Qui se souvient encore de Jean Cau ? L'homme qui, avant de passer maître dans l'art de brocarder les bonnes âmes de son temps, fut un de leurs plus fidèles apôtres.
Né en 1925, dans une famille de villageois occitans, ce brillant élève devint à vingt ans secrétaire de Jean-Paul Sartre, puis journaliste vedette de L'Express, avant de recevoir le prix Goncourt 1961 pour La Pitié de Dieu.
Après vingt ans de compagnonnage, l'enfant chéri des intellectuels de gauche reprit soudain sa liberté. Depuis sa tribune de Paris Match, et au fil de mémorables pamphlets, Cau l'indocile n'épargna plus rien ni personne : Mai 68, l'égalitarisme, la technocratie, le tout-Amérique, Mitterrand...
Ludovic Marino et Louis Michaud rendent hommage à l'écrivain admiré des Croquis de mémoire, et à l'exceptionnelle leçon d'indépendance que porte sa destinée : il fut un témoin passionnément impliqué dans les débats de son siècle, mais aussi un amoureux fou de l'Espagne, un aficionado viscéralement attaché à ses origines paysannes.
Une vie entière à toréer la littérature.
La commémoration du 80e anniversaire de la "rafle du vel d'hiv" le 17 juillet 2022, a donné lieu à un exemple édifiant d'instrumentalisation politique de l'Histoire.
Devant le flot d'approximations hasardeuses, d'affirmations erronées jusqu'au plus haut niveau de l'État, cet usage de l'Histoire à des fins idéologiques, cet oubli des règles élémentaires de la recherche historique, Jean-Marc Berlière a souhaité redonner sa complexité à une question qu'on ne saurait réduire à une initiative purement vichyste, au point d'effacer les circonstances -la défaite, l'armistice, l'occupation- et le rôle essentiel de l'occupant nazi quasiment absent des discours officiels.
L'Histoire a suffisamment démontré les lourdes responsabilités qui pèsent sur le gouvernement de l'Etat français et ses dirigeants dans les persécutions antisémites sans qu'il soit besoin d'y ajouter celles qui ne sont pas de son fait.
La République Populaire de Chine est fondée par Mao Zedong en 1949. Elle s'efforce de réaliser, à l'horizon 2049, le rêve d'un grand renouveau de la nation chinoise dont Jérôme Ravenet tente l'interprétation.
La doctrine constitutionnelle de Xi Jinping fait rayonner, dans son nouveau récit historique, un marxisme sinisé combinant les influences du libre-échangisme avec un retour des penseurs de la Chine impériale et pré-impériale.
L'occasion d'essayer de cerner le sens des défis, malentendus ou accusations récurrentes de despotisme, dictature ou totalitarisme, auxquelles la doctrine Xi se propose de répondre en vue d'atteindre les objectifs de centenaire qu'elle s'est fixée, gagner la confiance de ses partenaires et réaliser dans un monde multipolaire, le projet universaliste à la chinoise d'une communauté de destin pour l'humanité.
Les déconstructeurs sont à la mode. Dans le cadre du mouvement wokiste, ils sont sortis des sphères purement universitaires. Ils veulent imposer partout leur opinion (doxa), à savoir que rien n'est stable et que rien ne doit l'être : tout doit être tourmenté et éphémère. "Ni ordre, ni beauté" pourrait être le mot d'ordre de la déconstruction.
Le wokisme se veut vigilance contre toutes les discriminations. Il est en fait refus de toutes les singularités, et négation de toutes les identités. C'est pourquoi le wokisme s'accompagne d'une "culture de l'annulation" (cancel culture), consistant à refuser toutes les transmissions culturelles au motif qu'elles sont ou peuvent être hiérarchisantes ou excluantes.
Analyser la déconstruction, c'est porter notre attention sur la matrice d'un mouvement qui veut nous empêcher de poursuivre notre histoire d'Européen.
Suite au meurtre de 3 fillettes à Southport le 29 juillet, la Grande-Bretagne a vu de nombreuses manifestations "Enough is Enough" se transformer en mouvements violents contre les musulmans et les migrants dans au moins 22 villes britanniques.
Alors : criminalité, émeutes raciales ou révolte sociale ? Problème d'immigration ou d'extrême-droite ? Qu'en est-il de la situation outre-Manche et quels parallèles peut-on faire avec la situation française ?
Le nom de Michel Freitag, en dehors de quelques cercles restreints, n'est guère connu. Pourtant, son œuvre, toujours en cours d'édition près de quinze ans après sa disparition (2009), est monumentale, tant par le volume physique des ouvrages que par l'envergure théorique qui s'y déploie.
Le philosophe Baptiste Rappin nous propose ici de découvrir un sociologue discret et marginal, pour ne pas dire méconnu ou ignoré : il est l'un des rares intellectuels francophones à n'avoir pas succombé à la pulvérisation méthodologique des savoirs et, par conséquent, à n'avoir pas renoncé à l'entreprise d'une théorisation générale de la société.
Suite à l'annonce, par le président de la République après le résultat des élections européennes, de la dissolution de l'Assemblée nationale, le monde politique français est en ébullition.
Entre guerre des partis, trahisons, calculs de boutiquers, manipulations, alliances et coups bas, il s'agit de garder la tête froide pour comprendre le sens de la recomposition du paysage politique.
C'est ce que Pierre-Yves Rougeyron se propose de faire, en commentant, semaines après semaines, l'évolution des rapports de forces au sein d'une 5e République moribonde.