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Et s'il fallait partir de l'espace domestique, du quotidien et de la maisonnée pour (re)penser toutes les dimensions de la catastrophe écologique ? Plusieurs mouvements féministes des années 1960 ont insisté sur la nécessité de considérer le privé et le personnel comme politique.
Sociologue du genre et du travail, Geneviève Pruvost se propose d'allier deux approches, portant sur les maisonnées et sur les chantiers participatifs, pour nous aider à penser de nouveaux espaces de vie qui contribuent à la subsistance commune et permettent d'agir politiquement sans oublier d'avoir les mains occupées...


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Son nom ne vous dit peut-être rien : Paul Virilio. Pourtant, chaque réflexion que vous avez, chaque discussion que vous partagez, chaque jour que vous vivez, a quelque chose à voir avec lui. Le sentiment que tout va trop vite, qu'on court à la catastrophe, que le monde devient trop global, que l'histoire s'étiole ou que monter un escalier est parfois, souvent, la chose la plus absurde du monde.
Parfois, les mots manquent pour décrire ces impressions sur une époque qui nous échappe. Et le nom de Paul Virilio aussi. Disparu en 2018, le philosophe, architecte, photographe, sociologue, urbaniste, d'abord maître-verrier, a pourtant su les dire et les redire, les formuler et les reformuler.
Une série d'émission menée par Géraldine Mosna-Savoye.


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Philosophe spécialiste de la théorie architecturale à l'âge humaniste et classique, Pierre Caye nous permet de mesurer l'importance de la discipline architecturale non seulement dans la constitution de la théorie de l'art, mais, plus généralement encore, dans l'élaboration d'un paradigme inédit de la technique, distant à la fois du monde des artisans et de celui des ingénieurs, paradigme qui certes annonce par maints traits la technique des Modernes mais en entretenant avec la nature un rapport radicalement distinct de l'approche démiurgique que propose cette dernière.
Présentation d'un recherche qui, à travers la perspective technique ainsi revisitée, permet de questionner différemment les rapports de l'homme au pouvoir et à son horizon métaphysique.


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Philosophe et écrivain, Bruce Bégout est l'auteur de divers ouvrages et essais. Dans Obsolescence des ruines, il poursuit son travail sur les espaces marginaux et périphériques, cherchant à "creuser des chemins de traverse dans l'univers contemporain". Il explique que ces recherches sur l'espace, la ville ou l'architecture sont autant de prétextes pour interroger la modernité, sa continuation problématique et les mutations qui traversent nos sociétés, qu'elles soient anthropologiques, technologiques ou urbanistiques. Et quand il écrit de la fiction, ce qui l'intéresse c'est "de prendre la société contemporaine, d'observer les tendances qui la traversent et de les pousser jusqu'à leur limite ultime pour voir les effets qu'elles produisent sur nous".
Son goût pour les ruines et l'architecture remonte au début des années 90. À l'époque, il se rend à Los Angeles pour occuper un poste d'assistant à UCLA. Il en profite pour visiter la grande métropole californienne et est fasciné par l'impression de fragilité qui s'en dégage, impression d'autant plus renforcée que Los Angeles est situé sur une faille, celle de San Andreas, le long de laquelle pourrait avoir lieu, dans les années à venir, un tremblement de terre dévastateur. Au-delà de sa géographie même, Los Angeles lui semble vulnérable en raison de son architecture. "C'est comme si les bâtiments avaient anticipé eux-mêmes leur disparition possible". Les immeubles sont construits avec des matériaux peu nobles, les techniques de construction sont sommaires… Cela renforce son sentiment d'une fragilité de l'architecture, fragilité qu'il va interroger dans son livre sur Los Angeles mais aussi dans ses ouvrages sur Las Vegas, les motels, les mondes périurbains, ou encore dans son dernier essai sur la disparition annoncée des ruines dans nos mondes contemporains.
Émission "La couleur des idées", animée par Simon Brunfaut.


