Face à l'homme blanc. Avec James Baldwin sur France Culture.


(1)
730 Vues
0 commentaire
06.1975

Du roman en partie autobiographique, Go Tell It on the Mountain, paru en 1953, à Harlem Quartet, son dernier roman quelque peu apaisé, en passant par le théâtre, les multiples essais polémiques et politiques en faveur de l'émancipation des Noirs aux États-Unis, La prochaine fois, le feu, paru en 1962 et dont l'effet fut celui d'une bombe, l'oeuvre de James Baldwin lui valut une notoriété mondiale. Celle-ci, polymorphe et inquiète, fut longtemps oblitérée par le personnage qui hantait le Saint-Germain-des Prés de la fin des années 40 et le militant, ex-pasteur, d'une pauvre famille de Harlem qui haranguait si bien les foules.
Aujourd'hui que les cendres brûlantes ont recouvert les mouvements pacifistes ou violents des Noirs américains des années 60, il est temps de redécouvrir l'œuvre dans toute sa richesse et ses ambivalences. La révolte violente d'un Richard Wright, par exemple, est compensée par les paroles d'amour et d'apaisement de James Baldwin, sous l’œil, évidemment, du FBI. Car Baldwin est l'homme par excellence de l'entre-deux, de l'exil, et il ne pouvait sans doute jamais tout à fait réconcilier en lui le Noir et le Blanc, le féminin et le masculin, la pulsion érotique et la demande de l'impossible amour qui abolirait toute frontière, l'Amérique et l'Europe, New York et Paris, et à la fin de sa vie, Saint-Paul-de Vence où il tentait de guérir de ses blessures et de son pessimisme et où il mourut d'un cancer en 1987.
Noir ou américain, c'est en tant qu'écrivain que James Baldwin voulait être connu et reconnu, et c'est ainsi qu'il faut avant tout le lire et l'écouter.

Un entretien mené par Éric Laurent.