La Nouvelle Alliance (1979), du physicien Ilya Prigogine et de la philosophe Isabelle Stengers, est à la fois un livre d'histoire et de philosophie de la thermodynamique, une branche de la physique méconnue du grand public, et un essai philosophique sur la place de l'homme dans la nature. Il a suscité de vives controverses à propos du déterminisme, de l'irréversibilité, de l'interdisciplinarité et du réalisme scientifique.
Emanuel Bertrand revient sur ces controverses, ainsi que la genèse, la construction et la réception de La Nouvelle Alliance, de même que sa promotion de l'extension du domaine de la thermodynamique à de très nombreux autres champs de la connaissance : la chimie, la biologie, l'écologie, l'économie, les sciences sociales et la philosophie.
Une intervention modérée par Masatoshi Inoue, agrémentée des contributions des deux discutants Hélène Guillemot et Jean-Louis Fabiani.
Le mathématicien et philosophe Olivier Rey réalise une synthèse très éclairante sur le développement de la pensée moderne et de son appréhension de la nature marquée par la mathématisation. Il montre comment le vivant, dans ses formes souvent étonnantes et merveilleuses (comme celle du Paon qui fait la roue), échappe à cette approche réductionniste ainsi qu'à la logique de la pure conservation.
Les lois physiques sont-elles solidaires de l'Univers ou résident-elles hors de lui ? Comment les électrons connaissent-ils les lois de l'électromagnétisme que nous, humains, devons étudier à l'école ? Sont-elles inscrites, depuis leurs apparitions, au fin fond de leur être ? Les ont-ils apprises par cœur ? Sont-ils capables de les décrypter de loin sur le grand tableau noir de l'Univers ? Obéissent-ils plutôt à des consignes qui proviendraient de l'extérieur du monde ? Ou encore entament-ils des négociations avec l'Univers pour déterminer ensemble le meilleur comportement pour des particules électriquement chargées ?
Plaisanterie mise à part, le statut des lois physiques demeure une authentique question métaphysique !
Alors que sommes embarqués dans la grande accélération, qui menace aujourd'hui l'existence de la population humaine globale, Pablo Jensen tente un parallèle entre les logiques des révolutions scientifique et industrielle, qui mettent en place des circuits longs pour, respectivement, expliquer ou métaboliser le monde. La grande accélération serait alors produite par la synergie entre sciences expérimentales et industrie, menant à la création de boucles de rétroaction positive stables permettant d'aspirer et contrôler le monde.
Dans un premier temps, c'est la logique des premières étapes de la révolution scientifique qui est analysée en les reliant à celles de la révolution industrielle, grâce notamment à l'idée de "Engine Science" (Caroll-Burke, 2001).
Ensuite, et de manière plus générale, on se demande ce qu'on gagne et ce qu'on perd lorsqu'on passe d'un circuit court à un circuit long : quand on fait un détour par un laboratoire ou un centre de calcul pour maîtriser un phénomène ou quand on bâtit une usine de production de masse au lieu d'engendrer ses ressources localement.
Finalement, la conclusion est consacrée à l'exploration de ce parallèle entre sciences et machines en s'interrogeant sur la nécessité de refonder les sciences expérimentales pour les rendre "Terrestres".
Des présocratiques à Plotin en passant par Socrate, Platon, Aristote, Épicure et les stoïciens, Jean-François Mattéi nous convie à un voyage initiatique dans la philosophie antique. C'est à cette source que la raison occidentale se nourrit depuis des siècles.
On y assiste à la naissance de la philosophie, de la physique, des mathématiques, de la politique : éblouissant feu d'artifice de la pensée comme l'histoire en a peu connu depuis lors, et qui continue de résonner dans les débats d'aujourd'hui.
Comprendre les enjeux énergétiques globaux est l'objet du travail récent de Maxime Amblard, ingénieur d'études en physique des réacteur nucléaires, qui introduit ici, entre abondance et pénuries, aux grands choix énergétique que la France, comme les autres nations, devra faire pour maintenir sa liberté de décision sur son avenir ainsi qu'un niveau de vie décent pour sa population.
Une étude nécessaire pour comprendre la problématique énergétique aujourd'hui, afin de mener le combat de la souveraineté énergétique.
Entre le XIIIe et le XVe siècle, la péninsule italienne est l'un des principaux foyers intellectuel et économique européens. Organisée tout d'abord autour des communes, la vie politique suscite la naissance d'États régionaux. Les deux forces antagonistes, Empire germanique et papauté, qui avaient jusque-là dominé, renoncent à assurer leur prépondérance.
De 1454 à 1494, une "politique d'équilibre" groupe les souverains dans une Ligue italienne qui, dans le climat culturel et artistique prestigieux du Quattrocento, semble préfigurer la formation d'un État national, sur le modèle espagnol ou français. Mais une série d'interventions étrangères vont bloquer cette évolution.
C'est dans ce contexte que certains esprits vont alorsa produire des oeuvres qui joueront un rôle décisif pour l'avenir du continent : Machiavel, Giordano Bruno ou encore Galilée.
C'est en compagnie de nombreux intervenants qu'une généalogie du progrès est entreprise. Comment ce terme est-il passé de concept (avec un sens d'ailleurs fluctuant) à praxis pour en venir à saturer la réalité de notre monde ?
Seule une approche interdisciplinaire jetant des ponts entre des domaines de recherches de prime abord trop éloignés pour être compatibles - physique, économie, écologie, histoire - nous permet de saisir dans sa complexité les enjeux auxquels sont confrontés nos sociétés actuelles vivant par et pour le progrès.
Émission "Histoire vivante", animée par Jean Leclerc.