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Pierre Caye, philosophe, mène ses recherches sur le De architectura de Vitruve et sur la théorie architecturale à l'âge humaniste et classique. Il s'agit de mesurer l'importance de la discipline architecturale non seulement dans la constitution de la théorie de l'art du XVème jusqu'au début du XIXème siècle, mais, plus généralement encore, dans l'élaboration d'un paradigme inédit de la technique, distant à la fois du monde des artisans et de celui des ingénieurs, paradigme qui certes annonce par maints traits (culture du projet, emploi des mathématiques, etc.) la technique des Modernes mais en entretenant avec la nature un rapport radicalement distinct de l'approche démiurgique que propose cette dernière.
Recherche qui, à travers la perspective technique ainsi revisitée, permet de questionner différemment les rapports de l'homme au pouvoir et à son horizon métaphysique.


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Le béton incarne la logique capitaliste. Il est le côté concret de l'abstraction marchande. Comme elle, il annule toutes les différences et est à peu près toujours le même.
Produit de manière industrielle et en quantité astronomique, avec des conséquences écologiques et sanitaires désastreuses, il a étendu son emprise au monde entier en assassinant les architectures traditionnelles et en homogénéisant par sa présence tous les lieux.
Monotonie du matériau, monotonie des constructions que l’on bâtit en série selon quelques modèles de base, à la durée de vie fortement limitée, conformément au règne de l’obsolescence programmée. En transformant définitivement le bâtiment en marchandise, ce matériau contribue à créer un monde où nous ne nous retrouvons plus nous-mêmes.


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Les racines de l'Europe ? Voilà un sujet important et d'actualité. Guy Rachet, avec sa culture, se fondant sur une vaste documentation sérieuse, diversifiée, s'attaque, souvent avec verve et toujours avec courage, à ce débat voire à ce choc des civilisations.
Textes et références à l'appui, il prouve que sur le socle des Celtes, Germains, Slaves, Latins, Hellènes s'est épanouie une civilisation novatrice et libératrice. Il atteste que le Moyen Âge européen n'a jamais été la période obscure et barbare que d'étranges "europhobes" ont professée, qu'il n'y a jamais eu de rupture avec la tradition gréco-romaine, et que, contrairement à l'islam dont le Coran a toujours été aux fondements de l'enseignement, celui des clercs du Moyen Âge était établi avant tout sur la connaissance des auteurs latins dits "profanes".
Guy Rachet met alors en valeur la prodigieuse floraison d'art, de peinture, de sculpture, d'architecture (romane et gothique), de littérature, de philosophie et de science, qui marque cette période. Un ensemble qui fait de l'Europe du Moyen Âge puis de la Renaissance un des joyaux de la civilisation.
Émission du "Libre Journal des historiens", animée par Philippe Conrad.


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Il existe une gémellité entre le droit et l'architecture, en particulier entre le droit romain et l'architecture à l’antique : ces deux disciplines ont même principe et même finalité. Tous deux, savoirs de la différence et des arts de la distance, sont au service non seulement de la civilisation, de l'organisation de la cité, mais plus fondamentalement encore de l'hominisation, de l'institution de l'homme en tant qu'homme.
Citant Vitruve et son récit des origines de la société, il rappelle que le but de l'architecture consiste, non pas à rassembler les hommes mais au contraire à ménager entre eux de l'espace pour en desserrer l'étouffante promiscuité, "à créer de la distance".
Il en va de même pour le droit. Pierre Caye défend l'idée que les différentes distinctions que Kant établit de la propriété (en la justifiant par le maintient des hommes à distance "respectueuse" les uns par rapport aux autres) reprennent les différences fondamentales du droit romain. Fonction architecturale et fonction juridique assurent une certaine distance dans le tissu social.
Pierre Caye voit dans la différence que fait Vitruve entre le projet et le chantier d'une construction, une caractéristique juridique qui rappelle la différence constitutive du droit, entre le fait et le droit.