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Alors que nos sociétés sont désormais soumis à une implacable "théologie managériale", il est important de mettre en perspective l'héritage des traditions philosophiques antiques et médiévales face aux ruptures introduites par la modernité et la postmodernité. L'occasion d'interroger la manière dont le management s'est imposé comme un cadre normatif dominant, en se substituant parfois au politique et au religieux, et d'inviter à envisager ce que la pensée classique peut encore offrir pour répondre aux enjeux contemporains.
- 0'00'00 : Introduction
- 0'03'45 : Quelques définitions : pensée classique, modernité et post-modernité
- 0'12'40 : Le piège de la binarité
- 0'29'46 : Quand fut le point de rupture entre pensée classique et pensée moderne ?
- 0'41'19 : Substitution de l'Église par l’état puis de l’état par l’entreprise ?
- 0'49'02 : Vers un état mondial et unifié ?
- 0'54'58 : Y a-t-il un lien entre l’athéisme, l’eugénisme et le management ?
- 1'04'53 : "Mourir dans la dignité" et la substitution du prêtre par la machine
- 1'11'36 : Qui d'autre peut apporter une réponse si ce n'est l'Église ou la machine ?
- 1'16'33 : Quelques recommandations de lecture
- 1'20'57 : Conclusion et remerciements


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Le sociologue et philosophe québécois Michel Freitag distingue, au sein de sa "sociologie dialectique", trois modes formels de reproduction : le "culturel-symbolique", le "politico-institutionnel" et le "décisionnel-opérationnel". La modernité, qui correspond au second de ces modes, est aujourd'hui en crise alors qu'il est acculé par le nouveau mode de reproduction cybernétique propre à la post-modernité.
Comment devons-nous comprendre cette évolution de la société prise comme totalité à la fois réelle et subjective ?


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Le travail du philosophe Dany-Robert Dufour porte principalement sur les systèmes et les processus symboliques et se situe à la jonction de la philosophie du langage, de la sémiologie, de la philosophie politique et de la psychanalyse. Il est d'auteur de nombreux livres parmi lesquelles on peut mentionner L'individu qui vient et Le divin marché.
Il revient ici sur la perversité intrinsèque de notre système mandevillien. En effet, selon Bernard de Mandeville, les vices privés devraient conduire à la vertu publique, et pour se faire, il faut confier la cité aux pires des hommes. Cette inversion morale est au fondement du néolibéralisme actuel et transforme la société en profondeur. Les individus n'existent même pas, ils sont esclaves d'une idéologie qui fait d'eux des consommateurs, égoïstes et grégaires, enfermés en eux-même et désespérément attachés à leur référentiel identitaire.
Un entretien mené par Carla Costantini.


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Le nom de Michel Freitag, en dehors de quelques cercles restreints, n'est guère connu. Pourtant, son œuvre, toujours en cours d'édition près de quinze ans après sa disparition (2009), est monumentale, tant par le volume physique des ouvrages que par l'envergure théorique qui s'y déploie.
Le philosophe Baptiste Rappin nous propose ici de découvrir un sociologue discret et marginal, pour ne pas dire méconnu ou ignoré : il est l'un des rares intellectuels francophones à n'avoir pas succombé à la pulvérisation méthodologique des savoirs et, par conséquent, à n'avoir pas renoncé à l'entreprise d'une théorisation générale de la société.


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Le kitsch n'est plus ce qu'il était. De style décrié, dévolu à un univers décoratif marqué par le manque de goût, il s'est métamorphosé en néokitsch "branché", systémique et planétaire. Il était associé à la décoration intérieure bourgeoise, aux bimbeloteries, aux images sulpiciennes : le voici qui s'infiltre dans les urbanismes pastiches gigantesques, les mégacentres commerciaux, les parcs de loisirs, les défilés de mode, le showbiz, les soaps télévisés, le design, la communication virtuelle sur les réseaux.
Désormais proliférant, démesuré, envahissant de plus en plus de secteurs, un nouveau cosmos kitsch s'affirme, qui dépasse de beaucoup la sphère des propriétés formelles des choses et des images tant il contribue à dessiner une forme de civilisation : la civilisation du "trop".
Émission "Idées", animée par Pierre-Edouard Deldique.


