Comme tout ordre de domination, le capitalisme et la bourgeoisie qui en tient les rênes ont besoin de nous (et de se) raconter une histoire qui les légitime. Une histoire qui justifie leur hégémonie et l'écrasement de tout ce qui leur est étranger.
De nos jours, c'est la construction européenne qui sert de colonne vertébrale au discours de l'ordre. En dépit de ses tares antidémocratiques et antisociales, l'Union européenne continue à faire consensus auprès des élites du pays. Au nom de sa prétendue contribution à la pacification du continent, la machine bruxelloise poursuit son travail de persécution économique des classes laborieuses.
Construire un projet anticapitaliste cohérent, c'est donc d'abord déconstruire le discours européiste pour commencer à imaginer une alternative. C'est ce que s'emploient à faire ici la journaliste Judith Bernard et l'écrivain François Bégaudeau.
Comment, au royaume morcelé du moi-je, retrouver le sens et la force du nous ? C'est ce défi, peut-être le plus crucial de notre temps, que Régis Debray s'emploie à relever.
Mais le nous, pour durer, fait toujours référence à une sacralité, séculière ou révélée. Régis Debray analyse donc ce que les droits de l'homme, cette nouvelle religion civile qui veut être l'expression contemporaine de la solidarité humaine, nous font faire, actuellement.
Puis, porté par la conviction que l'économie seule ne fera jamais une société, il dégage les voies d'accès à une fraternité sans phrases, qui puissent en faire autre chose qu'un fumigène : un labeur de chaque jour.
Emission "d@ns le texte", animée par Judith Bernard, avec Eric Naulleau et Frédéric Ferney comme chroniqueurs.