Jacques Ellul a laissé une œuvre qui a profondément marqué le débat sur le rôle social de la technique. De même que Marx pensait qu’à partir du XVIIIe siècle le Capital était devenu une force de transformation sociale qui impose sa loi à la société industrielle, Ellul soutient qu’à partir du XXe siècle, la Technique est devenu une force dominante qui échappe largement aux diverses tentatives de contrôle moral et politique.
Dans La technique ou l’enjeu du Siècle (1954), il cherche à montrer que dans la société contemporaine qui est désormais devenue "technicienne" elle tend à se développer de manière autonome. Dans Le système technicien (1977) il considère que cette autonomie est renforcée par la tendance à l’intégration systémique des diverses techniques qui finissent par constituer un milieu englobant sur lequel nous n’avons qu’une faible prise.
Toutefois seule une lecture superficielle de ses ouvrages conduit à ranger Ellul parmi les tenants d’un déterminisme technologique aveugle sur lequel l’homme ne pourrait rien. Pour Ellul l’autonomie de la technique est relative et le passage à une civilisation nouvelle dans laquelle la technique serait non plus déterminante mais dominée et réencastrée dans le social reste possible, mais difficile.
Les oeuvres de Hans Kelsen (1881-1973) et Carl Schmitt (1888-1985) représentent, chacune avec leur spécificité, deux moments essentiels de la réflexion sur le droit moderne.
Dans le regain d'intérêt que connait la philosophie du droit, l'étude de ces deux pensées implique de quitter la voie du jus naturalisme, balisée par ses concepts de justice, de droits de l'homme, de contractualisme, pour se risquer sur un chemin où la domination et la violence (fût-elle légitime) semblent incontournables.
Carlos-Miguel Herrera revient sur la querelle qui aura opposé les deux plus grands juristes du XXe siècle.
Notre monde actuel est saturé de religions, mais, à fortiori, ne doit-on pas se demander "où est Dieu" ?
Mais a-t-il besoin d’exister pour être ? Ou pouvons-nous penser Dieu sans penser son existence ?
Alors, serait-il comme l’Amour qui est sans besoin d’exister ? Ne serait-ce pas cela la question essentielle ? Si le mode d’existence de Dieu – ou de non-existence – n’était que secondaire ?
Le Cercle Kritik s'entretient avec Baptiste Rappin pour parler de deux courants de pensée dont les enjeux sont hautement actuels : le management, la cybernétique.
Au passage, il relève également un intérêt méconnu mais certain du philosophe Martin Heidegger pour la cybernétique, inquiet de la montée en puissance de cette pensée de "l'âge atomique"...
Un fossé s'est creusé entre, d'une part, une pensée conceptuelle qui néglige les questions quantitatives, considérées comme au-dessous de sa dignité, d'autre part une pratique technoscientifique qui manie les quantités sans guère s'inquiéter, en général, des effets qualitatifs induits sur les existences humaines.
Or, la taille n'est pas un simple paramètre, qu'il serait loisible de faire varier à volonté, elle appartient à l'essence des choses.
Parce que le nœud entre qualité et quantité est impossible à défaire, il n'est pas de domaine où la question de la taille appropriée, de la bonne échelle, des justes proportions, ne soit d'une importance cruciale.
Françoise Bonardel, philosophe et écrivain, a enseigné durant vingt ans la philosophie des religions et s'intéresse particulièrement au bouddhisme.
Auteur d'une douzaine d'ouvrages alliant philosophie et poésie, elle s'inspire de traditions anciennes (hermétisme, gnose, alchimie) pour renouveler l'approche de certaines oeuvres d'art ou de questions contemporaines : la transmission, le nihilisme, la crise de l'identité culturelle européenne.
Emission "Les Racines du ciel", animée par Frédéric Lenoir et Leili Anvar.