La crise mondiale du crédit survenue à l'autonme 2008 aurait conforté la théorie marxiste orthodoxe d'une crise tendancielle du capitalisme : ce dernier porterait en germe sa propre faillite.
Les tenants de la "critique de la valeur" ne se satisfont pas de cette théorie, pas plus qu'ils ne se réjouissent véritablement de sa récente et apparent vérification. Car ainsi que l'exposera Anselm Jappe, la question théorique principale doit demeurer celle de l'émancipation sociale.
Or, jusqu'à preuve du contraire, la crise financière mondiale n'a nullement contribué à son progrès.
"La seule chance est celle de sortir du capitalisme industriel et de ses fondements, c'est-à-dire de la marchandise et de son fétichisme, de la valeur, de l'argent, du marché, de l'État, de la concurrence, de la Nation, du patriarcat, du travail et du narcissisme, au lieu de les aménager, de s'en emparer, de les améliorer ou de s'en servir."
Ce premier entretien du Cercle Kritik est mené avec Francis Cousin, qui nous fait le plaisir d'exposer en détails la pensée de Marx et du marxisme.
Au programme : la pertinence du distinguo "jeune Marx" - "vieux Marx", la logique du Capital, la social-démocratie, le structuralisme, Louis Althusser et le Freudo-Marxisme...
Les pendules pseudo/post/para/-marxistes vont être remises à l'heure !
Afin de comprendre les transformations de notre monde, Francis Cousin analyse plusieurs sujet en utilisant sa grille de lecture de "philosophie radicale".
Uberisation des activités économiques, islamophobie ou promotion de l'euthanasie : c'est dans la logique de déploiement du fétichisme de la marchandise que nous devons interpréter ces phénomènes.
La question de la production de valeur en régime capitaliste est l'un des enjeux de base du maintien ou de la conquête du pouvoir.
Les différentes écoles de pensée se réclamant (au moins en partie) de Karl Marx continuent aujourd'hui de s'opposer sur cette question fondamentale. En effet, suivant la manière dont les concepts de valeur d'usage et d'échange ou des côtés concret et abstrait du travail sont compris, le combat politique ne sera pas le même.
Dans une déclinaison qui diffère sensiblement des approches développées par la Wertkritik, le marxisme orthodoxe ou les institutionnalistes, Jean-Marie Harribey et Bernard Friot s'attachent à retravailler ces concepts pour leur rendre leur potentiel d'émancipation.
Le débat est animé par Guillaume Fondu.
Si la crise qui frappe le monde entier est certes une crise bancaire et financière, c'est d'abord la première crise de l'unification planétaire, affirme Hervé Juvin, qui cherche à montrer les logiques, les intérêts et les passions à l'œuvre derrière le désordre des systèmes, des actions et des comportements.
Le système occidental dominait le monde, mais c'en est fini. Il n'a plus le monopole du bien ni des certitudes. Nous vivons le renversement du monde. Cette crise le rend sensible avec acuité, si elle n'en est pas la cause : elle révèle que l'économie ne peut constituer le fondement, hors marché, des sociétés.
Le fétichisme de la marchandise est l'universelle domination sociale du quantitatif qui partout désormais développe l'exclusion spectaculaire du qualitatif dans la luxuriance aliénatoire de la dépossession humaine.
Aujourd'hui, dans ce monde du falsifié triomphant et de l'inversion généralisée, le krach inévitable du système des fictions faramineuses de l'économie spéculative s'annonce de plus en plus proche. Aussi, le gouvernement du spectacle mondial n'a t-il rien d'autre à offrir à la planète pour échapper à la faillite et tenter de sauver un dollar sur-hypothéqué que le chaos de la guerre sans fin par la mise en scène permanente de coups montés terroristes de vaste ampleur, menés de l'intérieur même des services spéciaux de la provocation étatique.
En ce temps où le spectacle mondial de la marchandise est en train de coloniser tous les espaces d'expression afin de les réduire à ne plus être que des champs duplicatifs de ce qui est conforme au despotisme démocratique de l'argent, il convient de dire haut et fort ce que tout le monde tait.
Un peu plus d'un mois après les attentats de Paris et les grandes marches du 11 janvier qui, au nom de la liberté d’expression et de la laïcité, ont déchaîné l’islamophobie et justifié de nouvelles atteintes à nos libertés publiques, il est bon de nous interroger sur les croyances que nous inculque la religion capitaliste et dont la messe nous est dite chaque matin par les prêtres médiatiques sans que nous ne revendiquions sa séparation d'avec l'Etat : la foi capitaliste, son culte et ses rites pour les deux grandes divinités que sont le marché du travail et celui des capitaux.
Un combat à mener d'urgence afin que le peuple recouvre sa pleine souveraineté en rejetant les croyance qui le maintiennent dans la sujétion