Les années 1980 évoquent quelques images rutilantes : les années fric et l'entrepreneur héros, les années strass et leurs stars kitsch, Le Pen et "Touche pas à mon pote !", Jack Lang et la Fête de la musique, Jacques Séguéla et sa "génération Mitterrand", Bernard Tapie et les Restos du cœur, le Minitel et les pin's, le cynisme des ex-gauchistes parvenus au pouvoir et la bien-pensance du charity business...
Que reste-t-il de cette décennie, qui est d'abord celle d'un affaissement général et du grand renoncement ? Pourquoi apparaît-elle à ceux qui l'ont vécue comme un cauchemar intellectuel et politique ? Dans quelle mesure les années 1980 permettent-elles de comprendre la France d'aujourd'hui ?
Cette série d'émission, en compagnie de François Cusset, Frédéric Lordon et Serge Halimi, montre que cette décennie signe avant tout la disparition de tout sens critique : des "experts" se mettent à professer le marché comme fin de la politique ; des "intellectuels" médiatiques discourent en chœur sur la fin des idéologies et délivrent des sermons simplistes sur le "mal" et le "sens de la vie". On a ainsi vu triompher une idéologie réactionnaire d'un genre nouveau. La télévision, devenue le cœur de l'espace public, a commencé à diffuser le bavardage publicitaire qui lui tient lieu de vision du monde.
Derrière le basculement des années 1980, et tout ce qu'elles nous ont légué, on trouve des intellectuels d'État et des idéologues télévisuels, quelques moralistes de plume et sociologues de la pub.
C'est sous ces crânes, dans ces écrits, au fil de ces discours aux sources variées, des tubes aux essais, des romans aux slogans, que l'on part traquer la vérité de cette décennie terrible.
Dans le Monde Diplomatique de Mars 2013, Régis Debray adresse une lettre ouverte à Hubert Védrine, chargé par François Hollande d’un rapport sur la France dans l’OTAN aujourd’hui.
Pour Hubert Védrine, il n’est pas nécessaire de sortir de l’OTAN. Au contraire, Régis Debray pense que la France doit quitter cette "organisation inutile et nuisible, [qui] pollue le paysage international dans toutes les dimensions", selon l’ambassadeur... de France, Gabriel Robin.
Un moment passionnant de réflexion politique qui ouvre sur une évocation de Stéphane Hessel, dont Régis Debray fut l’ami.
Comment est-on passé à un nouveau capitalisme orienté par les seuls verdicts de la finance ?
Serge Halimi retrace l'histoire de la montée des idées "néolibérales" au XXe siècle en expliquant l'essor des idées de penseurs libéraux comme Friedrich Hayek ou Milton Friedman. Il s'attache à montrer comment leurs idées ont pu recevoir un écho dans le monde politique conservateur américain (Ronald Reagan), puis anglais (Margaret Thatcher), et par quelles médiations ces idées y sont parvenues (cercles de personnalités soigneusement sélectionnées pour en faire la promotion, financement de think tank conservateurs, grands dirigeants d'entreprises, et par la concentration des médias détenus par des capitaux privés).
Emission France Inter "Là-bas si j'y suis".
Clair et lumineux comme à son habitude, l’économiste hétérodoxe Frédéric Lordon revient sur la crise majeure du capitalisme, crise qui se déroule aujourd'hui. Il évoque ensuite des pistes pour sortir du cadre néolibéral qui en régit la forme mondialisée.
Enfin, il il répond aux questions du public sur la faillite du système financier, les politiques européennes et les solutions qui devraient être mises en oeuvre.