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Au fil des siècles, de nombreux courants de pensée ont façonné notre conception du monde et notre manière d'appréhender l'existence : Qu'est-ce que la vérité ? Comment peut-on vivre heureux ? Dieu existe-t-il ? Quel est le sens de notre vie ?
Bien loin du jargon des spécialistes, le professeur de philosophie Charles Robin nous rend accessible les œuvres des plus grands philosophes afin d'en faciliter la compréhension et, pourquoi pas, de nous faire changer le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde.
Une initiation sérieuse à une discipline souvent difficile d'accès, dans un langage clair et une atmosphère détendue.


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Trivialement, faire une critique, c'est formuler un jugement négatif, expliquer un avis divergent, dire pourquoi l'on n'est pas d’accord. Au sens le plus immédiat, les pensées critiques, ce sont celles qui, d'une manière ou d'une autre, se montrent contestataires de l'ordre existant.
Mais, au-delà de l'étiquette, il n'est pas sûr que l'on dispose aujourd'hui d'un concept commun de ce en quoi la "critique" en question pourrait consister. A y regarder de plus près, il apparaît même que ce vocable recouvre des démarches que presque tout oppose au plan épistémologique. Alors que par exemple, pour certains courants issus de l'Ecole de Francfort, la théorie critique débouche sur la tâche de reconstruire de grands édifices moraux normatifs, Judith Butler insiste au contraire, dans le sillage de Foucault, sur la suspension des catégories du jugement comme condition même du maintien d'une attitude authentiquement critique. La critique semble alors prise dans une alternative quant à sa méthode et à son devenir : soit d'être réduite au statut de moment négatif, nécessaire mais transitoire, précédant la refondation d'une doctrine positive, soit d'être conservée, mais sous la simple forme d'une attitude ou d'une exigence subjective.
Il y a cependant, dans la longue histoire du concept de critique, une autre voie, esquissée par Marx, qui évite ce double écueil : la critique ni comme étape vers la refondation d'une doctrine morale, ni comme forme inquiète de subjectivité, mais comme médiation stratégique entre travail théorique et lutte politique. Pour saisir l'originalité de cette redéfinition, toujours actuelle, de la critique, il faut revenir sur le déplacement que Marx a fait subir à cette notion, en replaçant celle-ci dans son histoire philosophique.


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Docteur en économie, agrégé de sciences économiques et sociales et professeur à l'université Paris-Nanterre, Antoine Vatan a publié en 2022 La Situation de la classe laborieuse en France (Éditions Delga), dans lequel il étudie, statistiques à l'appui, les conditions générales du capitalisme, au stade impérialiste, en France, et ses conséquences sur les conditions de vie des travailleurs mais aussi les potentialités révolutionnaires objectives liées à cette situation.
Ce long entretien forme une sorte d'introduction au Capital de Karl Marx. Objectif : mieux comprendre les principaux concepts et résultats de cet ouvrage majeur, toujours d'actualité pour comprendre le monde et le transformer. En effet : les notions de "taux d’exploitation" ou de "baisse tendancielle du taux de profit", comme bien d'autres, demeurent tout à fait opérantes, à la condition d'être rigoureusement précisées, ce qu'Antoine Vatan s'emploie à faire ici avec clarté.
1. Karl Marx avait raison
- 0'00'55 : Parcours d'Antoine Vatan jusqu'à Marx
- 0'05'27 : La situation des travailleurs en France
- 0'08'12 : La baisse tendancielle du taux de profit
- 0'15'02 : Les prédictions de Marx se sont réalisées
- 0'21'32 : Le marxisme, seule théorie des crises
- 0'32'17 : Contradictions fondamentales du capital
- 0'41'17 : L'actualité du Capital de Marx
2. La méthode Karl Marx
- 0'00'32 : La démarche théorique de Marx
- 0'04'45 : Critique de l'idéologie bourgeoise
- 0'08'01 : Marx : idéologue ou scientifique ?
- 0'15'22 : Le matérialisme dialectique
- 0'21'22 : Le matérialisme historique
- 0'24'48 : Le marxisme : un économicisme ?
- 0'33'02 : Marx a-t-il une vision morale ?
3. Qu'est-ce que le Capital ?
- 0'00'31 : Le Capital = un patrimoine ? (Piketty)
- 0'07'37 : L'analyse de la marchandise
- 0'10'17 : Qu'est-ce que la valeur chez Marx ?
- 0'15'39 : La valeur : une substance ? (Lordon)
- 0'20'03 : Transformation de l'argent en capital
- 0'29'56 : Les indépendants : des prolétaires ?
- 0'35'23 : Dépasser Marx ?
4. Le procès de production capitaliste
- 0'00'20 : Travail non payé et taux d'exploitation
- 0'06'05 : Plus-value absolue et relative
- 0'12'31 : L'armée de réserve du Capital
- 0'19'21 : L'accumulation primitive
- 0'28'28 : La circulation du Capital (livre 2)
- 0'38'39 : Différence profit / profit moyen
- 0'41'54 : Baisse du taux de profit (équations)
- 0'49'57 : Intérêt et rente foncière (livre 3)
5. Keynes et les néoclassiques
- 0'00'22 : Marx VS les classiques (Smith, Ricardo, etc.)
- 0'08'46 : Marx VS le malthusianisme
- 0'14'15 : Marx VS les néo-classiques (Hayek, Friedman, etc.)
- 0'22'45 : Marx VS keynésianisme (Sismondi, Keynes, etc.)
- 0'32'52 : Le protectionnisme est-il progressiste ?
- 0'40'45 : Néolibéralisme ou capitalisme ?


