Grand Soi.