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Michel Freitag est un sociologue discret et marginal, voire méconnu ou ignoré : il s'agit de l'un des rares intellectuels francophones à n'avoir pas succombé à la pulvérisation méthodologique des savoirs et, par conséquent, à n'avoir pas renoncé à l'entreprise d'une théorisation générale de la société. C'est ainsi qu'il en vient à distinguer trois modes formels de reproduction : le "culturel-symbolique", le "politico-institutionnel" et le "décisionnel-opérationnel".
Plus particulièrement, les sciences humaines jouent un rôle essentiel dans les deux derniers modes de reproduction : dans le cadre de la modernité, elles endossent le costume d'une instance critique et réflexive qui instaure une capacité d'institutionnalisation, c'est-à-dire qu'elles participent de l'élaboration rationnelle mais conflictuelle du pouvoir qui assure l'unité de la société. Le passage à la postmodernité, quant à lui, représente une autonomisation des sciences humaines qui, plutôt que d'inscrire l'homme dans une totalité signifiante, travaillent à son adaptation au mouvement technoéconomique général : elles sont devenues, ni plus ni moins, des techniques de contrôle et de gestion du social.
C’est dans ce cadre général que Baptiste Rappin entend cerner et discerner la nature et la place de la philosophie au sein du management et des sciences de l'organisation ; réflexion d'autant plus urgente qu'elle met aux prises d'une part la philosophie, canon de la libre rationalité, et la théorie des organisations, fer de lance de la mise en systèmes du globe terrestre.


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Dans le contexte d'une modernité en déroute, Michel Michel, sociologue de son état, appelle au recours à la Tradition, celle du "pérennialisme" : "ce qui été cru par tous, toujours et partout". Non pas une nostalgie du passé, mais parce que les principes qui fondent le monde moderne – individualisme, croyance au Progrès, "désenchantement du monde" rationaliste, Homme Nouveau autocréé – sont pour paraphraser Chesterton "des idées chrétiennes devenues folles".
Il a été plus facile à l'Église "d'aller aux barbares" que de résister à ses propres hérésies. À la fin du XXe siècle, la pastorale de l'Église ne s'est pas contentée de "s'adapter" au monde, mais semble s'être massivement ralliée aux hérésies idéologiques de la modernité.
Or le monde passe; aussi, le ralliement de l'Église à la "religion séculière prométhéenne" de la modernité est inefficace car cette religion est elle-même en déclin.
Avec la postmodernité, le recours à la Tradition est la plus probable arche de salut pour passer le naufrage de la modernité.


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"Les temps contemporains se caractérisent par un double mouvement chiasmatique de devenir-monde des organisations et de devenir-organisation du monde : l'expression "mouvement panorganisationnel" réunit ces deux dimensions sous son étendard. L'organisation est le site de notre époque : nul lieu sans organisation, nul collectif qui ne prenne la forme d'une organisation. L'être au monde du XXIe siècle est un être-jeté-dans-les-organisations." Baptiste Rapin, Au fondement du management, Ovadia, p31
L'œuvre philosophique de Baptiste Rappin, maître de conférence à l'Université de Lorraine, est indispensable. Il démêle avec une érudition et un style d'écriture unique le fil historique et philosophique de la parole viciée managériale.
- 0'00'00 : Armature philosophique de Baptiste Rappin
- 0'06'52 : La condition de l’homme moderne
- 0'16'46 : Retour sur les termes : Management, performance, cybernétique
- 0'36'47 : Ré-enrôlement dans l'Ordre managérial : la figure du Coach
- 0'55'33 : Un Autre management possible ?
- 1'05'16 : L'impossible Civilisation Industrielle
- 1'11'34 : L'essence proprement apocalyptique du management
- 1'19'56 : Quel recours aux forêts ?
- 1'24'37 : Si la France était un Livre ?