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Fondateur de l'école hétérodoxe de l'économie des conventions, André Orléan nous expose ici les enjeux d'un "tournant expérimental" des sciences économiques.
L'essor de l'économie comportementale, des RCT (Randomized Controlled Trials) et de l'analyse économétrique à partir d'expériences naturelles (histoire économique, développement) montre un désir d'objectivité et de scientificité qui cache des choix théoriques et épistémologiques qui ne sont pourtant pas neutres.
Selon lui, cette tentative de baser le débat scientifique sur des faits et des causalités rigoureusement établies cache un grand décalage de ces méthodes avec celles des sciences expérimentales et peut mener à des dérives.


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Présenté naguère comme un dévot de la social-démocratie, aujourd'hui comme un croisé du libéralisme, demain peut-être comme un précurseur de la soft idéologie, Karl Popper (1902-1994) est avant tout un épistémologue et un philosophe dont la réflexion proprement politique ne saurait certainement pas être corsetée.
En effet, l'auteur de Conjectures et réfutations s'adresse d'abord à des problèmes philosophiques "classiques", que nulle théorie de la connaissance ne saurait ignorer : le statut de la métaphysique, l'induction, la rationalité, le déterminisme.
Émission "Des nuages et des horloges", animée par Mira Barthelemy et Stanko Cerovic.


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L'indifférenciation est la grande tentation contemporaine, qui puise ses racines dans la philosophie antique. Jacques Dewitte met à jour l'enjeu majeur de notre temps et propose, comme remède, l'accueil de l'unicité enclose dans la diversité.
Tout au long de cet entretien, il s'interroge aussi sur la méthode propice à l'exercice de la pensée (la différenciation de l'être exigeant une différenciation de méthode) et plaide pour la distinction à même d'éviter tant la confusion que le réductionnisme mono-méthodologique.
Enfin, il aborde la difficile question de la contingence, cette caractéristique de ce qui pourrait ne pas être. Réfutée par les déterministes, pourtant constatée par les anthropologues (Marcel Mauss en tête), la contingence résiste résolument à une conception utilitaire et fonctionnelle de la création.
A rebours de la pente contemporaine vers l'utilitarisme et l'uniformisation, cette discussion remet à jour cette question fondamentale : comment se fait-il que ceci ou cela soit, alors que cela aurait pu ne pas être ?
Un entretien mené par Fabrice Hadjadj.


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Du village d'Épenoy dans le Doubs jusqu'au Collège de France, en passant par la khâgne du lycée Lakanal à Sceaux, l'ENS, l'université Paris-I Sorbonne ou l'université de Genève, le parcours de Jacques Bouveresse est à la fois très classique et marginal. S'inspirant de la tradition issue de la philosophie analytique et de la littérature autrichienne (Kraus, Musil), Bouveresse a traversé les modes intellectuelles des années 1960, 70 et 80 sans jamais se compromettre avec elles.
L'occasion de revenir sur un parcours singulier et une oeuvre orignal qui n'a jamais cédée aux sirènes de la déconstruction, du postmodernisme et des nouveaux philosophes, et qui a constamment tenté de défendre un rationalisme lucide sur les pouvoirs de la philosophie mais aussi, et peut-être d'abord surtout, sur les illusions qu'elle ne cesse d'entretenir sur elle-même.


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Spécialiste de la Rome antique, longtemps professeur au Collège de France, auteur d'ouvrages majeurs, Paul Veyne est considéré comme l'un des historiens les plus érudits, les plus indépendants et les plus importants du XXe siècle.
En 1985, c'était à Bédoin, dans le Vaucluse, là où il vivait alors, que Paul Veyne et ses invités revenait sur son parcours et ses objets d'études, en évoquant ses enthousiasmes intellectuels et artistiques, ses amitiés, en particulier celle qu'il avait entretenue avec Michel Foucault, "l'une des deux ou trois personnes que j'aurais le plus aimé en ce monde".
L'occasion de revenir sur quelques éléments biographiques de cet immense historien de l'Antiquité qui, pourtant, minimise l'importance des idées en Histoire !