Benoît Peeters est écrivain, scénariste, biographe (Valery, Hergé, Derrida, Ferenczi) et inventeur d'univers de Cités obscures. Analyste de Barthes, Hitchcock et Chris Ware, historien et théoricien de la BD, éditeur et héros de roman photo, c'est peut-être d'abord un homme d'images.
L'occasion de revenir sur sa carrière et d'en comprendre, si ce n'est le sens, au moins les points d'inflexions et les aspirations et occasions qui ont mené à des recherches qui pouvaient encore paraître, en leur temps, assez incongrues.
Un entretien mené par Franck Senaud.
Qu'a d'unique la bande dessinée et quel est son génie ? s'interroge Benoît Peeters, qui revient sur l'extrême liberté des auteurs de BD et leur créativité, dès Rodolphe Töpffer.
Comment la planche a-t-elle conquis albums et journaux ? Pourquoi la bulle et le phylactère ne font pas la bande dessinée ? Quels sont les nouveaux horizons de son écriture?
La figuration n'est pas tout entière livrée à la fantaisie expressive de ceux qui font des images. On ne figure que ce que l'on perçoit ou imagine, et l'on n’imagine et ne perçoit que ce que l'habitude nous a enseigné à discerner. Le chemin visuel que nous traçons spontanément dans les plis du monde dépend de notre appartenance à l'une des quatre régions de l'archipel ontologique : animisme, naturalisme, totémisme ou analogisme. Chacune de ces régions correspond à une façon de concevoir l'ossature et le mobilier du monde, d'en percevoir les continuités et les discontinuités, notamment les diverses lignes de partage entre humains et non-humains.
Masque yup’ik d’Alaska, peinture sur écorce aborigène, paysage miniature de la dynastie des Song, tableau d'intérieur hollandais du XVIIe siècle : par ce qu'elle montre ou omet de montrer, une image révèle un schème figuratif particulier, repérable par les moyens formels dont elle use, et par le dispositif grâce auquel elle pourra libérer sa puissance d'agir. Elle nous permet d'accéder, parfois mieux que par des mots, à ce qui distingue les manières contrastées de vivre la condition humaine.
Par un travail de comparaison d'images d'une étourdissante diversité, Philippe Descola pose magistralement les bases théoriques d'une anthropologie de la figuration.
Séminaire Matières de l'architecture au sein du département AAP de l'école nationale supérieure d'architecture Paris-Malaquais.
L'histoire de l'image ne peut être dissociée de l'Histoire de l'Église car à travers les siècles, les artistes y ont principalement célébré le mystère de l'Incarnation.
Le philosophe Olivier Rey analyse cette histoire et s'interroge sur la profusion actuelle d'images qui, au lieu de pointer vers le divin, tendent désormais à faire écran avec les réalités qui nous sont les plus immédiates.
Émission "Dialogue", animée par Sarah Brunel.
Depuis que les hommes ont une bouche pour parler et des oreilles pour entendre, autrement dit depuis qu'ils échangent des messages, ils ont compris qu'il est possible de tirer avantage du flou propre à la plus innocente des informations ; que, l'aloi de vérité qui y est compris n'étant ni fixe ni garanti, il n'y a rien de plus facile que de joindre à l'approximation involontaire la tromperie délibérée.
Cette échange entre Vladimir Volkoff, Jean-Claude Valla et Alain de Benoist, permet de se faire une idée de l'actualité de la désinformation et doit nous permettre d'avoir un nouveau regard sur l'information, quelle que soit sa source, et de se prémunir contre une arme dont les victimes se comptent par millions...
La désinformation, dont n'importe qui peut être un agent à son insu, reste une donnée majeure de notre temps.
Un échange modéré par Grégory Pons.
Pour l'historien de l'art Wolfgang Schöne, l'histoire des images de Dieu en Occident fut marquée par une phase de visibilisation croissante, culminant dans la seconde moitié du XVe siècle, suivie d'une phase de visibilisation décroissante, reconduisant à l'invisible. À travers le mystère de l'Incarnation, Dieu se donnait toujours plus à voir dans la forme humaine ; mais quand la forme humaine devint la véritable référence – comme c'est le cas au plafond de la Sixtine, peint par Michel-Ange au début du XVIe siècle –, celle-ci devint également inapte à figurer Dieu.
Peinte au milieu du XVe siècle, la Pietà d'Avignon, d'Enguerrand Quarton, se situe à peu près au point culminant de la visibilité divine. Appartenant encore à l'ère de l'image, mais précédant de très peu l'ère de l'art, cette œuvre nous donne la possibilité d'apprécier, à partir d'elle, l'ensemble de la trajectoire.
Johnny Halliday enterré en grande pompe par la République et ses bikers, Emmanuel Macron, président de la "Start-up Nation", qui chante la Marseillaise à l'américaine, la main sur le cœur ou bien encore qui apostrophe un jeune homme insolent...
Certaines images témoignent d'un changement d'époque, voire de civilisation, et illustrent le glissement de l'écrit à l'écran, le passage de la graphosphère à la vidéosphère, du peuple au people, du catholicisme au néoprotestantisme.
À partir d'un choix de photographies d'actualité qu'il commente, l'écrivain et philosophe Régis Debray s'attache à penser le temps présent à partir des images marquantes de notre modernité.
Une conférence modérée par Nicolas Truong.
Le grand historien des couleurs et des symboles Michel Pastoureau, dans le cadre de l'exposition Manguin, la volupté de la couleur dédiée à cet artiste précurseur, pilier du mouvement des Fauves et coloriste enthousiasmé par le monde méditerranéen, nous livre une réflexion autour de la signification, de l'usage et des évolutions de la couleur dans l'art pictural, des premiers élans de l'Impressionnisme aux premiers obus de la Grande Guerre.
Passionnant comme à son habitude, il nous explique comment l'invention de la couleur en tube à bouleversé lʹunivers de la peinture, en permettant aux artistes de sortir de lʹatelier pour peindre "sur le motif". La palette du peintre sʹen trouve également modifiée pour sʹouvrir à la lumière, à cette "touche" qui rendra célèbre les impressionnistes et leurs contemporains.