Incitant ses disciples à rechercher une "voie moyenne" entre hédonisme et ascétisme, le Bouddha les a-t-il par là même dissuadés de mener une vie érémitique ?
Ce mode de vie solitaire dans un lieu retiré est en effet considéré, en Occident tout au moins, comme l'accomplissement "mystique" du renoncement et de l'ascèse.
En quoi les ermites bouddhistes se distinguent-ils donc des moines, et nons invitent-ils à changer de regard sur cette forme de vie si particulière ?
Le Tibet fascine. De très nombreux rites, idées, traditions ont émergé de cette civilisation des cimes. Les Tibétains ont également subi au cours du XXe siècle de nombreuses persécutions qui ont forgé leur rapport au monde, parfois à travers l'exil et la rencontre de fait avec l’Occident.
Maître de conférences à l'INALCO, Stéphane Arguillère est l'un des meilleurs connaisseurs du Tibet en France ; il y a vécu de très nombreux mois, en maîtrise parfaitement la langue et nous présente cette pensée tibétaine qui ne cesse de nous intriguer.
Upaya : moyens habiles ou déviances ? Jusqu'où un maître peut-il aller ? À partir de quand l'habileté devient-elle perverse, c'est-à-dire un détournement ?
La question est d'autant plus délicate que la société occidentale n'a pas de repères traditionnels. L'habileté est plutôt associée à la mètis, c'est-à-dire à la ruse, une intelligence astucieuse et industrieuse.
C'est la philosophe et essayiste Françoise Bonardel qui, soucieuse de faire dialoguer Orient et Occident, tente de trouver une réponse à ces questions en soulignant les convergences et les divergences de la pensée bouddhique et de la philosophie occidentale.
Alors que certains Occidentaux considèrent le bouddhisme comme une doctrine nihiliste, la "réalisation" de la vacuité (sunyata en sanskrit) à travers les pratiques bouddhiques pourrait bien au contraire permettre d'entrevoir le dépassement du "nihilisme européen" diagnostiqué par Nietzsche à la fin du XIXe siècle, et dont l'ombre continue à s'étendre sur le monde.
Philosophe et essayiste, Françoise Bonardel est soucieuse de faire dialoguer Orient et Occident et s'intéresse en particulier aux relations de la pensée bouddhique et de la philosophie occidentale, et à la dimension psychologique de l'enseignement du Bouddha.
Philosophe et essayiste, Françoise Bonardel analyse depuis de nombreuses années la crise générale de culture en Occident.
Quel est le sens de la vie et de la civilisation européenne aujourd'hui ? Quelles sont les relations de l'individu avec le collectif ?
Des questions fondamentales auxquelles elle apporte ses propres éléments de réponse.
Et si ? Et si l'universalité du christianisme étouffait dans la vision étroite selon laquelle son origine serait limitée à l'Ancien Testament ? Et si postuler que le seul message de Dieu fait homme dans l'Évangile serait de réformer la religion du peuple juif était un contresens ? Et si ne donner comme point de départ de l'action divine pour l'humanité que les quelques siècles qui ont précédé la Nativité était une offense à l'éternité de Dieu ?
Lors de cette rencontre, Henry de Lesquen ose une analyse sans tabou sur cette question fondamentale pour l'humanité tout entière. Il nous invite à découvrir une révision copernicienne de l'histoire des religions en s'appuyant sur les analyses des plus grands savants : notamment Georges Dumézil et Jean Haudry pour la tradition indo-européenne ; Geo Widengren et Jacques Duchesne-Guillemin pour l'héritage de l'Iran dans le christianisme ; Émile Burnouf et André Dupont-Sommer pour celui de l'Inde ; Marcel Simon et Jean Daniélou, dans la lignée des Pères de l'Église comme saint Justin martyr et Clément d'Alexandrie, pour celui de la Grèce.
C'est ainsi que, du monothéisme à la résurrection des morts, les dogmes du zoroastrisme, religion des anciens Perses, se retrouvent dans le christianisme. Or, l'Avesta, le livre saint du zoroastrisme, est antérieur de plusieurs siècles à la rencontre des Juifs et des Perses, qui s'est produite en 539 avant Jésus-Christ, quand l'empereur Cyrus a pris Babylone, où les Juifs avaient été déportés. Il faut donc en conclure que le judaïsme a hérité des dogmes zoroastriens après cette date et qu'il les a transmis au christianisme. Celui-ci a hérité en outre, à travers l'enseignement des esséniens et de saint Jean Baptiste, de la morale de compassion du bouddhisme. Enfin, le christianisme, dans sa genèse et dans son développement, est tout imprégné de la culture grecque et de la philosophie issue de Platon.
Le néo-bouddhisme actuel a-t-il encore quelque chose à voir avec la rigueur de renoncement prêché par le bouddhisme originel ?
Françoise Bonardel, dans une confrontation serrée entre les enseignements bouddhiques et la tradition philosophique occidentale, fait apparaître un paysage plus nuancé et des clivages plus accentués que ne le laisse paraître l'image idyllique d'une rencontre de l'Occident avec une spiritualité censée témoigner d'une rationalité quasi scientifique et d'un athéisme purificateur.
Émission "Le monde de la philosophie", animée par Rémi Soulié.
La philosophie et la spiritualité bouddhique n'est pas la doctrine d'un seul homme -le Bouddha- mais le fruit des réflexions accumulées de très nombreuses générations de penseurs. A partir de l'enseignement originel, il s'est développé librement dans diverses directions.
Cette session de questions/réponses entend répondre aux besoins de clarifications que les approches dogmatiques ne permettent pas d'assouvir en approchant le sujet sous la forme d'un "recueil" de problématiques.
Car pour nous, occidentaux, la perception de cette spiritualité reste engluée dans un vocabulaire chariant deux milliénaires de tradition chrétienne...
sur des sujets liés au bouddhisme.