À partir de la théorie critique développée initialement par l'École de Francfort, Maxime Ouellet a comme ambition de saisir les fondements sociohistoriques des catégories centrales qui sont au fondement de l'intelligence artificielle : la communication, la commande, le contrôle et l'information.
Après avoir d'abord situé les développements de l'intelligence artificielle dans le sillage des premiers travaux issus de la cybernétique, dans le cadre de ce qui était qualifié à l'époque de capitalisme monopoliste d'État, il pose ensuite la question visant à savoir si les mutations contemporaines du capitalisme rendues possibles grâce aux avancées dans le domaine de l'IA tel que le machines learnig et le deap learning remettent en question la possibilité de développer une théorie critique de la société.
La détection algorithmique des relations subtiles, évolutives en "temps réel" entre des données numériques disparates disponibles en quantité massive produit un tout nouveau type de modélisation, exploitable dans une multitude de domaines comme le marketing, la prévention des délits et des crimes, l'optimisation du déploiement des forces de l'ordre ou la détection anticipative des foyers épidémiques.
Ces nouvelles pratiques de détection, de classification et d'évaluation anticipative constituent de nouveaux modes de production du "savoir", de nouvelles modalités d'exercice du "pouvoir", et de nouveaux modes de "subjectivation", bref, une nouvelle gouvernementalité algorithmique, succédant, en quelque sorte, sans pour autant les remplacer complètement, aux régimes de pouvoir - souveraineté (droit de laisser vivre et de faire mourir), régime disciplinaire (réforme des psychismes individuels par intériorisation des normes, que les individus disciplines "incarnent" d'eux-même) et biopouvoir (droit de faire vivre ou de laisser mourir) - mis en lumière par Michel Foucault.
À l'heure où les modes de vie ont été bouleversés par les écrans, à l'heure où tout le monde ou presque est connecté, à l'heure où "les vieux se sont mis à l'école des jeunes" et où se dessine "une maîtrise épouvantable de l'ancien monde", bienvenue à l'ère du numérique !
Le philosophe et essayiste Eric Sadin débat de ce nouveau état de fait avec Bruno Patino, président d'Arte France, spécialiste des médias et des questions numériques.
Émission "Répliques", animée par Alain Finkielkraut.
L'intelligence artificielle va-t-elle bientôt dépasser celle des humains ? Ce moment critique, baptisé "Singularité technologique", fait partie des nouveaux buzzwords de la futurologie contemporaine et son imminence est proclamée à grand renfort d'annonces mirobolantes par des technogourous comme Ray Kurzweil (chef de projet chez Google) ou Nick Bostrom (de la vénérable université d'Oxford). Certains scientifiques et entrepreneurs, non des moindres, tels Stephen Hawking ou Bill Gates, partagent ces perspectives et s'en inquiètent.
Menace sur l'humanité et/ou promesse d'une transhumanité, ce nouveau millénarisme est appelé à se développer. Nos machines vont-elles devenir plus intelligentes et plus puissantes que nous ? Notre avenir sera-t-il celui d'une cybersociété où l'humanité serait marginalisée ? Ou accéderons-nous à une forme d'immortalité en téléchargeant nos esprits sur les ordinateurs de demain ?
Objets connectés, assistants personnels, robots conversationnels, voitures autonomes... L'intelligence artificielle sous toutes ces formes accompagne notre quotidien, preuve de notre constante progression scientifique et technologique. Mais comment s'articulent tous ces dispositifs avec nos individualités, nos désirs ou nos représentations du monde qui nous entoure ?
Professeur à Sciences Po Paris et directeur du médialab, Dominique Cardon nous introduit le sujet avec un peu d'histoire et partage sa vision de sociologue sur l'intelligence artificielle et les impacts qu'elle a dans nos vies.
Un sujet passionnant qui touche plus encore à l'éthique et à la politique qu'à la technique.
Nous avons quitté le poisson rouge dans son bocal numérique : parfaitement libre, ouvert à tout, mais incapable de grandir, en difficulté pour se concentrer plus de 8 secondes, épuisé par le temps qui file et par les sollicitations infinies. Et travaillé par les algorithmes… Et nous l'y retrouvons, après une expérience mondiale inédite : un poisson rouge confiné, sauvé par sa capacité technique à échanger, travailler, regarder, garder le contact, se divertir… et découvrant, en accéléré, sa prison numérique – libre de tout connaître mais perdant le désir ; parlant à tous et chacun, mais avide de rencontres véritables ; le dos tassé, les yeux rougis, continuant la vie avec un léger sentiment de vide et d’attente….
Impossible de rembobiner : à nous de faire avec cette nouvelle civilisation, qui nous a emportés et transformés en vingt ans. Déconnecter est un leurre : mais lutter avec souplesse ; transformer nos façons de faire, de connaître, d’aimer ; se chercher des rites ; réformer notre langage ; déjouer l'Intelligence artificielle ; et surtout, se créer une plage de temps à soi, chambre virtuelle, mains vides, regards vers le ciels : telles sont les leçons et pistes possibles proposées par Bruno Patino.
D'une méditation sur le temps à un souvenir de wifi en panne, d'un petit déjeuner avec Zuckerberg à une méditation sur les stages de déconnexion durs du patron de Twitter, d'une addiction personnelle à une promenade en forêt sans écran…. Libérez-vous. Renaissez. Petit poisson rouge deviendra grand !
Émission "Idées", animée par Pierre-Edouard Deldique
La souveraineté numérique, parfois appelée aussi cybersouveraineté, est l'application des principes de souveraineté au domaine des technologies de l'information et de la communication, c'est-à-dire à l'informatique et aux télécommunications.
Mais quelles sont les enjeux réels et en quoi les états et ses citoyens sont-ils directement affectés ? Quelles sont les solutions envisageables permettant d'assurer la sécurité collective et individuelle des données numériques que nous produisons et utilisons massivement aujourd'hui ?
Une stratégie permettant d'assurer la souveraineté numérique de nos états, de nos institutions et de nos entreprises nationales est plus que nécessaire : elle est urgente.
La crise de la reproductibilité est plus grave que nous ne le pensions. Voilà bientôt deux décennies que le monde de la recherche a pris conscience de ce problème méthodologique qui touche aussi bien les sciences dures que les sciences humaines et sociales.
On se rend compte qu'il est de plus en plus difficile de reproduire les manipulations en laboratoire et les résultats de nombreuses études, alors que c'est pourtant l'un des fondements de la méthode scientifique. Le coeur du problème n'est pas la fraude scientifique, mais plutôt des malfaçons où le "matériel et méthodes" peut être inexact.
Une journée d'étude destinée à mesurer l'étendue du problème dans plusieurs champs de recherche et à apporter des solutions.