Présenté naguère comme un dévot de la social-démocratie, aujourd'hui comme un croisé du libéralisme, demain peut-être comme un précurseur de la soft idéologie, Karl Popper (1902-1994) est avant tout un épistémologue et un philosophe dont la réflexion proprement politique ne saurait certainement pas être corsetée.
En effet, l'auteur de Conjectures et réfutations s'adresse d'abord à des problèmes philosophiques "classiques", que nulle théorie de la connaissance ne saurait ignorer : le statut de la métaphysique, l'induction, la rationalité, le déterminisme.
Émission "Des nuages et des horloges", animée par Mira Barthelemy et Stanko Cerovic.
Du village d'Épenoy dans le Doubs jusqu'au Collège de France, en passant par la khâgne du lycée Lakanal à Sceaux, l'ENS, l'université Paris-I Sorbonne ou l'université de Genève, le parcours de Jacques Bouveresse est à la fois très classique et marginal. S'inspirant de la tradition issue de la philosophie analytique et de la littérature autrichienne (Kraus, Musil), Bouveresse a traversé les modes intellectuelles des années 1960, 70 et 80 sans jamais se compromettre avec elles.
L'occasion de revenir sur un parcours singulier et une oeuvre orignal qui n'a jamais cédée aux sirènes de la déconstruction, du postmodernisme et des nouveaux philosophes, et qui a constamment tenté de défendre un rationalisme lucide sur les pouvoirs de la philosophie mais aussi, et peut-être d'abord surtout, sur les illusions qu'elle ne cesse d'entretenir sur elle-même.
Alors que dans Comprendre l'Empire, Alain Soral partait de la Révolution française, de la succession Ancien Régime/République, de l'opposition Religion et Raison, y démontrant notamment tout ce que ce régime théocratique avait de raisonnable sur le plan pratique et tout ce que cette raison politique avait de fanatique et de déraisonnable dans les actes et les faits, s'y déployait aussi une logique, une logique politique de pouvoir et de domination. Mais de domination au nom de quoi ?
Cette nouvelle domination des uns sur les autres, de la démocratie républicaine sur la monarchie théocratique, puis même de la république démocratique sur la démocratie républicaine s'est faite au nom d'un nom magique, d'une idée parfaitement séductrice : l'égalité !
L'épopée moderniste, la grande idée, le concept au coeur de la dynamique du cycle c'est ça : le pouvoir au nom de l'égalité. Et une égalité de plus en plus totale, soit, en bonne logique, de plus en plus formelle et abstraite, ce qui se traduit le plus souvent dans la pratique en absurdité, voire en son contraire. Le voilà le coup de génie qui embrasse toute l'époque, la suprême arnaque comme sortie de la tête même du diable : l'inégalité au nom de l'égalité !
Alain Soral nous fait cheminer de la Tradition à Marx, de la logique formelle à la complexité du réel, de la parole du Christ à la loi du nombre et du Marché, jusqu'à ce futur qui se déploie sous nos yeux, entre surveillance de masse, censure et dictature à venir du grand reset...
L'intelligence artificielle connaît son heure de gloire. Aux déboires des commencements ont succédé, au tournant du XXIe siècle, des avancées spectaculaires mais qui ne sont pas parfaitement comprises : l'intelligence artificielle reste en partie opaque. Pis : elle a beau progresser, la distance qui la sépare de son objectif proclamé -reproduire l'intelligence humaine- ne diminue pas.
Pour dissiper cette énigme, il faut en affronter une deuxième : celle de l'intelligence humaine. Celle-ci ne se réduit pas à la capacité de résoudre toute espèce de problème. Elle qualifie par un jugement la manière dont nous faisons face aux situations, quelles qu'elles soient, dans lesquelles nous sommes. L'intelligence est une notion irréductiblement normative, à l'image du jugement éthique ou esthétique, et c'est pourquoi elle est réputée insaisissable.
Un système artificiel "intelligent" connaît non pas les situations, mais seulement les problèmes que lui soumettent les agents humains. C'est sur ce point uniquement que l'intelligence artificielle peut nous épauler. De fait elle résout une variété toujours plus grande de problèmes pressants.
Ce devrait demeurer là son objectif, plutôt que celui, incohérent, de chercher à égaler, voire surpasser, l'intelligence humaine. L'humanité a besoin d'outils dociles, puissants et versatiles, et non de pseudo-personnes munies d'une forme inhumaine de cognition.
Des effets possibles de la satire et de la banalisation de la corruption, des relations entre philosophie et sciences, des notions de vérité, d'objectivité et de clarté : le philosophe Jacques Bouveresse passe en revue certaines des questions qu'il aura longuement travaillées ainsi que ses influences majeures, de Ludwig Wittgenstein à Robert Musil ou Karl Kraus.
L'occasion de revenir sur sa vie et son parcours intellectuel que l'a conduit, de sa naissance en 1940, dans le Jura, dans une famille de paysans, jusqu'au Collège de France !
Une série d'émissions animée par Christine Lecerf.
Objets connectés, assistants personnels, robots conversationnels, voitures autonomes... L'intelligence artificielle sous toutes ces formes accompagne notre quotidien, preuve de notre constante progression scientifique et technologique. Mais comment s'articulent tous ces dispositifs avec nos individualités, nos désirs ou nos représentations du monde qui nous entoure ?
Professeur à Sciences Po Paris et directeur du médialab, Dominique Cardon nous introduit le sujet avec un peu d'histoire et partage sa vision de sociologue sur l'intelligence artificielle et les impacts qu'elle a dans nos vies.
Un sujet passionnant qui touche plus encore à l'éthique et à la politique qu'à la technique.
Le philosophe Benoit Bohy-Bunel nous propose une analyse critique suivie de la grande oeuvre de Kant, la Critique de la raison pure. Il s'agit d'une approche matérialiste, qui n'est pas économiciste, mais qui définit la matière comme rapports sociaux concrets entre corporéités agissantes.
La démarche idéologique kantienne s'inscrit dans une dépossession du travail manuel par le travail intellectuel. Dès lors, les facultés transcendantales de Kant perdent leur universalité et retrouvent leur perspective située : c'est le sujet masculin blanc et bourgeois qui s'arroge l'universalité, pour mieux assigner les individus minorisés qui sont considérés comme étant hors culture.
La chose en soi est définissable : elle est la souffrance des individus réifiés, que Kant ne veut pas (ou ne peut pas) thématiser. La dialectique transcendantale prend alors une tout autre signification, ainsi que tout le projet critique kantien.
La philosophie que nous connaissons aujourd'hui est académique. Cette situation institutionnelle a une histoire et détermine les modalités pratiques dans lesquelles elle s'exerce et se constitue.
Gaëlle Jeanmart nous propose une démarche généalogique qui nous rend attentif à la transformation de la discipline occasionnée par son entrée dans l'université au Moyen Age et, par conséquent, aux habitudes conquises qui forment nos réflexes académiques actuels.